Street art, les incroyables animaux poubelles de Bordalo II
L’artiste portugais dénonce la pollution en transformant les ordures en œuvres d'art. Le résultat est aussi original que spectaculaire.
Un renard entièrement constitué de déchets, la signature unique de Bordalo II. Photo : BordaloII (Cliquez pour agrandir)
Casque de moto usé, tuyaux en plastique, vieux pneu ou chaise cassée… avec Artur Bordalo, le street art sort les poubelles. L’artiste portugais, connu sous le nom de Bordalo II — par respect pour son grand-père, peintre avant lui, il a rajouté ce « segundo » à son nom —, recycle en effet les ordures qui encombrent la ville pour les assembler en de grandes sculptures colorées accrochées aux murs.
Surnommés trash animals, ses beaux animaux Frankenstein sont aussi spectaculaires que militants : « ils dénoncent ce qui les tue : la pollution, les déchets en plastique. Au-delà de l’esthétique, je souhaite vraiment attirer l’attention du public sur les problèmes écologiques. La rue est un bon endroit pour le faire, même si ça m’oblige à avoir un message très direct et rapide. C’est pour cela que mes œuvres poussent les gens à se rapprocher. En voyant la matière, ils peuvent alors dans un deuxième temps en comprendre le sens ».
A Paris, Bordalo II a réalisé mi-novembre un imposant castor de près de 8 mètres de haut, à la sortie du métro Bibliothèque François Mitterrand (13e). « Je choisis toujours un animal qui a une relation forte avec l’endroit où je vais l'accrocher », explique le peintre-bricoleur.
Gautier Jourdain, de la galerie Mathgoth, qui a financé le projet avec l’aide du mécène Emerige (propriétaire du mur sur lequel se trouve le rongeur géant) se lance dans un cours d'histoire express en bas de la nacelle : « Autrefois, une rivière nommée la Bièvre, prenait sa source à Guyancourt, et passait entre le 5e et le 13e arrondissement, pour finir par se jeter dans la Seine. Mais elle était tellement sale, à cause des usines et des teintureries aux alentours, qu’au début du XXe siècle, on l’a totalement recouverte et détournée. Elle se jette maintenant dans les égoûts. Bordalo voulait raconter l’histoire de cette rivière perdue. Il a découvert que l'une des origines possibles du nom, c’est qu'en gaulois, “bièvre” signifiait “castor”, une terminologie qu’on retrouve dans son nom anglais : beaver. L'animal à représenter était donc tout trouvé ».
Lapin recyclé, à Vila Nova de Gaia, Portugal (juin 2017). Photo : Bordalo II (Cliquez pour agrandir)
Ses actions commandos – 2 jours en moyenne, héritées de sa passion toujours ardente pour le graffiti, ont démarré en 2013, et sont maintenant planifiées en toute légalité. L’agenda du Portugais est archi-plein, avec des interventions prévues dans le monde entier. Rien que cette année, il a peint et vissé plus de trente créatures...
Vidéo : Il transforme nos déchets en œuvre d’art (1 :30)
Si vous avez apprécié cette publication,
partagez-là avec vos amis et connaissances !
Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,
Abonnez-vous !
C’est simple et, naturellement, gratuit !