Aurélie et Samuel, éleveurs laitiers (1)

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Charlotte Perry présente Aurélie et Samuel qui sont éleveurs laitiers dans le Perche. En 2012, le couple a repris la ferme familiale à la suite des parents et des grands-parents d'Aurélie. Mais contrairement aux générations précédentes, ils ont fait le choix de ne plus vendre leur lait à Lactalis et de sortir complètement du système industriel…

Aurélie Suzanne et Samuel Sarciaux sont éleveurs laitiers à Belforêt-en-Perche. Depuis le 1er octobre 2018, ils ont quitté Lactalis et le système industriel pour distribuer leur propre marque de lait "Pur Perche". Photo : Charlotte Perry/Radio France

Sortir du système industriel

Il faut longer les prairies sur un petit chemin cabossé, en lisière de la forêt de Bellême, pour arriver au ‘’GAEC des Trois Trèfles’’ à Belforêt-en-Perche, au cœur du Parc Naturel du Perche. Située dans un ancien prieuré, où les moines vivaient autrefois des 50 hectares de terres qui l'entourent, la petite exploitation familiale d'Aurélie Suzanne et Samuel Sarciaux fait figure d'exception dans le monde agricole.

Depuis le 1er octobre 2018, plus une goutte du lait de leur 80 vaches n'est collecté par le géant de l'agroalimentaire Lactalis, ni par aucun autre industriel. Aurélie et Samuel ont décidé de sortir des griffes d'un système dans lequel les producteurs ne maîtrisent plus rien -ni les prix, ni la destination, ni le produit final- et qui ne leur permettait plus de vivre. Avec trois autres éleveurs laitiers du Perche, ils ont créé "Pur Perche" et commercialisent eux-mêmes leur lait, le "Lait du Perche".

« Pour sortir d'un système comme cela, il faut être prêt à tout. Moi je partais du principe qu'il y a des personnes qui ont fait deux guerres, il y a des personnes qui sont mortes, pour que l'on ait la liberté aujourd'hui. Par mémoire pour eux, on doit se bouger, peu importe les conséquences. Je me sentais prisonnier du système, j'avais l'impression d'être esclave. Donc à partir de ce moment-là, j'étais prêt à tout pour en sortir. » Samuel Sarciaux

Pour préserver les paysages, Samuel a remis des prairies là où autrefois il y avait des céréales. Les vaches pâturent au moins 6 mois, sont nourries majoritairement avec de l'herbe et avec une alimentation sans OGM ni soja. Photo : Charlotte Perry/Radio France

« Aujourd'hui, financièrement, il y a encore du chemin à faire, mais on ne mange plus d'argent, c'est le principal. Après, on est libre de faire ce que l'on veut de notre lait, de produire ce que l'on a envie. Je ne me sens plus esclave d'un système que je ne maîtrise pas. » Samuel Sarciaux

Le champ Chollet, où pâturent les vaches d'Aurélie et Samuel. Un paysage que l'on retrouve sur les briques de lait "Pur Perche". Photo : Charlotte Perry/Radio France

 

Charlotte Perry*

*Charlotte Perry présente ‘’Des vies françaises’’ chaque samedi à 6h11 sur France Inter

 

Ecoutez Aurélie et Samuel raconter leur histoire dans le premier épisode de cette rencontre.

Pour aller plus loin:

 

 

 

 

 

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B
Bravo à Aurélie et Samuel !
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C
C'est superbe ça ! Comme mentionné dans les commentaires précédents, ça prend du courage! Bravo à eux! Bises et belle journée à vous deux.
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M
Bravo à ces agriculteurs courageux. C'est aussi la preuve qu'avec du courage et de la volonté on peu sortir du système industriel d'autant que la demande de ce type de produits existe.<br /> Quand à ceux qui racontent que les fermes usines sont indispensables il ne font que répéter bêtement les slogans de la fnsea et consorts au service des lobbies.
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A
Merci ! Merci ! Merci Jean-Louis de montrer qu’il est possible de ne pas céder du système. J’ai passé une très mauvaise nuit pour avoir voulu dire la bonne nouvelle de la fermeture de la ferme aux mille vaches. Je me suis fait traiter de bobo friquée capable de payer le litre de lait 1,50€. On m’a expliqué qu’il n’était pas possible de nourrir les 65 millions de français sans ces fermes et que si elle fermait il faudrait acheter le lait à l’étranger là où il y a ce type de fermes. J’ai bien dit que ce lait coûtait moins cher que les bières ou les repas au fast-food mais il est parfois inutile de poursuivre la discussion. J’ai donc répondu qu’ils avaient peut être raison mais de toute façon moi je ne serai plus là pour le voir (et le subir). Donc voir qu’il y en a de plus en plus qui relèvent la tête pour sortir de ce système me remonte le moral. MERCI !
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J
Je pense, chère Anne, qu'il ne faut pas tenir compte de certains avis : tant pis pour ce que peuvent penser certains de nos démarches, de notre manière de consommer... après tout, cela ne regarde que nous et il s'agit de notre argent que nous dépensons comme bon nous semble ! Personnellement, je préfère soutenir l'agriculture bio et locale, en l'occurrence mon maraîcher -même si les produits sont plus onéreux qu'au supermarché -où je ne vais que rarement- : c'est bien plus qu'un système de production plus respectueux de la terre et du consommateur que je soutiens par ma démarche, c'est aussi faire preuve de cohérence vis à vis de la planète !
J
C'est courageux dans un système où pas une tête ne doit dépasser. Ce ne doit pas être facile. Espérons que les consommateurs et commerçants les suivront .
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E
Un grand Bravo à eux et bon courage car j'imagine aisément que cela ne doit pas être facile tous les jours...<br /> Il faudrait que le pays se reprenne en main sur beaucoup de choses pour sortir de cette crise que le gouvernement ne .maitrise plus!<br /> Bonne journée
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J
C’est certainement un exemple à suivre, valoriser leur produit pour ne plus être inféodés aux cours mondiaux du lait dans une gouvernance européenne et avec la fiscalité française !
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