Journal du Couvre-feu/J.14 ‘Roger’

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Depuis un mois, ‘’Roger’’ le vieux cerf, s’était rapproché des habitants qui le nourrissaient en famille. Ils se sont émus de le voir tuer jeudi soir sans autre forme de procès. Une décision "normale" justifie l’Office Français de la Biodiversité. ‘’Normale’’ dites-vous ? Ce qui le serait selon moi c’est que notre société fasse enfin preuve d’un peu plus d’humanité au lieu d’appliquer ces stupides et cruelles ’’procédures’’ et autres ‘’principes de précaution’’…

Le vieux cerf surnommé Roger vivait à l’entrée de la station. Il a été abattu jeudi sur ‘’décision officielle’’. Photo : DR

C’était un vieux cerf fatigué, amaigri, et peut-être blessé à l’abdomen. Peut-être par un autre animal lors de la saison du brame, période où les mâles s’affrontent…  Depuis environ un mois, il s’était rapproché des habitations des Prés, à l’entrée de la station de Valberg. Il passait d’un jardin à l’autre, pas craintif pour un sou, du côté de la route de Péone. Donc sur la commune de Guillaumes.

Les riverains, à force de lui apporter pommes et carottes en famille, l’avaient appelé Roger et s’étaient attachés au vieil herbivore pacifique. Jeudi en fin de journée, il a été abattu sur arrêté municipal du maire de Guillaumes, Jean-Paul David et de l’Office Français de la Biodiversité. Sur le petit coin d’herbe de la résidence "L’Oustalet" où il avait pris l’habitude de s’installer.

Riverains choqués

Voyant gendarmes, pompiers, élus, réunis une partie de la journée autour de Roger, le voisinage s’était inquiété, sans succès. Des associations animalières ont été saisies mais, privées d’un cadre légal de protection des animaux chassables, n’ont pu intervenir. Pour ses dernières heures, le vieux cerf couché à la limite de la neige était entouré par des rubalises, trop faible pour s’échapper.

Sur les réseaux sociaux, juste avant 19 heures, un riverain avait constaté qu’il n’y a plus rien à faire: "Il est abattu. Il s’était levé mais ils lui ont quand même tiré dessus". Comme plusieurs personnes du voisinage, il estime que l’on aurait pu faire examiner le vieil animal par un vétérinaire. Au pire l’euthanasier, plutôt que de le tirer en pleine tête à la tombée de la nuit, ce qui a profondément choqué les personnes présentes.

Animal "chassable" pas protégé

"Il était blessé et ne pouvait plus se nourrir. Il a été achevé pour abréger ses souffrances. On n’envoie pas de vétérinaire quand il s’agit d’animaux chassables, que l’on peut tuer légalement, et s’il n’y a pas d’enjeu lié à la biodiversité" explique Louis Bernard, directeur de l’Office Français de la Biodiversité des Alpes-Maritimes. "Dans ce cas, le lieutenant de Louveterie est mandaté par les autorités pour abattre l’animal."

Contacté, il ne s’est pas exprimé, au nom de son devoir de réserve.

Selon le service communication du SDIS, les pompiers sur place qui avaient constaté la blessure à l’abdomen, ont téléphoné au groupe de sauvetage animalier, qui a prescrit de suivre la procédure d’abattage. Quant à la gendarmerie, si elle y était, c’était pour assurer la sécurité de la population dans cette opération.

Le maire de Péone, Guy Ammirati, a emporté la dépouille de la bête dans une remorque. Il n’a pas répondu à nos sollicitations, pas plus que le maire de Guillaumes, signataire de l’arrêté municipal d’abattage, mais Charles-Ange Ginésy, élu de Péone, a pu le confirmer.

Quant à la société de chasse de Péone, présidée par Alain Car, elle tient à préciser que, contrairement à une rumeur qui circule, elle n’a pas occasionné de blessure au cerf. Le 12 décembre, à Saint-Étienne-de-Tinée, un autre cerf très familier est aussi mort, mais naturellement.

Nice-Matin (19.12.2020)

 

 

 

 

 

 

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L
c'est infiniment triste de constater que l'humain n'envisage pas d'autre solution que la mort pour les animaux, dangereux, fatigués, affaiblis ......
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C
C'est curieux comme certains élus sont prompts à prendre des décisions calamiteuses : éliminer un cerf qui s'est rapproché des habitations pour y trouver la sécurité, voilà qui me semble non seulement ridicule mais aussi dénué de la moindre empathie... Alors que la société condamne majoritairement la violence, faire parler les armes reste l'argument majeur de ces faibles ! Les administrés devraient s'en souvenir...
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Z
Je n'ai pas de mots , juste des larmes !
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B
Comme c'est triste !
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C
Obt-ils pensé au traumatisme des personnes qui s'y étaient attaché? Pauvre bête... encore une fois.
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J
Vieillir est bien triste pour les animaux comme pour les hommes. Que ceux-ci ne l'oublent pas.
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D
triste en tous cas
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N
Comme c'est triste, cet animal avait une histoire qui lui est propre et méritait, comme chacun, dignité et respect. Mais non... l'être humain a une fois de plus imposer sa loi inhumaine, malgré les gestes d'empathie et de bienveillance de certains. Repose en paix Roi de la Forêt.
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