Journal du couvre-feu/J 79 ‘’Mes ‘amis’ les chevreuils’’
Marcher… Aller de l’avant… Si, pour beaucoup, l’aventure est synonyme de ‘’bout du monde’’, pour moi, elle commence au seuil de ma porte : chacun ses exploits ! C’est donc sans m’éloigner beaucoup de chez moi et partant généralement à pieds de la maison, que mes pas me mènent souvent vers les mêmes endroits : des lieux où je sais trouver, selon la saison, telle espèce nicheuse, telle fleur plus ou moins rare, tel arbre vénérable où, comme actuellement, de jolis groupes de chevreuils…
Toujours aux aguets, les chevreuils sont attentifs au moindre mouvement et, en cas de danger potentiel, se passent aussitôt l’information par des signaux visuels… Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)
En hiver, les petits cervidés se rassemblent en groupes pouvant atteindre parfois 20 voire 30 individus ce qui fait évidemment dire à certains que l’espèce est parfaitement chassable puisque, à l’évidence, elle n’est nullement menacée et semble même localement en ‘’surnombre’’… C’est peut-être aller un peu vite et ne tenir aucun compte de la biologie de l’animal qui ne risque à aucun moment de provoquer une surpopulation car, comme bien d’autres, l’espèce s’autorégule en fonction notamment de la nourriture et de l’espace disponibles !
Bien sûr, si on prive les animaux de leurs territoires –et c’est ce qui se passe quotidiennement avec notre urbanisation galopante ou d’autres travaux tout aussi dévoreurs de nature…- il peut se produire momentanément une densité de population trop importante par rapport à l’espace vital vacant. Mais, l’équilibre se fera parfaitement sans intervention humaine -contrairement à ce qu’affirment certains !- : les prédateurs, les maladies ou, tout simplement la famine s’occupant de rétablir une relative stabilité en fonction des nouvelles données…
Mais, nous n’en sommes pas là et c’est d’un bon pas que je me dirige vers certaines zones de ‘’gagnage’’ –plaine herbeuses ou les cervidés vont se nourrir- pour y retrouver mes ‘’amis’’ les chevreuils ! Bien sûr, il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une relation telle que décrite par Geoffroy Delorme qui s’en est fait non pas des amis mais une véritable seconde famille puisqu’il avait réussi ce que je considère personnellement comme une vraie prouesse, à savoir se faire accepter par les chevreuils avec lesquels il vivait quasiment en permanence… Rien de tout cela en ce qui me concerne et l’affection que je porte à ces animaux est évidemment à sens unique : je suis même persuadé que mes ‘’amis’’ préfèreraient que les humains, quels qu’ils soient (et moi y compris bien sûr), se gardent à jamais de les approcher ! La peur ancestrale qu’ils éprouvent à notre approche témoigne en effet d’une relation complexe qui ne repose assurément pas sur des liens affectueux mais, bien au contraire, ils nous craignent tels les prédateurs que nous incarnons… J’aimerai bien sûr qu’il en soit autrement mais, d’un autre côté, pourquoi ces animaux me feraient-ils confiance alors que tant d’autres humains ne leur veulent assurément pas vraiment du bien ? La crainte qu’ils ont de moi, si elle n’est pas justifiée, peut toutefois leur être salutaire puisque rien ne ressemble plus à un bipède qu’un autre bipède…
C’est sur ces réflexions que j’arrive sur le petit tertre qui domine la ‘’plaine des chevreuils’’ : j’ai de la chance, j’en distingue quelques-uns qui prélèvent délicatement, çà et là, des herbes tandis que d’autres, couchés, ruminent tout en profitant des rayons bienfaisants du soleil… Le petit groupe semble paisible pourtant, en les observant attentivement, on s’aperçoit que chaque individu surveille un côté en particulier et, surtout, chacun garde en permanence un œil sur ses congénères qui, au moindre danger préviennent l’ensemble du groupe par des signaux visuels tel ce fameux ‘’miroir’’ (poils clairs du fessier) plus ou moins hérissé selon le degré de l’alerte !
Je passe là un bon moment à observer le groupe en essayant de mon mieux de ne pas le déranger davantage : certains m’ont vu mais, comme je me trouve en dehors de la ‘’distance de fuite’’, on se contente de me garder à l’œil, prêt à donner le signal pour que tout le monde prenne la poudre d’escampette !
Ce sera finalement un imposant engin agricole équipé d’une charrue qui rompra la quiétude de la scène : pas de réelle panique pour autant pour les chevreuils qui, habitués semble-t-il, à ces travaux, se contentent d’aller un peu plus loin… Quant à moi, comblé, je m’en retourne !
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