L'Arctique entre dans un nouvel état climatique

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Autour du pôle Nord, les effets du réchauffement climatique se font durement ressentir. De l'eau de mer et de la pluie plutôt que de la glace et de la neige. C'est le glissement que connaît actuellement la région. À tel point que les chercheurs parlent de revoir la définition de ce que nous appelons un climat arctique…

Chaque année, de nouveaux records de température sont établis dans la région. En juin dernier, le mercure est même monté à 38 °C en Sibérie. Et toutes les mesures le confirment : l'Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste du monde. De quoi faire de la région, l'épicentre du réchauffement climatique.

L'amplification arctique à l'œuvre

Hier encore, une mauvaise nouvelle nous est arrivée du Groenland. Un iceberg de la taille de Paris, soit 113 kilomètres carrés, s'est détaché du glacier 79N. «Ces dernières années, nous avons enregistré des températures incroyablement élevées dans le nord-est du Groenland», note Jenny Turton, chercheur, dans un communiqué de l'institut géologique du Danemark. Et aujourd'hui, «nous devrions être très préoccupés par ce qui ressemble à une désintégration progressive de la plus grande plateforme de glace restante de l'Arctique», souligne Jason Box, glaciologue.

Le saviez-vous ?

Pour expliquer le réchauffement plus rapide de l’Arctique, les chercheurs invoquent le phénomène d’amplification arctique. Il se produit parce que la glace de mer de couleur claire, qui réfléchit la chaleur dans l’espace, est remplacée par de l’eau de mer plus sombre, qui emprisonne la chaleur. De plus, les eaux océaniques relativement chaudes ne sont plus protégées en hiver aussi efficacement par les propriétés isolantes de la glace de mer épaisse…

Dans le même temps, des chercheurs du Centre national de recherche atmosphérique (NCAR-États-Unis) nous apprennent que l'Arctique s'est maintenant réchauffé de manière tellement significative que les variations annuelles de ses conditions météorologiques dépassent les limites des fluctuations passées. La région a commencé à basculer dans un état climatique totalement différent de celui dans lequel elle se trouvait jusqu'alors.

Glace de mer, températures et précipitations redéfinissent le climat de l’Arctique

Se basant sur des centaines d'observations et de simulations -pour distinguer la variabilité naturelle d'une possible transition vers un nouvel état climatique-, les chercheurs ont d'abord défini statistiquement les limites de ce que l'on peut donc désormais appeler «l'ancien Arctique». Puis, ils ont établi à quel moment le réchauffement climatique anthropique poussera la région au-delà de ces limites. D'une manière suffisamment significative pour parler de nouvel état climatique.

Considérant la variable glace de mer, les chercheurs estiment que l'Arctique a basculé dans un climat différent de celui qu'il était auparavant dès la fin du XXe ou le début du XXIe siècle. Dans un scénario d'émissions de gaz à effet de serre élevées, la région pourrait apparaître libre de glace pendant 3 à 10 mois par an d'ici la fin de notre siècle.

« Changer notre définition du climat arctique »

Les températures de l'air, quant à elles, ne devraient entrer dans le cadre de ce nouveau climat que dans la première moitié ou au milieu du XXIe siècle. Et les précipitations devraient basculer vers une augmentation de la durée de la saison des pluies de 20 à 60 jours au milieu du XXIe siècle à 60 à 90 jours à la fin. Certaines régions de l'Arctique pourront alors être arrosées par les pluies -et non plus par la neige- tout au long de l'année

«L'Arctique est susceptible de connaître des extrêmes de glace de mer, de température et de précipitations qui sont loin de tout ce que nous avons connu auparavant, assure Laura Landrum, auteure principale de l'étude, dans un communiqué du NCAR. Nous devons changer notre définition de ce qu'est le climat arctique.»

Nathalie Mayer/Futura Sciences (19.09.2020)

 

 

 

 

 

 

 

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D
Oui très inquiétant et je crains irréversible; peut-être encore possbile de freiner si les dirigeants du monde entier veulent enfin ouvrir les yeux !?
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C
c'est inquiétant quand même
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B
Dramatique et peu réjouissant. Même très inquiétant...
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S
Ce n'est pas réjouissant, tout ça...
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J
Il nous était indiqué un réchauffement de 1,5 ou 2 degrés d’ici à 2050 et nous voyons bien que ce n’est pas le cas, le réchauffement est beaucoup plus rapide et intense que ce qui était prévu ou ,peut être, que ce qui nous a été raconté. Été de tous les records, sécheresse partout sur la planète, tout cela nous mène vers des jours catastrophiques à très court terme…et pendant ce temps là, nous accélérons le processus !<br /> Cherchez l’erreur, cherchez la bétise, le manque de lucidité, l’incapacité à décider, l’incompétence humaine, la stupidité de celui qui se croit tout puissant, la perversion de cette manière de se voiler la face et celle des autres…
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Z
Et nous allons le payer cher . La fonte du permafrost est une menace sanitaire.<br /> https://www.lavoixdunord.fr/761928/article/2020-06-05/la-fonte-du-permafrost-boite-de-pandore-climatique-et-sanitaire
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D
Tout cela est inquiétant et les humains en seront forcément impactés, je crois qu'ils s'adapteront mais ce ne sera pas sans dommages !<br /> Vue la tournure des choses la marche arrière semble désormais impossible<br /> j'espère que tu vas bien dans ton havre naturel
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