Journal du Couvre-feu/J.43 ‘’Pirate, chat policier’’
Le chat Pirate a été adopté en 2016 par les policiers d’un commissariat de région parisienne. Depuis, ils publient régulièrement des photos de l'animal sur Instagram et la mascotte du commissariat de Seine-et-Marne n’a pas moins de 8 200 abonnés
Pirate, le chat policier, et Laurent, son maître la nuit. Photo : Thibaut Chevillard
Peu gêné, Pirate saute sur le bureau et s'étale devant l’écran. « Ce n’est pas vraiment un chat policier, car il ne fait pas grand-chose de la journée à part dormir », sourit Laurent en le caressant. La nuit, c’est lui qui s’occupe de ce chat borgne, entré dans la vie des agents de ce commissariat de région parisienne à l’été 2016. « On n’a pas décidé de l’adopter, c’est lui qui s’est imposé à nous », poursuit le policier. Depuis, Pirate coule des jours « heureux ». Mais la vie de ce félin, mélange d’angora et d’européen, n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.
Il y a quatre ans, Laëtitia a remarqué ce chat errant qui traînait dans la cour du commissariat. Il était « dans un triste état ». Attendrie, la policière a commencé à nourrir le matou « sale et maigre », qui semblait « malade ». Elle l’a emmené chez un vétérinaire qui a constaté que son œil gauche était mort. Hormis ce problème oculaire, Pirate était en bonne santé. « Il avait juste besoin de soins, de vaccins », se rappelle Laetitia. Les policiers, qui ont décidé de le garder, lui ont collectivement trouvé un nom : Pirate. Au fil du temps, il a commencé à s’inviter à l’intérieur du commissariat dont il est devenu la « mascotte ». « Il fait partie des murs », souligne la jeune femme, qui est un peu sa « maman ». « Ce n’est pas nous qui l’avons adopté, c’est lui qui nous a choisis. »
« Un chat, c’est très relaxant »
Son casier renferme des réserves de croquettes et de pâté pour chats. Le commissariat étant ouvert tous les jours, 24 heures sur 24, Pirate n’est jamais seul dans le bâtiment. Quand Laetitia n’est pas là, Valérie et Béatrice, ses « tatas », prennent le relais et le nourrissent. « Il se balade beaucoup la journée, explique Valérie. Il est très sociable, il va voir les gens à l’accueil et se fait caresser. » « Tout le monde le trouve sympa, observe Laetitia. Il y en a même qui lui ramènent des croquettes. »
« Un chat, c’est très relaxant, c’est un antistress », complète Béatrice. Il paraît même que la présence de Pirate dans les bureaux contribue à calmer les gardés à vue les plus énervés. « Plusieurs avocats nous ont dit qu’il permettait d’apaiser les esprits », raconte Valérie.
Les journées de Pirate ne sont que siestes dans des bannettes ou sur le capot des voitures, balades, papouilles et repas. Les nuits, il les passe avec Laurent. Ce policier a eu l’idée, quelques mois après l’arrivée du chat, de lui créer un compte sur Instagram, « pour s’amuser ». Il lui a acheté plusieurs déguisements qu’il lui enfile lors de séances photos nocturnes. « Il les garde une trentaine ou quarantaines de minutes maximum, il n’aime pas ça du tout ! » « Confidentiel » à ses débuts, le compte Instagram de Pirate connaît aujourd’hui un certain succès avec ses 8.200 followers. « On ne s’attendait pas à ce qu’il en ait autant », confie Béatrice.
Tir de paintball dans l’œil
Sur le réseau social, Laurent prend garde ne pas donner d’indices sur la localisation précise du commissariat, même si sa communauté est plutôt « bienveillante ». « On ne voudrait pas que les gens viennent ici exprès pour voir le chat. » En revanche, certains visiteurs, séduits par le félin au pelage grisonnant, repartent en s’étant abonnés à son compte. « Les gens sont toujours un peu surpris de voir un chat dans un commissariat, de le voir débarquer et sauter sur un bureau, remarque le fonctionnaire. Souvent, par réflexe, ils vont le caresser, surtout les enfants qui l’aiment bien. » Pirate a même déjà été reconnu dans la rue par certains fans qui l’ont pris en photo.
Sa nouvelle notoriété a permis à Laurent de retrouver la maîtresse de Pirate, qui l’a reconnu sur des photos. « Elle était contente qu’il soit en vie et, comme elle habite désormais en Haute-Savoie, elle nous a dit qu’on pouvait le garder. » Un soulagement pour les agents du commissariat, qui craignaient de devoir se séparer de ce chat docile auquel ils se sont tant attachés. Selon son ancienne propriétaire, Pirate a 14 ans. En revanche, personne ne sait exactement comment et pourquoi il a « débarqué » au commissariat. Il a perdu son œil après avoir reçu un tir de paintball en pleine tête, en 2012 ou 2013. « Notre vétérinaire nous a dit qu’il n’était pas nécessaire de le retirer. Mais le jour où il aura mal, il faudra le faire opérer », confie Laurent.
Une association pour récolter des fonds
Fin 2020, Laurent a créé l’association Le Chat policier dont l’objectif est de récolter des fonds pour financer l’achat de nourriture ou « d’éventuels soins vétérinaires ». Il vend aussi des écussons à l’effigie de Pirate, 6 euros sans les frais de port. Le premier modèle a été écoulé à environ 200 exemplaires.
Pirate va probablement finir ses jours ici, entourés de Laurent, Laetitia, Valérie ou Béatrice. Même la commissaire qui dirige la petite centaine de fonctionnaires dans cette commune de Seine-et-Marne semble éperdument gaga de ce matou. Mais le cœur de Pirate n’est plus à prendre. Il paraît qu’il a rencontré récemment l’amour sur un Instagram. Quand il dort sur un bureau, il rêve désormais de « cat_patrouille », une « minette parisienne » qui a, elle aussi, élu domicile dans un commissariat...
Thibaut Chevillard/20 Minutes (18.01.2021)
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