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Comment cohabiter « en bonne intelligence » avec une fouine un peu envahissante ? Frédérique et Pierre Rich, à Wildersbach, dans la vallée de La Bruche (Alsace), s’interrogent, en compagnie du naturaliste François Steimer.
Une fouine passe régulièrement sur le toit du cabanon, où elle a laissé quelques traces, constatent François Steimer (à gauche) et Pierre Rich. Photo L’Alsace /Jean-Marc LOOS (Cliquer pour agrandir)
Un amas de noyaux de cerises est bien visible, en plus des déjections en torsade, sur le toit de l’appentis jouxtant l’ancienne maison de vacances familiale de Frédérique et Pierre Rich. « C’est typique de la fouine : elle ne les digère pas, alors elle les laisse là. Elle s’adapte aux aliments qu’elle trouve », observe avec bonne humeur le naturaliste François Steimer.
Voilà presque un an et demi que le couple a la certitude que ce petit carnivore s’est installé sur leur terrain en lisière de forêt, à Wildersbach, dans la vallée de la Bruche. « Cette maison près de la nôtre est inoccupée l’hiver, détaille Pierre Rich. Nous avons trouvé quelques traces d’excrément, surtout il y a une odeur âcre d’urine. » Les traces de passage sont nettes sur la gouttière que la fouine a utilisée pour grimper, puis sous le toit, où elle a arraché le pare-pluie. « Tout porte à croire qu’elle s’est installée dans la soupente. »
« Elle doit serpenter sous les tuiles, c’est un animal furtif. » De fait, le couple ne l’a « jamais vue, mais entendue ». « Elle a des gloussements un peu nerveux, elle a un registre incroyable ! », décrit le naturaliste. « Et fin juin-début juillet, c’est le moment du rut et de l’accouplement : elle pousse des cris aigus, elle court, une vraie sarabande nocturne ! » Sarabande qui peut être suivie, au printemps, par les jeux des petits si c’est le gîte d’une femelle…
« La piéger, ce serait beaucoup de souffrances pour rien »
Pierre, photographe amateur, et Frédérique, illustratrice, notamment de livres sur les bêtes mal-aimées (!) vivent dans un bel environnement dont ils respectent la faune et la flore dans toute leur diversité. « Le terrain a toujours été traversé par des animaux, des loirs, des chauves-souris, un sanglier pas loin », détaille Frédérique. « Mais là, nous avons mis du grillage que la fouine a soigneusement déchiré et c’est la troisième fois que nous recommençons des travaux d’isolation… Nous devons réfléchir autrement. » Conseillé par un voisin, Pierre a d’abord envisagé de piéger l’animal pour le relâcher à quelques kilomètres. Renseignement pris, notamment auprès du GEPMA, puis de la médiatrice faune sauvage Camille Fahrner, à la LPO (lire ci-dessous), il y a vite renoncé.
« C’est illégal », confirme François Steimer. « Déjà il faut réussir à l’attraper, ensuite elle reviendra au bout de quelques mois, ou une autre s’installera. Ce serait beaucoup de souffrances pour rien. Pour régler le problème, il faut rendre l’endroit inaccessible, en s’assurant qu’elle n’est pas à l’intérieur, donc plutôt pendant la nuit quand elle est sortie. Il y a du boulot ! C’est une vraie boule de nerfs, elle a une force terrible et se tortille pour passer dans des trous de 5 à 7 cm. » La fouine peut être mise en fuite par certaines odeurs, ou un bruit persistant. Et de fait, l’animal, sans doute dérangé par ce récent « remue-ménage », semble avoir disparu depuis une dizaine de jours.
« Dépasser les préjugés pour se rapprocher de la nature »
De fait, le petit carnivore peut occuper plusieurs gîtes tant qu’il y est tranquille et a de quoi se nourrir, entre autres les rongeurs qu’il chasse, rats et souris, des pigeons ou des guêpes. « La fouine rend beaucoup de services, mieux que le chat… qui est un peu paresseux ! C’est vrai qu’elle est casse-pieds, elle fait du bruit, des dégâts, mais elle ne mérite pas toutes ces histoires », ajoute affectueusement François Steimer. « Dans un poulailler, c’est à 90 % le renard qui est responsable. » Elle devrait être réhabilitée, estime-t-il, comme ailleurs à Zurich, en Suisse, où elle est protégée, en Italie, au Luxembourg…
Par « principe », l’ancien attaché départemental pour la nature, auteur d’écrits sur la cohabitation avec la fouine, prône « une démarche d’empathie », « qu’on dépasse les préjugés pour se rapprocher de la nature ». « Vivre en bonne intelligence » avec l’animal, c’est bien ce que souhaitent Frédérique et Pierre Rich. Ce dernier va tenter d’attirer la fouine un peu plus haut, sous le couvert des arbres, vers un gîte en bois qu’il construira selon des plans fournis par Camille Fahrner. « Il y a un muret de pierre et des prés à l’arrière. En prévoyant un isolant thermique, cela pourrait tout à fait convenir », approuve François Steimer. « Il faut essayer et être patient, elle trouvera… »
Catherine Chenciner/DNA (27.07.2020)
L’article complet est à lire sur le site des DNA
« La fouine affectionne les situations élevées, indique François Steimer. Les poutres des bâtiments agricoles sont autant de chemins aériens qu‘elle emprunte de jour comme de nuit dans ses déplacements. » Photo L’Alsace /Sylvain Cordier (Cliquer pour agrandir)
Le nom de « fouine » viendrait peut-être de « foin » où elle aime s’établir. Ce jeune spécimen y est né quelques semaines auparavant. Photo L’Alsace /Sylvain Cordier (Cliquer pour agrandir)
Les déplacements de la fouine sont souvent ponctués d’arrêts, lors desquels elle se dresse en position du « chandelier » pour regarder, écouter et flairer. Photo L’Alsace /Sylvain Cordier (Cliquer pour agrandir)
Quand elle chasse, comme ici une souris, la fouine utilise surtout sa vue, mais aussi son odorat et son ouïe, précise François Steimer. Photo L’Alsace /Sylvain Cordier (Cliquer pour agrandir)
À l’origine, la fouine vivait dans les pierriers, les éboulis, et elle s’est très bien adaptée aux maisons inoccupées. Photo L’Alsace /Jean-Marc LOOS (Cliquer pour agrandir)
Outre des déjections, la fouine a laissé un amas de noyaux de cerises sur son passage. Photo L’Alsace /Jean-Marc LOOS (Cliquer pour agrandir)
Frédérique et Pierre Rich, sur leur terrain, en lisière de forêt et apprécié des animaux sauvages, à Wildersbach. Photo L’Alsace /Jean-Marc LOOS (Cliquer pour agrandir)
La fouine a déchiré le pare-pluie pour se faufiler sous le toit. Photo L’Alsace /Jean-Marc LOOS (Cliquer pour agrandir)
Il n’y a aucun doute sur le fait que la fouine s’est installée sous la soupente de l’ancienne maison de vacances. Photo L’Alsace /Jean-Marc LOOS (Cliquer pour agrandir)
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