Un sauvetage hors du commun
J’aimerai aujourd’hui vous présenter un refuge qui fait un travail vraiment extraordinaire pour venir au secours d’animaux souvent destinés à l’abattoir ou, tout simplement, laissés à l’abandon ! Ce refuge, « La Petite Bohème », se trouve dans l’Ain et j’ai craqué dès que j’en ai fait la connaissance… Séverine nous raconte ci-dessous une intervention pour le moins périlleuse mais à l’issue pourtant heureuse… Le « miracle » s’est, une fois de plus, produit ! JLS
Le 8 novembre 2018, nous sommes intervenus, dans le cadre de notre refuge « La Petite Bohème », sur le sauvetage d'une jument à l'agonie, couchée, squelettique… Il aura fallu l'aide d'un vétérinaire, de la gendarmerie et de plusieurs riverains -qui nous ont prêté un tracteur et des sangles- pour, finalement, au bout de plusieurs heures d’effort, arriver à la relever la malheureuse… Cette jument, âgée de 25 ans, malvoyante, en état de dénutrition et déshydratation extrêmes, souffrait en plus d'une piroplasmose chronique, de grave parasitisme et d'une ancienne fracture jamais soignée au boulet et à la première phalange du postérieur gauche. Devant son état critique, l'euthanasie a naturellement été envisagée mais, n’arrivant pas à nous résoudre à la terrible échéance, nous avons voulu lui donner une ultime chance… et nous sommes très heureux d’avoir écouté notre cœur !
« Ne donnez pas seulement vos soins, mais aussi votre cœur ». Mère Teresa
Nous avons appelé cette jument Yoko, ce qui signifie « Enfant du soleil » en japonais. Elle a fait preuve très vite d'un courage et d'une volonté de vivre immenses. Les 3 premiers mois ont été très difficiles : nous nous sommes relayés à son chevet jour et nuit car elle faisait des malaises, tombait beaucoup et nous devions la relever pratiquement tous les jours, parfois la nuit, la masser, la rassurer… Des amis nous ont assistés et beaucoup aidés lorsqu'à deux, les manœuvres devenaient trop longues ou éprouvantes. Yoko est passée tout près de la mort à plusieurs reprises mais elle faisait preuve d’une force de vie véritablement incroyable : même affaiblie et épuisée comme elle l’était, elle quémandait friandises et câlins, se laissant par ailleurs admirablement faire pour les examens et les soins. Nous avons appris à nous caler sur son rythme pour la relever, la laissant dormir un moment couchée lorsqu'elle nous faisait comprendre qu’elle était épuisée…
Son existence passée : un long et terrible supplice…
Peu à peu nous avons reconstitué le long calvaire de la désormais Yoko : sa grave fracture l'avait obligée à se traîner, couchée sur le ventre en s'aidant des antérieurs, pendant 6 à 8 mois au moins, mangeant terre et excréments en plus du peu d'herbe ou de fourrage qu'il y avait. Nous n'osions pas imaginer la souffrance qu'elle a endurée… La maladie, puis la dénutrition en plus de sa blessure lui faisaient vivre un véritable enfer.
Au bout de 3 mois chez nous, à la Belle Bohème, elle avait déjà repris du poids, était d'humeur joyeuse et marchait de mieux en mieux. Ses progrès étaient incroyables et, pour tout dire, inespérés. Et au bout de 6 mois, notre Yoko est devenue plus vivante que jamais...
Le 7 mai 2019, un veau d'un mois, que nous avons baptisé Poésie, est arrivé en sauvetage au refuge : aveugle, épileptique, avec une grosse faiblesse du système immunitaire, la petite vache risquait de mourir et son éleveur a préféré nous la confier. Miracle : Yoko l'a adoptée sans hésiter : Poésie a trouvé en elle une mère de substitution attentionnée et merveilleusement aimante.
Et la magie a opéré... Aussi incroyable que cela paraisse, au bout d'une dizaine de jours, la jument Yoko s'est mise à faire du lait et du colostrum pour la petite vache qui la tétait comme elle l’aurait fait avec sa vraie mère. Nous complémentions avec deux biberons par jour afin que Poésie ait toutes les graisses nécessaires à son développement (le lait de vache est en effet plus gras que celui d'une jument). Le soir, nous la rentrions dans l'écurie car ses crises d'épilepsie nécessitaient une surveillance, même la nuit. Yoko dormait alors devant le portail de l'écurie, près de son « bébé ». Il lui est arrivé de venir me chercher dans l'entrée de la maison quand Poésie faisait une crise !
Yoko a vite pris conscience du handicap de son bébé, et la guidait, la protégeait, l'éduquait. Aujourd'hui Poésie est en sevrage : Yoko l'a allaitée presque 8 mois, leur lien est toujours aussi merveilleux.
Yoko est une jolie jument, pétillante de vie
Elle permet à des personnes en situation de handicap mental ou de difficultés d'avoir des moments de bien-être dans une activité de médiation et elle prend son rôle très au sérieux : de toute évidence, elle adore cela. Poésie y participe aussi, donnant de la tendresse et de l'affection à ces mêmes personnes...
Nous avons découvert que Poésie souffrait d'une compression de la moelle épinière qui rajoutait d'autres problèmes neurologiques et ralentissait considérablement sa croissance. Nous la stimulons au moyens de massages, nous lui avons appris à reconnaître son nom, à nous suivre… Elle est épanouie malgré ses difficultés et Yoko semble heureuse d'avoir, à sa manière, donné la vie à ce bébé !
Depuis un mois, Poésie n'a plus refait de crise d'épilepsie. Aujourd'hui Yoko est guérie, elle ne boîte plus, ne tombe plus, galope, rue de bonheur… Elle est maintenant une splendide jument qui ne fait pas du tout son âge et je me dis en les regardant évoluer et vivre ensemble, si merveilleusement complices, que si les humains se comportaient comme ces deux-là, assurément le monde serait nettement meilleur…
Séverine Altmeyer, présidente de "La Petite Bohème"
Si vous souhaitez aider (même modestement) « La Petite Bohème », n’hésitez pas à prendre contact !
Vidéo : Sauvetage et renaissance d'une jument (6 :34)
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