Journal du Couvre-feu/J.32 ‘’Des légumes oui… mais bio’’
Quand deux restaurants nantais rachètent une ferme pour se fournir en légumes bio… L’objectif est d’arriver à produire environ 25 tonnes de légumes par an. De quoi fournir en légumes les 2 restaurants de la coopérative Commun’Île, et livrer des paniers à au moins 200 familles de Nantes et la région en 2021. Projet ambitieux que Nature d’Ici et d’Ailleurs souhaite partager avec vous…
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Photo : La Relève et la Peste
Proposer des menus à un prix décent, qui correspond à la valeur réelle des marchandises et du travail pour les produire : c’est la raison d’être du Bar’île et du SALUT, bars- restaurants ouverts respectivement en février 2019 et à l’été 2020 à Nantes, et en cours de regroupement dans une coopérative baptisée Commun’Île. Mais il manquait un chaînon essentiel à leur offre de restauration, celui de l’approvisionnement. Jusqu’à une annonce internet qui a tout débloqué…
Des maraîchers collègues des restaurateurs
Septembre 2020, Maxime Lefebvre, chef cuisinier et gérant du bar-restaurant le Bar’île, tombe sur une annonce du Bon coin à Corcoué-sur-Logne (44) : le « Jardin s’en soucie », exploitation maraîchère en agriculture bio depuis maintenant 8 ans, située en plein cœur du bocage nantais, qui cherche des repreneurs.
En quelques semaines, tout s’accélère : le Bar’île présente une proposition de rachat alléchante aux exploitants, et une annonce Facebook est publiée pour salarier 2 maraîchers sur place. 24 heures plus tard, l’équipe est constituée avec la candidature de deux jeunes diplômés de la Chambre d’agriculture, Elia Chabrand et Christophe Godineau.
« Nos maraîchers vont être nos collègues avec le même salaire, les mêmes conditions de travail que ceux et celles qui travaillent en restaurant », détaille Maxime Lefebvre.
Une culture bio-intensive pour bénéficier de légumes toute l’année
La production de légumes va démarrer dès janvier 2021 au « Jardin s’en soucie ». De nombreux aménagements sont prévus sur le terrain d’ici à l’année prochaine : acquisition d’une parcelle voisine dédiée aux légumes d’hiver, installation de poulaillers mobiles pour vendre des œufs, installation de nouvelles serres…
« On veut transformer la parcelle vers un modèle beaucoup plus manuel dit bio-intensif, dans la mesure où on va augmenter les rendements en densifiant les cultures », précise Christophe Godineau.
L’objectif est d’arriver à produire environ 25 tonnes de légumes par an. De quoi fournir en légumes les 2 restaurants de la coopérative Commun’Île, et livrer des paniers à au moins 200 familles de Nantes et la région en 2021.
Une coopération inédite entre agriculture et restauration populaire
En tout, un investissement financier et matériel de 40 000 euros est nécessaire sur la ferme. Pour y contribuer, la coopérative Commun’Île a initié une levée de fonds participative sur Zeste, la plateforme de crowdfunding éthique de la Nef.
Active depuis le 3 novembre, elle a déjà permis de réunir plus de 40 % de l’objectif fixé. Suivant le montant investi, les contributeurs.ices auront comme récompense une carotte dédicacée, une poule à leur nom, un atelier cuisine pour transformer les légumes de la ferme… Ce qui ne doit pas faire oublier la vocation sociale du projet.
« Salarier des maraîchers quand on est un restaurant de type brasserie, ça sort de l’ordinaire. Nous pensons même être un cas unique en France », dit Maxime Lefebvre.
Une telle démarche, qui représente un risque financier important, reste plutôt l’apanage de chefs d’établissement gastronomique, où le prix pour le client est bien plus prohibitif. Au sein de la future coopérative, il s’agit d’imposer de nouveaux standards pour la restauration populaire : circuit ultra-court qui diminue les frais liés aux intermédiaires et l’impact environnemental, revenu décent et assuré pour les producteurs, et maitrise des coûts sur toute la chaîne de valeur de la terre à l’assiette.
« Les aléas de production d’une ferme reposent normalement uniquement sur elle, et poussent les fermiers à aller vers le plus rentable, le plus cher. On va pouvoir s’affranchir de cette problématique dans notre système, et aller vers une manière plus juste de produire des légumes », résume Maxime Lefebvre.
Vidéo : Le jardin s’en soucie (8 :58)
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