Dans la Syrie en guerre, on élève toujours des lévriers

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Malgré la guerre et les restrictions dues au nouveau coronavirus, des élevages de lévriers ont toujours cours en Syrie. Les chiens sont souvent exportés vers les pays du Golfe, où les courses de lévriers dans le désert sont une tradition populaire.

Mohammed Derbas éleveur de lévriers est assis à côté d'un de ses chiens, dans le village de Derbassiyé (nord-est de la Syrie). Photo : Delil Souleiman/AFP

Mohammed Derbas éleveur de lévriers est assis à côté d'un de ses chiens, dans le village de Derbassiyé (nord-est de la Syrie). Photo : Delil Souleiman/AFP

A moto, Mohamed Derbass file à toute allure poursuivi par une dizaine de lévriers. Dans le Nord-Est syrien, il pratique l'élevage de cette race prisée pour la course et la chasse, malgré la guerre et les restrictions dues au nouveau coronavirus.

L'activité, jadis lucrative, est encore répandue dans la petite bourgade de Derbassiyé, située dans les territoires kurdes juste à la frontière avec la Turquie. Les chiens sont surtout exportés vers les pays du Golfe, notamment les Emirats arabes unis, où les courses de lévriers dans le désert sont une tradition populaire. Mais avec la guerre qui a éclaté en 2011 en Syrie, puis les fermetures d'aéroports et les restrictions de voyage imposées en raison de la pandémie de Covid-19, les exportations se sont effondrées.

Photos : Delil Souleiman/AFP (Cliquez pour agrandir)Photos : Delil Souleiman/AFP (Cliquez pour agrandir)

Photos : Delil Souleiman/AFP (Cliquez pour agrandir)

"Avant le conflit, les gens du Golfe nous rendaient visite ici, à la recherche des meilleurs pedigree, et pour pratiquer la chasse", se souvient M. Derbass, engagé depuis 15 ans dans l'élevage de lévriers. Quand il entre dans l'enclos grillagé, les chiens efflanqués au poil ras, museau allongé et à la queue frétillante s'attroupent autour de lui. Pour les entraîner à la vitesse, il enfourche sa moto et se lance à toute allure poursuivi par une meute au galop, dans un nuage de poussière blanche.

Photo : Delil Souleiman/AFP

Photo : Delil Souleiman/AFP

Utilisés depuis des millénaires pour la chasse au Moyen-Orient, les oreilles de ces chiens -communément appelés Saloukis dans la région- sont parfois partiellement coupées, comme le veut une pratique très répandue. M. Derbass possède aujourd'hui une centaine de bêtes qui, assure-t-il, sont particulièrement populaires au Qatar et aux Emirats.

Un lévrier vendu entre 400 et 1.600 dollars

C'est grâce aux réseaux sociaux qu'il peut communiquer avec ses clients. Sur Instagram, le jeune homme de 27 ans poste les photos de ses meilleures bêtes, exhibant fièrement le butin des chasses aux lapins, ou encore des vidéos des chiens en train de sprinter. En fonction de ses qualités, un lévrier peut être vendu entre 400 et 1.600 dollars au taux de change du marché noir, souligne l'éleveur au teint mat.

Avant le conflit, M. Derbass exportait annuellement entre 100 et 150 bêtes. Depuis la guerre, ce chiffre a chuté aux alentours de 20 chiens. Partant du petit aéroport de Qamichli (nord-est), les bêtes transitaient par Damas pour rejoindre les pays du Golfe.

"A cause de la crise du nouveau coronavirus, les aéroports ont été fermés et notre activité s'est arrêtée", regrette M. Derbass. Il espère toutefois une timide reprise, avec le retour fin octobre des vols entre la Syrie et le Qatar, après une suspension liée à la pandémie de Covid-19. Le quadragénaire Jihad Mohamed, élève lui aussi des lévriers, "un passe-temps" qui lui permet de pratiquer la chasse au lapin, mais aussi "un commerce". "Je suis heureux quand je sors chasser", affirme-t-il.

Géo (03.11.2020)

 

 

 

 

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

 

 

 

 

Publié dans Animaux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Je ne savais pas... Article intéressant
Répondre
Z
Oui en effet , l'article est discret sur le sort de ceux qui ne sont pas "ses meilleures bêtes"
Répondre
F
Les scandales en tout genre abondent dans les pays qui ne sont pas en guerre. Peut-être y en a-t-il encore plus dans les pays qui le sont ?
Répondre
A
ce qui est grave c'est comme pour tout élevage dans un but donné : c'est le devenir de ceux qui ne courent pas assez vite...
Répondre
J
Difficile de les juger. Que ferions-nous à leur place ?
Répondre
J
C'est très juste.
J
Quand je disais l'autre jour qu'il y aurait des exploiteurs et des exploités... En voici un exemple criant ! Même la guerre n'empêche pas ces "éleveurs" de poursuivre leur petit business puisque la demande, émanant notamment des Emirats, continue...
Répondre