"Territoires engagés pour la nature", ces trois villes du Loiret ont des idées originales pour favoriser la biodiversité
Trois villes du Loiret s’engagent à mettre en œuvre un plan d’actions sur 3 ans pour favoriser la biodiversité. Ingré, Saint-Jean-de-Braye, et Olivet, sont les seules communes du département, pour l'instant, à s'être inscrites dans le dispositif national Territoires engagés pour la nature. Elles ont l'ambition de faire revenir et de favoriser la faune et la flore en ville.
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En janvier dernier, un chantier participatif, associant des habitants et l’association Plantons local, s’est déroulé dans la zone de l’Azin à Ingré, afin de reconfigurer les lieux et procéder à des plantations. Photo : Luc Vancrayelynghe
Qu’ont en commun Ingré, Olivet et Saint-Jean-de-Braye ? Ce sont les trois seules villes du Loiret à participer au dispositif « Territoires engagés pour la nature ». Concrètement, elles s’engagent à mener sur trois ans des actions favorisant la biodiversité sur leur territoire tout en associant les habitants, les associations, les agriculteurs, et tous les acteurs... Ce dispositif national est animé par l’agence régionale de biodiversité (ARB) (lire ci-dessous).
Des idées atypiques à Ingré
La municipalité d’Ingré a vu son dossier validé par le jury lors du premier appel à candidatures en 2019.
« Nous sommes dans le prolongement d’un engagement pour la biodiversité qui date d’il y a plusieurs années. Nous avons mis en place beaucoup d’actions. “Territoires engagés pour la nature” était l’occasion de franchir un cap supplémentaire. Nous avons voulu participer dans un esprit de mutualisation, car nous avons des idées innovantes qui peuvent intéresser d’autres collectivités ». Arnaud Jean (adjoint au maire d’Ingré)
Parmi le programme d’actions que la ville s’engage à réaliser d’ici trois ans, il y a la renaturation de la zone de l’Azin : « C’est une zone particulièrement dégradée, avec de nombreux dépôts sauvages de déchets, une ancienne station d’épuration avec trois bassins de décantation qui ont été reprofilés. Nous voulons créer un hibernaculum, une fosse remplie de branchages, qui permet aux insectes, aux reptiles de se réfugier et empêchera l’accès aux véhicules. Seuls les piétons peuvent passer. La création est prévue avec les apprentis de la maison familiale rurale de Chaingy », précise l’élu appuyant sur l’originalité de l’idée.
Un travail devrait aussi être engagé sur la création de bassins de phytoépuration, sur la zone, « car elle recueille des eaux pluviales chargées en hydrocarbures ».
Enfin, il sera question d’agir pour faire revenir les insectes, animaux et plantes dans les champs de luzerne « stériles, car régulièrement fauchés » situés sur le territoire ingréen, qui chaque année absorbent « les quantités d’eau importantes mais non polluées », rejetées par la conserverie de légumes Maingourd.
A Saint-Jean-de-Braye, une pénalité en cas de dommage à un arbre
Saint-Jean-de-Braye voit ce dispositif comme une étape dans sa démarche de ville en transition.
« Cela va nous permettre d’aller plus vite, d’intensifier la communication autour de la biodiversité, pour faire prendre conscience aux gens des richesses naturelles qu’on a, même en ville. Nous avons eu la reconnaissance en 2019, avant les élections municipales. Dans le programme, on a voulu que la transition et la biodiversité soient le fil rouge », justifie Franck Fradin, adjoint au maire de Saint-Jean-de-Braye.
Dans le programme d’actions de cette ville de l’est de l’agglo figure la mise en place d’un barème de valorisation des arbres remarquables ou protégés. « On peut faire payer en euros ou en échange de plantations, la personne ou l’entreprise qui a causé des dommages à cet arbre ». La ville envisage l’extension du parc des Longues-Allées pour une zone dédiée à la biodiversité, à l’écopâturage, à la création d’un parcours des mares…
Olivet et son projet de forêts urbaines
Olivet a été notifié de l’acceptation de son dossier en septembre dernier. « Nous menons déjà depuis longtemps des actions. Cette reconnaissance va nous permettre de bénéficier d’une expertise pour nous aider à monter les dossiers financiers et un accompagnement technique », souligne Sandrine Lerouge, adjointe au maire d’Olivet.
Le projet phare est la création de forêts urbaines, pour augmenter la biodiversité, améliorer la qualité de l’air, diminuer l’effet îlot de chaleur. « Nous avons lancé la réflexion lors du précédent mandat, autour des espèces adaptées au réchauffement et nous identifions les lieux », ajoute-t-elle. La ville entend aussi créer une régie agricole pour garantir aux écoliers et personnes âgées une alimentation locale. Mais aussi renaturer les berges du Loiret en les réaménageant en pentes douces avec des plantes…
Le rôle de l'agence régionale de biodiversité
L’agence régionale de la biodiversité (ARB), située à Orléans, accompagne les communes qui s’engagent dans ce dispositif. « Territoires engagés pour la nature est un dispositif national qui découle du Plan biodiversité de 2018. L’ambition est de faire émerger des collectivités volontaires qui mettent en place des actions concrètes à réaliser sur trois ans, en impliquant les acteurs de son territoire, notamment les habitants. Cela peut être de la restauration de milieux naturels, la gestion de l’eau pluviale, la plantation de haies, la gestion de l’éclairage urbain, la végétalisation de cimetière... Un appel à candidatures est lancé auprès des communes. Nous en avons fait deux en 2019 et deux en 2020 (ndlr : les communes qui le souhaitent peuvent candidater jusqu’à la fin décembre sur le site de l’agence régionale de biodiversite Centre Val de Loire). Ensuite, ce sera un par an », précise Benjamin Virely, chargé de mission à l’ARB.
L’ARB accompagne les collectivités candidates pour élaborer un plan d’actions coordonné, « en arrêtant de faire du coup par coup ». Et si elles sont retenues par le jury, pour le mettre en œuvre avec un appui technique, une mise en réseau auprès d’autres intervenants, l’aide à la recherche de financements auprès de différents acteurs « car il n’y a pas de financement spécifique sur cette action ». L’idée est d’aider les plus petites collectivités, « où ce sont les élus qui gèrent sans service technique », à prioriser leurs actions et structurer leur démarche. Le dispositif prévoit un partage d’expériences entre les communes engagées, qui y trouvent aussi un intérêt dans le faire valoir de leurs engagements auprès des habitants...
« Dans un contexte de réchauffement climatique, il est intéressant d’adapter son territoire, la nature est source de solution. On peut citer les plantations qui permettent de lutter contre les îlots de chaleur, et qui bénéficient aux habitants et à a biodiversité », justifie Catherine Bertrand, directrice de l’ARB. Un bilan sera réalisé au bout des trois ans. « On veillera à comprendre pourquoi certaines actions n’ont pas été réalisées. Il n’y a pas de système punitif, on sait qu’on part de loin sur ce sujet, alors il faut donner envie aux communes de changer, d’agir pour la biodiversité », ajoute la directrice.
Cindy Roudier-Valaud/La République du Centre (15/11/2020)
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