Lérot, loir et muscardin, élégants petits lutins méconnus
Vivant dans les forêts de feuillus et leurs lisières, dans les buissons mais aussi dans nos vergers et habitations pour le lérot et le loir, et dans les zones humides pour le muscardin, ces animaux restent pourtant difficiles à observer : ils dorment toute la moitié de l’année et durant l’autre, ils ne sortent qu’à la nuit tombée…
Le muscardin à la taille d’une souris aux formes arrondies et de couleur jaune-orangé qui devient blanc-jaunâtre sur le ventre. Photo : © Sylvain Cordier (Cliquez pour agrandir)
L’automutilation pour échapper aux prédateurs
Méconnus, ils méritent néanmoins notre attention. Revêtus d’un pelage laineux et moelleux, ces petits mammifères possèdent une tête terminée en pointe avec des oreilles arrondies peu garnies de poils. Ils portent également une longue et jolie queue touffue qui leur sert de balancier lors de leurs déplacements. S’ils sont saisis par la queue par un prédateur, celle-ci se détache du reste de leur corps par un phénomène d’automutilation : ils échappent ainsi à leurs ennemis et cicatrisent bien vite leur plaie.
De mœurs essentiellement nocturnes, ils ont de grands yeux noirs et une ouïe extrêmement fine. Arboricole, ils se déplacent peu au sol et préfèrent grimper dans la végétation ou le long d’un mur, sauter de branche en branche. Ils possèdent d’ailleurs des pattes bien adaptées pour cela.
Essentiellement végétariens
Leur nourriture varie selon les saisons. Elle est surtout végétarienne. Les loirs et les lérots mangent des fruits, des graines, des baies, des bourgeons, des champignons… avec comme complément des escargots, des batraciens, des œufs et des oisillons ainsi que de gros insectes. L’alimentation des muscardins se compose de feuilles, de bourgeons, de noisettes, de fleurs, de pollen auxquels ils ajoutent des baies d’arbrisseaux (framboises et mûres) qui accueillent souvent leur gîte. En été, ils complètent leur menu avec des insectes et des mollusques.
La période de reproduction, selon les espèces et l’altitude à laquelle elles vivent, s’étale du printemps à la fin de l’été avec, en moyenne, 4 à 5 petits. Les nids sont douillets, constitués de feuilles, d’herbe, de mousse, de poils. En forme de boule, ils possèdent une entrée lattérale. Le loir et le lérot s’installent volontiers dans d’anciens nids abandonnés d’oiseaux, d’écureuils, dans les vieux murs, dans les arbres morts, dans les granges… Le muscardin quant à lui, construit un petit nid rond constitué d’herbes et de feuilles sèches collées par sa salive et le place dans u buisson, une ronceou dans des plantes grimpantes. Il lui arrive aussi, tout comme le loir, de l’installer dans des nichoirs. Ces nids constituent généralement le centre de leur territoire dont le diamètre varie selon les espèces et les milieux naturels ; environ 200 à 300 mètres pour le loir ; de 100 à 200 mètres pour le lérot, de 50 à 100 mètres pour le muscardin.
Avant d’hiberner, le loir se rapproche quelquefois des granges ou des greniers pour y déguster des pommes comme ici… Photo : © Pascal Gérold (Cliquez pour agrandir)
Beaucoup de temps pour la toilette
Ces animaux, qui vivent en petits groupes, consacrent beaucoup de temps à faire leur toilette en frottant à toute vitesse leurs petites mains sur leur visage et en se grattant les flancs avec leurs pattes arrières. Leurs sens sont bien aiguisés. De grands yeux noirs avec des pupilles pouvant se dilater largement, des oreilles très sensibles, un nez très fin : tout ceci leur permet de se faufiler avec autant d’aisance dans l’obscurité que d’autres animaux en pleine lumière ; sans oublier leurs moustaches longues et sensibles qui les renseignent sur tout ce qu’ils rencontrent.
Les loirs et les lérots sont de grands « bavards » et poussent souvent des sifflements doux, des gloussements métalliques, des grognements et murmures divers… Le muscardin est plus discret mais capable de cris aigus ressemblant à ceux des souris. Ces émissions sonores et ultra-sonores jouent en tous cas un grand rôle dans la communication entre ces animaux.
Dormir pour se protéger du froid
Avant l’hiver, ces petits animaux mangent tant et plus qu’ils peuvent doubler de poids et, une fois bien gras, ils cherchent un endroit pour passer l’hiver. Ils creusent, pour cela, un trou dans le sol ou pénètrent dans une souche, un trou de pic, une grange ou un grenier (pour le loir et le lérot) ou dans une ancienne mine (pour le loir) ou encore dans un nichoir (uniquement pour le lérot). Ils y confectionnent leur nid d’hiver qu’ils installent bien douillettement en le calfeutrant pour se protéger des grands froids. Les muscardins hibernent en solitaire alors que les loirs et les lérots, souvent, se regroupent. Tous, en tous cas, dorment à poings fermés enroulés sur eux-mêmes, ne formant plus que de petites boules de poils compactes.
Le lérot est facilement reconnaissable au bandeau noir sur ces joues claires. Son ventre est blanc ainsi que ses flancs ; son dos et sa queue sont teintés de brun foncé rougeâtre. Un pinceau de poils termine sa longue queue. En hiver, bien calé sur lui-même, avec ses oreilles rabattues, ses pattes serrées, sa queue ramenée au-dessus de la tête, ce lérot n’offre que peu de prise au froid et évite ainsi les pertes de calories. Son épaisse couche de graisse et sa fourrure bien chaude le protègent également. Photo : © Gérard Lacoumette (Cliquez pour agrandir)
C’est sur leur réserve de graisse qu’ils vont pouvoir vivre en léthargie pendant six mois, abaissant leur température de 38° à un peu plus de 0°. Au-dessous de cette température, des cristaux de glace se formeraient dans leur sang et ces petits dormeurs mourraient gelés. Aussi, quand la température devient trop basse, un mécanisme de therorégulation se met en marche et les réveille : ils s’ébrouent, s’affairent un peu dans le nid, grignotent un peu (seulement les loirs qui seraient les seuls à faire des provisions). Une fois bien réchauffés, ils retombent dans leur sommeil qui sera ponctué ainsi de brefs réveils.
Au printemps, lorsqu’ils se réveillent pour de bon, ils sont très amaigris et leur toute première préoccupation est de trouver très rapidement de la nourriture… afin que la vie continue !
François Steimer
Le loir ressemble à un petit écureuil. Son ventre est blanc et le reste de son pelage gris argenté. Photo : Photo : © Sylvain Cordier (Cliquez pour agrandir)
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