Le dressage des chiens pour la chasse, une éducation à la violence
L’utilisation de chiens pour la chasse n’est ni anodine, ni sans conséquence. Nullement anodine, car elle nécessite manipulation et cruauté afin de développer et d’exploiter au mieux les aptitudes de son chien. Ni sans conséquence, car les méthodes de dressage, laissées à la discrétion des chasseurs et souvent abjectes pour mieux manipuler le chien, ne l’épargnent pas d’une forme de dégénérescence…
Chasser n’est pas nécessaire aux chiens
Le chien est avant tout un animal de compagnie, sensible et proche de l’humain. Il est le compagnon par excellence de l’homme tant il est désireux de lui plaire. Et contrairement aux animaux sauvages carnivores qui ne chassent que pour se nourrir, le chien est nourri par son maître : le chien est ainsi lié à l’homme, pour le meilleur et pour le pire.
Des chiens de chasse manipulés par l’homme
Mais l’homme chasseur, prédateur de la Faune et de l’Environnement, a manipulé l’animal qui lui était le plus fidèle, le chien, en le retournant contre les autres animaux. Pour cela, il lui a imposé un déterminisme génétique afin de développer et spécialiser ses qualités exceptionnelles : taille, force, vitesse, endurance, odorat, vision, ouïe… afin de lui être plus utile dans son entreprise mortifère : la chasse. Et pour le conformer à ses pratiques, le chasseur utilise l’indéfectible amour du chien pour son maître comme une pâte à modeler, via des méthodes de dressage spécifiques, trop souvent coercitives, et laissées à sa charge sans vérification de ses compétences.
Les méthodes de dressage, instruments de manipulation des chiens
Il n’est pas naturel et il est même dangereux pour un chien de participer à la chasse avec des êtres humains : tenir l’arrêt, gérer l’envol, supporter les coups de feu, et subir les coups violents défensifs du « gibier ». Ainsi, pour préparer un chien à la chasse, le chasseur utilise des méthodes de dressage alliant incitation et coercition.
Tout d’abord le débourrage, initiation au contact du « gibier »
Un chien débourré est un chien qui doit être capable de tenir un arrêt sur n’importe quel gibier lâché, se devant pour autant d’être sage à l’envol du gibier et aux coups de feu. Pour cela, il est mis au contact de gibiers d’élevage ou de pigeons désailés, et il apprend à s’en approcher jusqu’à marquer l’arrêt pour signaler la présence du gibier à son maître. C’est une étape de pré-dressage, où le maître récompense le comportement souhaité du chien et ignore ou bloque les autres. C’est le premier pas de la manipulation du chien : signaler la présence des autres animaux et ainsi les trahir.
Le rappel, parfois sous contrainte
Les méthodes pour apprendre au chien à revenir à l’appel de son maître (le rappel) sont connues : confiance, récompense, travail à la longe. Mais on voit se développer de plus en plus au sein des chasseurs l’utilisation de colliers de dressage permettant de sanctionner le chien à distance via l’envoi de décharges électrostatiques. La confiance est longue à construire, la sanction plus efficace pour qui veut contrôler son chien…
Le rapport du « gibier », via des méthodes barbares
Le chien de chasse n’est pas toujours enclin à rapporter le gibier ou, pire pour le chasseur, il s’amuse avec ou le mâche. On dit d’un chien qui mâche le « gibier » qu’il a la « dent dure ». Plusieurs méthodes sont d’usage pour atténuer la pression des mâchoires du chien sur le « gibier » : la plus expéditive est celle des anciens qui cachaient une pelote de fils de fer barbelés dans une peau de lapin. En serrant fort, le chien se fait sévèrement piquer palais et gencives. Dans le même registre, on peut citer aussi « l’apportable » en bois avec pointes acérées, ou les deux brosses métalliques clouées dos à dos, enduites de plumes et de miel. Une autre méthode dite des « lèvres mordues » consiste à intercaler un « gibier » froid entre les lèvres et les crocs du chien. En exerçant une forte pression des deux mains sur le chanfrein et le menton, le chien se mord malgré lui¹. C’est un apprentissage long et régulier, et le début des méthodes violentes.
La sagesse à l’envol et au feu, pour maîtriser l’instinct de poursuite et l’effroi des détonations
La sagesse à l’envol vise à maîtriser l’instinct de poursuite : le chien ne doit pas bouger lorsque le « gibier » décolle. L’épreuve du feu consiste à habituer le chien aux tirs, sans qu’il ne bouge. Le chien doit s’habituer à ce bruit et apprendre à ne pas broncher, malgré l’effroi et les traumatismes auditifs.
La détection et le suivi des traces des « gibiers », spécificité du chien dit « de pied »
Le dressage d’un « chien de pied » consiste à lui apprendre à identifier et à connaître les animaux qu’il doit chasser, et à développer des aptitudes à suivre et à maintenir une piste ou voie froide (anciennes traces laissées par un animal). Pour cela, on le fait dormir sur une peau du type de l’animal recherché et on le fait jouer avec elle. Il est aussi mis au contact direct de l’animal recherché, dans des parcs cynégétiques par exemple. Il est tenu à la longe pour ne pas débusquer l’animal².
Les chiens de chasse à courre : entre sélection, épuisement à la chasse et enfermement en chenil
La chasse à courre consiste à faire rechercher un animal sauvage par une meute de chiens. La meute le poursuit durant plusieurs heures jusqu’à ce qu’il soit encerclé et éventuellement tué. Pour cela, les chiens courants doivent être de véritables athlètes, possédant toutes les aptitudes physiques pour pouvoir courir, par tous les temps, dans tout type de terrain, à un rythme soutenu pendant plusieurs dizaines de kilomètres. Ils sont entrainés à suivre les animaux sauvages à la vue ou à l’odeur et on les récompense avec des boyaux pour les habituer au goût du sang. A l’issue de la traque, les chiens, blessés et épuisés, sont en grande souffrance. Mais selon les chasseurs, ils sont heureux… D’après une enquête de l’association One Voice, ceux qui ne répondent pas aux critères (pas du même pied, pas de gorge, pas de finesse de nez, pas courageux ou trop vieux) seraient supprimés : piqués, électrocutés ou autres… « Pour en trouver 10, il faut en éliminer 40 », explique un piqueur retraité au sujet des chiens de chasse à courre³. Durant le transport pour la chasse, les survivants sont entassés dans des camions, parfois de longues heures durant. En dehors de la saison de chasse, seuls certains équipages ont la possibilité de les « sortir ». Cela permet pourtant de les garder dans une forme relative. La plupart des chiens reste enfermée dans le chenil jusqu’à ce que la chasse reprenne, soit pendant près de 5 mois… Leur qualité de vie y est extrêmement variable : certains chenils sont complètement bétonnés ou disposent d’un simple enclos avec de la terre au sol. D’autres chenils ont par contre de vastes parcs avec de la végétation auxquels les chiens peuvent accéder librement⁴. Les chiens ne sont en fait utilisés que comme de simples outils.
Un entrainement au harcèlement des sangliers dans des parcs clos
Les chiens sont entraînés dans des parcs cynégétiques à traquer et blesser de manière continue des animaux piégés dans un espace clos (par exemple des sangliers). Ils apprennent aussi à bloquer l’animal et à lui donner la mort. Parallèlement, dans les parcs de chasse, les sangliers sont au contact direct des chiens qui courent eux aussi des risques considérables.
Le blocage du « gibier » dans son terrier, dans l’attente de la mise à mort
La vénerie sous terre consiste à prendre les renards et les blaireaux au fond de leur terrier pour les détruire. L’animal en question est poursuivi là où, d’habitude, aucun ennemi naturel (par exemple lynx, loup, aigle) ne peut le suivre. Un chien de terrier qui, pendant l’entraînement, n’a jamais attaqué un renard peut, lors du déterrage, être impliqué dans une lutte sanguinaire avec un renard ou un blaireau qui se défend.
Les cas d'échec du dressage entraînant la "réforme" du chien
Quelques exemples :
– un chien d’arrêt « bourre », c’est-à-dire qu’il ne marque pas l’arrêt et tente la prise du « gibier ».
– un chien d’arrêt fait des « faux arrêts », c’est-à-dire qu’il bloque les courants d’air mais sans présence de « gibier » sur le lieu de l’arrêt.
– le chien manque de nez. La conséquence est que le chien lève le gibier malgré lui sans l’avoir annoncé au préalable.
De manière générale, si le chien ne répond pas aux critères demandés ou s’il est trop vieux, il n’est plus utile au chasseur qui s’en sépare : voilà qui constitue une belle preuve d’amour…
Conditions de vie déplorables du chien de chasse
Au service du loisir cruel de son maître, le chien de chasse est rarement celui qui traine sur le canapé ou se repose au calme dans son panier, avec lequel on joue, tel un membre à part entière de la famille.
Pour le chasseur, pour maintenir la vigueur du chien à la chasse, rien n’est pire que de l’habituer au confort et aux joies d’une maison paisible. Il est au contraire souvent détenu dans des conditions abjectes :
– enfermement dans des boxes délabrés et exigus, sans respect de la loi exigeant 5 m² minimum par chien,
– isolement, sans aucun rapport affectif avec son maître,
– privation de nourriture pour le rendre plus agressif,
– manque de soins vétérinaires,
– très peu de promenades : sortie du chien uniquement pour la chasse,
– utilisation de méthodes brutales pour le soumettre et le rendre plus agressif.
L’acte de chasse, quant à lui, met le chien dans des conditions de stress et de surexcitation (décuplées avec l’effet de meute) l’amenant à développer des troubles du comportement, de l’agressivité, et même de la cruauté (…).
Animal Cross (24.10.2019)
Sources :
- Le dressage du chien d’arrêt – https://actionchasse.fr/blog/le-dressage-du-chien-darret
- Passion la chasse https://www.passionlachasse.com/t4345-dressage-d-un-chien-de-pied
- One Voice – La réalité de la chasse à courre en France révélée – p.20 – 2010
Autres sources :
https://actionchasse.fr/blog/le-dressage-du-chien-darret
https://actionchasse.fr/blog/les-oiseaux-de-verite
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