Brésil : l'Amazonie brûle, Bolsonaro en accusation
L'Amazonie brûle depuis le début de l'été. Les scientifiques tirent la sonnette d'alarme. Polémique autour du président brésilien qui a relancé la déforestation et accuse les ONG.

Pompier luttant contre le feu dans la forêt amazonienne du Brésil. EPA/MAXPPP
Si le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit «profondément préoccupé» par les incendies en Amazonie, pour Emmanuel Macron, ces feux constituent une «crise internationale» et il donne rendez-vous aux membres du G7 pour «parler de cette urgence». Car, depuis juillet, l'Amazonie brûle.
Selon les scientifiques de l'INPE, l'agence spatiale brésilienne, les feux ont augmenté de 83 % en un an. Pendant juillet, 1 340 km2 de forêt ont été détruits. C'est la taille du Luxembourg ou de l'agglomération de Londres. Chaque minute, l'équivalent de 3 terrains de football brûle. Lundi dernier, un impressionnant nuage noir a couvert Sao Paulo, dans le sud-est du Brésil. Les incendies dans l'Amazonie, à plusieurs milliers de kilomètres, en sont la cause. Ricardo Salles, le ministre de brésilien de l'Environnement, affirme que «tous les effectifs de secouristes et les avions» sont mobilisés.
Brûler la forêt pour du soja et des bœufs
Les actes et décisions de Jair Bolsonaro en matière d'environnement sont-ils responsables des feux ? Selon le Fonds mondial pour la nature, il n'y a pas de doute. Les incendies sont dus à la déforestation, amplifiée par l'action du gouvernement. Des parcelles de l'Amazonie sont défrichées et remplacées par des zones de culture de soja et d'élevage de bœufs. L'exploitation des mines dans la région accroît également l'ampleur de la déforestation. Claudio Angelo, chercheur à l'Observatoire du climat à Brasilia, explique que «Bolsonaro est en train d'abolir à peu près toutes les politiques environnementales instaurées depuis 1992».
Pour s'opposer aux mesures du gouvernement brésilien, l'Allemagne et la Norvège ont suspendu leurs aides financières de 35 et 30 millions d'euros. Face aux critiques de la société civile, le Président brésilien insinue que ce sont les ONG qui ont déclenché des incendies. Selon l'élu brésilien, les associations chercheraient à «attirer l'attention» en commettant «des actions criminelles». Le conflit entre Bolsonaro et les ONG pourrait s'envenimer. Le Président brésilien assume avoir «retiré l'argent» aux organisations. Les dizaines de milliers de feux en Amazonie ont provoqué de vives émotions, souvent exprimées sur Internet.
Sur Twitter, le mot-clé «PrayForAmazonas» a été la 1re tendance mondiale. Des dizaines de milliers d'internautes ont écrit à propos des incendies et partagé des photographies de feux, parfois montrant des événements datant de plusieurs années ou provenant d'autres régions du monde.La situation en Amazonie est extrêmement préoccupante. Pourtant, de 2004 à 2012, les gouvernements brésiliens avaient pris des mesures contre la déforestation. Lorsque Jair Bolsonaro a été élu Président du Brésil en 2018, son principal opposant, Fernando Haddad, a prédit que c'était «le début de la fin pour l'Amazonie».
Raoni : «Nous risquons tous de mourir»
D'abord, ce sont ses lèvres déformées par un plateau labial traditionnel qui éveillent l'intérêt. Ensuite, ses revendications politiques pour la préservation de l'Amazonie et de la culture indigène marquent l'esprit. Raoni Matuktire, ancien chef du peuple kayapo, est depuis plusieurs décennies une figure emblématique de la lutte contre la déforestation.

Le chef indigène Raoni Metuktire. Crédit photo : Gero Rodriguez / Shutterstock
Au courant de la décennie 1970, Raoni est déjà une espèce de porte-drapeau de la cause amazonienne. Mais, c'est en 1989, lorsqu'il fait une tournée internationale avec le chanteur Sting, que Raoni accède à une immense notoriété.
Durant des décennies de lutte, il a été officiellement soutenu par de nombreux responsables politiques, comme François Mitterand et Jacques Chirac. En 2010, il mène la fronde contre la construction du barrage Belo Monte, dans l'Amazonie. Il est alors soutenu par des artistes comme Arnold Schwarzenegger, Bernard Lavilliers et Jacques Weber. Quelques années après, en 2013, Raoni demande la reconnaissance internationale du crime d'écocide. À présent, Raoni est un nonagénaire. Il continue d'exprimer avec fermeté ses convictions pour la préservation de l'Amazonie.
Avec Macron en mai
En mai, il a fait un nouveau tour d'Europe pour dénoncer Bolsonaro qui n'arrête «pas de détruire la forêt amazonienne». Avant d'expliquer que «s'ils détruisent tout, nous risquons tous de mourir». Quand Emmanuel Macron l'a reçu, il a promis d'organiser un sommet international sur les autochtones, au printemps ou à l'été 2020. Raoni s'exprimera à Bordeaux, le 7 septembre.
Valentin Chomienne/La Dépêche.fr (23/08/2019)
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