L’incroyable histoire d’amitié entre un homme et une renarde

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Bruno-Gilles Liebgott photographie des animaux sauvages depuis plus de trente ans. Pour assouvir sa passion, il n’a pas hésité à parcourir l’Alaska, la Floride, l’Afrique ou le Danemark. Mais c’est sur les hauteurs de Pont-à-Mousson qu’il vit actuellement des moments plus inoubliables.

Photo : DR /Jean-Claude Peudecoeur (Cliquez pour agrandir)

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C’est l’histoire d’une amitié improbable entre un Mussipontain* féru de photographie animalière et une renarde. Entre Bruno-Gilles et Fifine comme il l’a appelée. Une histoire commencée tragiquement un jour de juillet 2018, après la mort de la mère de Fifine, tuée par un chasseur : « Un quart d’heure plus tôt, je la photographiais avec ses deux petits », se souvient le passionné. Le mois suivant, Bruno-Gilles continue ses affûts, dissimulé sous ses filets de camouflage. Chaque jour ou presque, il revoit Fifine et son frère, qui ont été adoptés par un autre couple de goupils. Au fil des jours, la jeune renarde se rapproche de plus en plus de son poste d’observation, jusqu’à renifler son matériel. « Et puis un jour, elle a contourné la haie où je me dissimulais », se rappelle Bruno-Gilles, « et elle s’est approchée de moi, de plus en plus près. Elle s’est même assoupie à deux mètres de moi. » À la fin du mois d’août, Bruno-Gilles enlève sa cagoule de camouflage et se montre à visage découvert. Il tend la main que Fifine vient renifler.

Fifine vient renifler la main de son ami Bruno-Gilles.   Photo DR /Jean-Claude Peudecoeur (Cliquez pour agrandir)

Fifine vient renifler la main de son ami Bruno-Gilles. Photo DR /Jean-Claude Peudecoeur (Cliquez pour agrandir)

Un rêve d’enfant

Depuis lors, les deux amis se voient quasi quotidiennement. Il suffit au photographe de se rendre sur leur lieu de rendez-vous, quelque part sur les hauteurs de Maidières, et d’appeler la jeune renarde pour qu’elle arrive dans les deux minutes. S’il s’assoit, elle reste à ses côtés, s’il repart, elle le suit : « Je réalise un rêve d’enfant », s’émeut Bruno-Gilles. « J’ai toujours adoré les animaux et là, une renarde m’offre son amitié. Lorsqu’elle me regarde, il y a énormément de douceur dans ses yeux, jamais la moindre trace d’agressivité. »

En retour, la plus grande marque d’amitié que l’homme fait à la renarde consiste à ne jamais chercher à la toucher ou la caresser. « Ce qui est le plus fascinant », s’enthousiasme-t-il, « c’est qu’elle m’offre cette proximité, ces échanges incroyables tout en restant un animal sauvage. Quand arrive le crépuscule, c’est le moment de la chasse et elle reprend sa vie normale. »

Photos : DR /Jean-Claude Peudecoeur (Cliquez pour agrandir)
Photos : DR /Jean-Claude Peudecoeur (Cliquez pour agrandir)Photos : DR /Jean-Claude Peudecoeur (Cliquez pour agrandir)
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La paix pour les renards !

Et Bruno-Gilles repart de son côté, terrifié à l’idée que Fifine subisse un jour le même sort que sa mère : « J’espère qu’aucun chasseur ne la tuera, elle, ou le petit renardeau qu’elle vient d’avoir. Je discute avec les chasseurs locaux, je fais en sorte de les convaincre. Je fais aussi de la pédagogie auprès des promeneurs qui nous aperçoivent ensemble quelques fois. Mais il faudrait vraiment interdire le tir des renards. Ce sont des animaux fantastiques et très, très utiles dans la nature. » Il serait donc grand temps pour les hommes, qui font tant pour la destruction de leur planète, de militer pour la paix des renards. Et pour celle de Fifine en particulier !

L’Est Républicain/Patrice Bertoncini (09.08.2019)

 

* Mussipontain : habitant de Pont-à-Mousson

 

 

 

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Publié dans Animaux, Insolite

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D
Cette histoire est très émouvante et je ressens, en lisant, tout ce qui se passe entre ces deux êtres. C'est magique. Quoi de plus beau l'amitié de cet animal avec cet homme. Elle l'a très bien choisie, il est gentil car aucunanimal ne fera connaissance avec un salopard qui déteste les animaux.
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A
Merveilleuse rencontre qui je l'espère se poursuivra longtemps dans un environnement pourtant si dangereux pour elle et ses semblables. C'est exceptionnel. J'enrage de voir perdurer cette traque qui cause des milliers de morts scandaleuses et ce sous la Présidence d'un homme lettré qui ne brille pourtant pas par sa sensibilité ni au sort des hommes, ni à celui des soi-disant nuisibles. Les pétitions s'accumulent et rien ne se passe. Merci pour ce témoignage enchanteur. Amitiés.
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J
Merci à vous. Je partage complètement votre analyse quant à l'absence de sensibilité du pouvoir en place ! On ne peut que regretter ce manque de considération de l'ensemble du vivant dont une des principale cause est l'infiltration, jusque dans les plus hautes sphères de l'Etat, de lobbyistes pro-chasse de toute évidence très influents ! Croisons les doigts pour que le vent finisse par tourner...
H
Merciii
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S
J'ai été fasciné par cette histoire entre une renarde et "son photographe personnel " ça aurait été le rêve de ma vie s'il m'était arrivé pareille aventure.<br /> Heureusement qu'on trouve encore des personnes qui défendent la cause animale et c'est un exemple pour les chasseurs de respecter les animaux.Merci et BRAVO JEAN- LOUIS
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J
Merci à vous Joseph : c'est en effet une merveilleuse histoire et, en tant que photographe amateur, j'ai également eu la chance d'en vivre quelques-unes qui vous marquent à jamais ! Pour ce qui est de l'exemplarité (pour les chasseurs), je n'y crois hélas pas : nous ne "fonctionnons" pas du tout de la même manière et l'empathie leur semble malheureusement totalement étrangère... Sûrs de leurs de leur légitimité et de leur "droits" sur les autres espèces, ils "régulent", persuadés que c’est eux qui ont raison voire même qu’il FAUT le faire… Les hommes évoluent certes mais, d’aucuns beaucoup moins vite que d’autres… <br /> Encore merci à vous d’avoir laissé une trace de votre passage ici !
V
les larmes d'émotion ont coulées, merci !
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D
Je vous admire Monsieur et vous envie. Quoi de plus noble que l'amitié qui vous lie à cet animal sauvage. C'est merveilleux et magique en même temps. Préservez la bien comme vous le faîtes car les chasseurs n'ont pas de sentiments et ils sont très arriérés en plus.
J
Désolé pour les larmes mais, cela me fait plaisir de vous compter parmi nous :)
V
La paix pour les renards.<br /> Il n'y a pas si longtemps, quelqu'un m'expliquait que partir à la chasse était en fait un moment pour observer la nature, et que c'est justement pour cette nature que la personne même TUE. <br /> Pour moi le photographe aime la nature, il vise avec un objet pour en partager la beauté, et non pour la supprimer... à quand la fin de la chasse aux renards?
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S
Belle histoire, respectueuse de la nature !
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A
L' Amour et le respect, une coexistence apaisée entre les Peuples sont toujours possibles quand on choisit d'abandonner la haine et la violence...
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C
C'est émouvant ! Quelle belle expérience ! Espérons qu'il sera entendu! @mitiés !
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Z
Un remake grandeur nature du Petit Prince . Espérons ... mais quelle angoisse cela doit être pour lui à chaque fois qu'il la quitte, à l'idée de ne pas la revoir. J'en ai le cœur serré.
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D
Comme c'est émouvant et que de leçons à tirer, sur l'égalité entre espèces, le respect, l'amitié...nos préfets décideurs de tueries devraient lire ça et ils changeraient d'optique...et de décision! Il le faut !<br /> Belles images pour mes petites-filles....éducatives au respect de la nature . Fifine a fait comme le renard du Petit Prince, la plus belle page que j'aie jamais lue sur l'amitié
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J
Magnifique ! La photo de la main et de la renarde me fait penser aux index de Dieu et d'Adam, peinture de Michel-Ange à la chapelle SIxtine.
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H
très belle histoire.<br /> heu.... j'espère que les chasseurs suivront sa philosophie !
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J
S’il m’est arrivé d’en rencontrer avec qui le dialogue était possible –ce qui ne veut pas dire qu’ils changent de comportement pour autant…- la majorité de ceux qu’il m’est arrivé de croiser –et que j’évite d’ailleurs soigneusement- sont complètement hermétique à de telles considérations : souvent, ils ne connaissent que ce qui les intéresse –le "gibier"- et sont totalement fermés à tout le reste et surtout à cette beauté de la nature et du "sauvage" que nous apprécions tant… Il ne faut donc pas trop en attendre : leur seule motivation étant le "carton" qu’ils vont faire !
J
Waouh ! Quelle belle rencontre qui plus est, qui dure dans le temps !<br /> J’ai eu, lors de mes sorties naturalistes et photo, des expériences magnifiques également : des regards qui se croisent et qui, mieux que des mots, parlent et disent "je te reconnais, je sais que tu viens en ami, je n’ai pas peur de toi…" ! Ce sont des moments fantastiques qui récompensent les longues heures de marche ou d’attente… Cependant, une histoire semblable à celle de Bruno-Gilles et Fifine, je n’ai jamais vécu ! Comme lui, à chaque fois qu’un animal me fait l’honneur de se laisser approcher, j’angoisse à l’idée que quelqu’un d’autre, moins bien intentionné, ne brise à jamais cette merveilleuse vie…
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P
Superbe histoire. Bravo. Malheureusement un jour ce sera dure, lorsqu'elle ne viendra plus.<br /> Je connais le photographe Jean-Claude Pedecoeur à qui j'ai vendu un boîtier il y a 3-4 ans :-)<br /> <br /> Patrick
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J
Bonsoir Patrick, <br /> Ravi d'avoir eu de tes nouvelles... <br /> Au plaisir !