Allemagne : 13 millions de porcs invalides éliminés chaque année dans la souffrance
L’Allemagne est le premier pays européen producteur de viande de porc, le troisième mondial après les États-Unis et la Chine.

Dans les zones d'isolement des sites d'engraissement, les porcs abandonnés à leur sort souffrent et meurent de blessures et de maladies non soignées. Photo : Animal Rights Watch (Cliquez pour agrandir)
Si près de 60 millions de ces animaux y sont abattus chaque année (chiffre pour 2016), un cinquième n’atteint cependant pas l’âge de l’abattage, qui est de six mois environ, et doit être tué prématurément. 13,5 millions de jeunes porcs malades ou blessés, dont la viande serait impropre à la consommation, sont mis à l’écart sur les sites d’engraissement dans des zones d’isolement.
L’association allemande Animal Rights Watch (ARIWA), qui dénonce les conditions sanitaires des élevages intensifs, a fait parvenir à la rédaction du Spiegel des vidéos illustrant les manquements à la réglementation sur l’abattage précoce de ces animaux invalides. Le rituel prescrit est censé être le même qu’à l’abattoir : étourdissement de l’animal par pistolet à projectile captif, puis saignée 20 secondes plus tard. Or non seulement ces gestes sont mal pratiqués par les employés des sites d’engraissement, mais ils le sont en outre bien trop tard.
Les autopsies des cadavres de ces animaux destinés à être éliminés de la chaîne alimentaire permettent de mettre à nu un véritable régime de la souffrance, les vétérinaires constatant que des blessures ouvertes datant parfois de plusieurs semaines n’ont jamais été soignées, et que la majeure partie de ces porcs ont été insuffisamment étourdis et surtout mal tués, la saignée n’ayant même pas toujours été pratiquée. Au mois d’avril 2019, le Bundesrat a décidé d’étendre les contrôles vétérinaires à ces zones d’isolement, mais la ministre de l’Agriculture, Julia Klöckner (CDU), tarde à donner son aval.
La loi allemande sur la protection des animaux stipule qu’aucun animal ne doit souffrir inutilement, mais l’impact économique d’un projectile de pistolet d’abattage –de l’ordre de 30 centimes–, semble l’emporter pour les éleveurs, les inclinant à privilégier la gratuité d’un coup de matraque. L’association ARIWA réclame donc l’arrêt de ces pratiques, qui, en l’absence de toute sanction, apparentent l’élevage intensif à une "zone de non-droit", sur laquelle règnerait une "criminalité organisée" sciemment incitée à bafouer la loi…
Sciences et Avenir/Sara de Lacerda (09.11.2019)
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