Où en est l’enquête sur la mort du jeune ours tué par arme à feu en Ariège ?
L’ours abattu en Ariège et retrouvé mardi doit être autopsié ce mercredi à Toulouse. Le parquet de Foix a confié l’enquête aux gendarmes qui ont commencé leurs auditions
Relevés de police scientifique, hélitreuillage du cadavre, autopsie et « auditions ». L’enquête sur la mort d’un « jeune ours mâle », retrouvé mardi dans l’Ariège « abattu par arme à feu », a commencé dans des conditions dantesques dévoilées ce mercredi matin par Chantal Mauchet, la préfète, et Laurent Dumaine, le procureur de la République de Foix.
Tous deux se sont rendus mardi en fin d’après-midi sur les lieux du crime : le cirque de Gérac, sur la commune d’Ustou, peu après que l’animal a été repéré par des agents de l’Office national de la Biodiversité (OFB) – par leur chien plus précisément – venus faire des « constats de prédation » sur un troupeau de brebis.
« Au pied d’une pente très escarpée »
L’animal gisait « au pied d’une pente très escarpée », explique la représentante de l’Etat. Une descente si verticale que, sous la pluie et dans le brouillard, il a fallu faire appel à un hélicoptère du Peloton de gendarmerie de haute montagne pour hisser le cadavre sur un chemin forestier à proximité.
Laurent Dumaine a immédiatement ouvert une enquête « pour destruction d’espèce non domestique protégée » et l’a confiée aux gendarmes de la brigade de recherches de Saint-Girons. Le magistrat indique qu’il a demandé une autopsie du plantigrade à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse et qu’elle était en cours ce mercredi matin. Elle doit notamment déterminer le nombre de blessures de l’animal et la date de sa mort.
Alors, que sait-on de cet événement exceptionnel pour le massif ? L’ours ne portait ni puce, ni collier GPS. Il n’a donc pour l’heure pas été identifié. Il pèse « entre 150 et 200 kg », et serait donc « un jeune mâle d’environ cinq ans », d’après Chantal Mauchet.Par ailleurs, alors que les auditions ne font que commencer, on sait que dans ce secteur de l’Ariège la transhumance et les estives ont commencé et que plusieurs ovins y ont été tués ces derniers jours.
« Il s’agit d’une infraction grave qui mérite des investigations sérieuses », prévient le procureur de la République rappelant que les faits sont passibles d’une peine « allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende ».
Une émotion à géométrie variable
L’événement est rarissime dans les Pyrénées. Il n’existe qu’un précédent depuis la réintroduction des ours : la mort très médiatique de l’ourse Cannelle abattue par un chasseur le 1er novembre 2004 lors d’une battue aux sangliers.
La présence des plantigrades suscite de vives tensions entre les partisans de la biodiversité et le milieu pastoral. Alors que les pro-ours ont dit leur grande émotion et leur intention de porter plainte au même titre que l’Etat, les représentants des éleveurs s’affichent volontairement beaucoup moins émus. « Nos pensées vont tout d’abord vers les centaines de brebis qui pâturaient paisiblement et qui ont été tuées par cet ours et ses congénères, indique dans un communiqué l’Association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège-Pyrénées (Aspap). Elles vont vers ces éleveurs qui seront momentanément épargnés de la mort d’une partie de leur troupeau auquel cet ours a fini de faire du mal. »
Hélène Ménal/20Minutes (10.06.2020)
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