Claude et les loirs
Suite à l’article « Lérot, loir et muscardin, élégants petits lutins méconnus », une aimable lectrice m’a adressé plusieurs courriers pour me faire part de son témoignage et de son quotidien qu’elle partage avec une famille de loirs…
Un loir, adorable petit brigand, qui, avec sa communauté, vit dans la maison de Claude. Photo : Claude (Cliquez pour agrandir)
Difficile a priori de dire qui habite chez qui : si Claude est bel et bien la maîtresse des lieux, les loirs qui, depuis des années, partagent les mêmes murs (et pas seulement le grenier) semblent très à leur aise et n’hésitent pas à se montrer même en présence de la propriétaire ou de sa famille !
Bien sûr, cela ne s’est pas toujours aussi bien passé qu’aujourd’hui puisque, au début de leurs incursions dans la cuisine et dans les réserves de leur hôtesse, les petits brigands s’avérèrent assez ravageurs et, souvent, les provisions de Claude étaient saccagées…
La solution…
Sans jamais songer à détruire ses encombrants voisins, Claude a pourtant tout essayé : le piège pour les capturer vivants et les emmener plus loin, s’est avéré d’une efficacité relative puisque les déplacés (ou d’autres, allez savoir ?) avaient tôt fait de reconquérir l’espace ainsi libéré !
Claude a donc fini par opter plutôt pour la cohabitation que la confrontation et, pour éviter que les loirs ne détruisent continuellement ses réserves, elle met en place quotidiennement un bol de divers fruits de saison à leur attention : les petits rongeurs ont très vite compris et viennent s’y ravitailler même en plein jour…
…la cohabitation !
« Les loirs ont plein de mimiques très drôles : j'en ai un, en ce moment, qui est tellement gros qu'il ne passe pas à l'endroit où passent les autres ! Il fait comme l'ours Balou avec son gros ventre : il tire dessus pour passer avec beaucoup d'efforts. Il est vraiment comique… Dans la maison, nous marchons souvent la tête en l'air car il y en a toujours quelques- uns, en haut, sur une des tringles à rideau, accrochés par-ci par-là. Ils vivent en communauté : il y en a dans l'isolation des chambres et, d'autres sont au sous-sol et, lorsqu'ils remontent et se retrouvent autour du bol de nourriture mis en place à leur intention dans la cuisine, souvent ils se chamaillent… J'en ai également dans la grange et, d'autres ont élu domicile dans le four à pain ! Les différents groupes familiaux semblent ne pas se mélanger : bien sûr, je leur porte un bol de friandises à eux aussi... ». Claude
Bien entendu, s’il est amusant de voir ainsi évoluer des loirs, il y a aussi des désagréments et, lorsque la famille (humaine) reçoit des invités, il vaut mieux les mettre dans la confidence et les avertir qu’il y a, dans l’habitation, d’autres hôtes aux mœurs plutôt nocturnes…
« Ce n'était pas évident avec les invités : au début, ils pensaient tous que nous avions des rats ou des souris… Maintenant, je préviens les gens de passage afin qu'ils ne soient pas surpris d'en voir cavaler un peu partout dans la maison et de les entendre se disputer la nuit... » Claude
Si l’histoire de Claude et de ses colocs est éminemment touchante, on peut toutefois imaginer qu’il n’est pas simple tous les jours de partager son univers avec de telles petites bêtes qui, quoique l’on puisse penser, restent des animaux sauvages : Claude et sa famille ont, avec beaucoup d’intelligence, accepté de mutualiser leur toit avec les petits mammifères nocturnes… à moins que ce ne soit l’inverse !
« Je dois reconnaître que lorsque nos petits loirs hibernent (de novembre à mai) ils me manquent et, chaque année, je suis toujours aussi contente de les revoir en juin… ». Claude
Cette jolie et touchante histoire méritait bien les honneurs de « Nature d’Ici et d’Ailleurs » : l’exemplarité touchera peut-être certains de mes lecteurs autant qu’elle m’a touché et permettra, on peut l’espérer, de démontrer qu’il est parfaitement possible de ne pas recourir systématiquement à la destruction de ce qui nous dérange : il y a toujours d’autres moyens d’agir… il suffit peut-être juste de le vouloir !
Dernière minute…
Alors que je bouclais mon article sur cette curieuse cohabitation, Claude m’adressait un nouveau courrier avec des nouvelles toutes fraîches de ses pensionnaires dont la population a, de toute évidence, encore augmenté ! Mais lisez plutôt…
« Voilà qu’il vient de m’arriver encore une bien curieuse mésaventure : un soir de la semaine dernière, je distingue quelque chose qui rampe par terre : je me baisse et je découvre un petit être minuscule, tout nu et tout rose ! Je comprends rapidement qu’il s’agit d’un loir tout nouveau-né ou n’excédant pas deux jours d’âge en tous cas ! Je lève les yeux mais ne voit rien… Je ramasse l’infortuné que je place rapidement dans une petite corbeille que j’ai préalablement garni d’une épaisse couche de coton qui, je l’espère, réchauffera le petit bonhomme qui est glacé… Je me connecte aussitôt au net où je me mets en quête d’informations pour élaborer un lait maternisé ! Je ne dispose pas de biberon adapté : en l’occurrence, il doit être minuscule… Le petit orphelin ressemble vraiment à une crevette avec sa couleur rose : ses yeux sont encore clos et les oreilles encore inexistante ! »
« Durant la nuit, je me lève pour faire sortir mon chien et, surprise, devant la porte gît un second bébé approximativement au même endroit que le précédent ! Je le mets aussitôt avec son frère… Le lendemain matin, l’un des deux n’a malheureusement pas survécu… Le rescapé, lui, semble avoir faim : instinctivement, il ouvre sa petite bouche ! Je fabrique un biberon de fortune à l’aile du tube réservoir d’un stylo-bille et… tout en restant pour le moins artisanal, ça marche plus ou moins bien !
C’est alors que je trouve encore deux autres bébés au sol : ils sont transis de froid… Je les mets avec le survivant ! Puis, j’en découvre d’autres encore… Au total, ils seront sept dont deux n’auront pas survécu à leur chute car, en effet, je viens de comprendre : il s’agissait d’un nid mal positionné entre la toiture et l’isolation d’où les petits ont glissé pour se retrouver par-terre, deux mètres plus bas…
Au matin, je me suis rendue au village pour y acheter ce qu’il faut pour mes petites "crevettes" : biberons à leur taille et lait spécial pour rongeur… Et je biberonne durant trois jours ces petites choses que je mets par ailleurs sous une lampe pour les maintenir au chaud ! Les loirs adultes qui viennent régulièrement au bol de nourriture mis à leur disposition, voient naturellement les petits dans leur panier placé tout à côté…
Je tente ensuite de remettre les bébés dans leur nid d’origine que je prends grand soin de bien caler préalablement ! L’opération est certes risquée mais, je veille et, au cas où, je pourrais toujours me remettre aux biberons… Le lendemain matin, surprise : les petits ont été déménagés du nid dans lequel je les avais placés : la mère les aurait donc récupérés ?
Je finis par repérer la petite famille qui a déménagé derrière une cloison de la salle de bain où je les entends parfaitement depuis !
D’ici deux semaines environ, tout ce petit monde devrait être de taille à suivre leurs aînés jusque dans la cuisine, au bol où les attendent de bonnes pommes et autres petites attentions placées là tout exprès pour eux… » Claude
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