Réduire les déchets ainsi que la consommation de viande… une évidence pour Chloé Charles

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Couteaux aiguisés et méninges en ébullition, la cheffe parisienne Chloé Charles a transformé sa cuisine en véritable repaire écoresponsable. Halte aux pertes et bonjour à l’utilisation de la moindre parure, pour ne pas en perdre une miette.

« Avant de vouloir être chef, j'aimais manger. Puis j'ai un jour réalisé que c'était en réalité un métier… » Chloé Charles

« Il m’a inculqué l’idée d’utiliser les produits en totalité. Il m’a dit que pour qu’un restaurant dure sur le long terme, il ne fallait pas de gaspillage. » C’est en ces termes que la cheffe Chloé Charles se remémore son passage originel dans les cuisines de François Pasteau de l’Epi Dupain. Même enseignement et dynamique au Septime, auprès de Bertrand Grébaut. Aujourd’hui, à 33ans, Chloé Charles a fait du gaspillage en cuisine son cheval de bataille.

Celle qui a découvert les joies du métier à l’école Ferrandi, qui se situait en face de chez elle, après avoir quand même dû passer un bac L selon la volonté de ses parents, décide de tester, encore et toujours, des recettes à base de ces ingrédients que le milieu a trop tendance à mettre à la poubelle. Au départ, plutôt pour des raisons économiques. « Je pense que la prise de conscience écologique est venue il y a six ans, au Septime. Avec mon chef, on s’est dit que notre manière de cuisiner n’était pas du tout responsable », reconnaît-elle. Travailler avec des producteurs locaux et des produits de saison, réduire les déchets ainsi que la consommation de viande sont devenus ses réflexes en cuisine. Du vert de poireau à la couenne de lard en passant par les épluchures de carotte et autres parures de magret de canard, tout y passe.

Cuisine de grand-mère

Son engagement, Chloé Charles le met en avant dès qu’elle le peut pour « prêcher la bonne parole » comme elle le défend. Et si ses bardes de Saint-Jacques cuites dans un bouillon de peau de céleri ou son trop-plein d’huîtres, congelé pour être râpé, détonnent, elle assure pourtant: « Ce n’est pas avant-gardiste. Il y a deux générations, on cuisinait avec peu de viande et on utilisait tout, tout simplement parce qu’il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Je passe pour quelqu’un d’hyper novateur alors que je cuisine comme ma grand-mère! »  Celle-là même qui l’a initiée, dès ses sept ans, à la fabrication du pain dans le four dédié de sa maison bretonne. « Une cuisine d’instinct » comme elle la surnomme et qui l’a beaucoup influencée.

La cheffe invite d’ailleurs chacun à s’y essayer: « On ne perd rien à tenter de cuisiner quelque chose que l’on allait jeter. » Même si, selon elle, la première étape reste de bouder le supermarché, temple des produits industriels. « Si l’on ne paie pas le juste prix, c’est un agriculteur derrière qui est mal payé. En faisant ça, on favorise le circuit de la précarité. » 

Dans la même optique « de faire bouger les choses », elle a choisi l’indépendance, une situation où elle « s’éclate ». Ses journées alternent entre préparation de repas pour des événements ou audits dans le cadre de contrats. Par exemple, elle a commencé tout un programme avec des cantines d’entreprises en vue de réduire les déchets en cuisine, toujours.

Mais la preuve par l’exemple ne convainc pas toujours du premier coup: « Pour un événement, j’ai proposé un menu végétarien et on m’a dit: "Mais non, il y aura des hommes, ils ont besoin de viande!" Cet argument na pas de sens », s’insurge-t-elle. Qu’à cela ne tienne, elle emprunte un chemin de traverse pour arriver à ses fins en donnant faim: le menu nest plus annoncé comme tel, mais le contenu de lassiette ne bouge pas. Et la nouvelle cuisine avance à grandes enjambées: « Il faut déconstruire tout ce qu’on a appris. »

Source : La Ruche qui dit Oui

 

Sensible à l’environnement, Chloé s’engage, au quotidien :

  •  à ne rien gâcher et à ne rien gaspiller : elle cuisine ses produits dans la totalité
  •  à choisir ses ingrédients avec soin : produits de saison et locaux
  •  à rendre la gastronomie accessible à tous.

Vidéo : Recette zéro déchet : salade tiède de pain grillé (3 :18)

 

 

 

 

 

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Publié dans Coup de coeur, Consommation

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K
Bravo à Chloé ! Bien sa recette sans gaspillage.<br /> Je fais très attention. Car je n'aime pas gaspiller.
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Z
Le respect des ressources allié à la saveur: je signe! Quand elle utilise ses fins de frigo , une de mes amies a baptisé ça "ma cuisine de tiroir" , j'aime bien cette appellation !
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J
Nous sommes entre 7 et 8 milliards d’habitants sur la planète mais la production alimentaire totale permet de nourrir 12 milliards d’individus !! <br /> Combien de terriens sont en malnutrition, famine ??<br /> Combien de terriens sont en suralimentation ?? Et pourquoi ??<br /> Chloé Charles a tout à fait raison et semble bien s’inscrire dans la tendance actuelle, pourvu que cela dure car lorsque je vois des grands chefs utiliser 250 g de beurre pour cuire 3 petits morceaux de viande, j’ai la nausée !
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D
une démarche qui va dans le bon sens
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J
Bel esprit ! Sa tirade sur les supermarchés est juste.
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C
Voilà une initiative tout à fait louable et qu'il convient de saluer : mes parents et grands-parents ont toujours mis un point d'honneur à ne pas gaspiller la nourriture et faisaient preuve de créativité voire d'ingéniosité pour élaborer des plats délicieux avec les divers restes ! C'était évidemment surtout par mesure d'économie mais, il y avait aussi ce respect de ce qui se retrouvait dans les assiettes et qui avait nécessité labeur et sueur !
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J
Ce qui est une évidence pour un certain nombre d'entre nous, ne l'est pas forcément pour le plus grand nombre ! Ainsi ne pas gaspiller -a fortiori lorsqu'il s'agit de nourriture carné et donc d'animaux élevés et abattus dans le but d'être consommé- devrait être un souci majeur pour tout un chacun ! C'est hélas loin d'être le cas et, trop de nourriture se retrouve encore à la poubelle... <br /> Le fait que certains chefs s'en préoccupent, même si, au départ, il s'agit de raisons économiques, est donc à saluer ! <br /> Chloé Charles s'en ai même fait une spécialité et ses clients, de toute évidence, apprécient beaucoup ce particularisme qui va dans le bon sens : celui du respect de ce qui se trouve dans son assiette !
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