Le plasticroûte, cette nouvelle forme de pollution marine liée aux déchets plastiques

Publié le par Jean-Louis Schmitt

À cause des tonnes de déchets qu'il rejette chaque année dans l'eau, l'humain a créé le "plasticroûte", une croute de plastique bleue qui se colle sur les bords du littoral.

À Madère, une croûte de plastique s'est formée sur près de 10 % des rochers du littoral. Crédit photo : Ignacio Gestoso Garcia

"Oh chéri, regarde cette pierre aux reflets bleutés, comme elle belle !", s'exclame Jean, en maillot de bain, sur une plage de Madère. Jean a tort de s'enflammer à la vue de cailloux teintés de bleu. Ces reflets intrigants ne sont rien d'autre que du "plasticroûte". Un nom à la consonance un peu absurde mais qui reflète pourtant une triste réalité. 

Le "plasticroûte", des restes de polyéthylène

Chaque année, nous rejetons 600.000 tonnes de plastique dans les océans, selon les chiffres du Fonds mondial pour la nature (WWF). On connaît déjà les terribles effets de cette pollution avec le rejet d'ordures sur les plages ou encore la formation de véritables "continents" de déchets au milieu de l'eau. Mais les spécialistes de l'environnement ont remarqué l'apparition d'un nouvel effet dû aux rejets massifs de plastique dans les eaux : le "plasticroûte". Ces fines paillettes de plastique, incrustées dans les roches au bord de l'eau, ont été repérées à Madère au Portugal. Réputée pour ses paysages verts, ses volcans, ses plages et ses falaises, l'archipel de quatre îles doit désormais compter le "plasticroûte" à ses particularités. Le matériau aurait déjà recouvert 9,46 % des roches de Madère selon les travaux de plusieurs chercheurs publiés dans le journal spécialisé Science of the total environment. 

Ces scientifiques, qui font partie du MARE, le Centre de sciences environnementales et marines de Lisbonne, ont commencé à observer ce changement sur les côtes il y a plusieurs années, en 2016. "Nous sommes retournés sur le site plusieurs fois entre 2017 et 2019, et nous avons constaté que les micros morceaux de plastique étaient toujours plus nombreux. C'est pourquoi nous avons lancé une surveillance rigoureuse du phénomène", explique Ignacio Gestoso García, biologiste marin, dans une interview donnée à nos confrères de CNN.

https://www.sciencesetavenir.fr/assets/inline-img/2019/07/08/w453-104645-190626125243-01-plastic-rocks-beaches-intl-exlarge-169.jpgLe polyéthylène s'incruste dans les rochers. Crédit photo : Ignacio Gestoso Garcia.

Après plusieurs tests réalisés sur des échantillons prélevés sur place, les scientifiques ont réussi à identifier la composition exacte de cette croûte de plastique. Il s'avère qu'elle est contient principalement du polyéthylène, l'un des types de plastiques les plus utilisés dans le monde. On retrouve le polyéthylène dans les emballages plastique mais aussi les matériaux de construction ou encore les équipements médicaux.

Quel impact pour la faune et la flore ?

Pas d'inquiétude pour l'homme en première instance. En revanche, les chercheurs craignent que ce plastique ne perturbe l'écosystème marin, en particulier les petits organismes vivants qui peuplent les côtes de Madère. "L'impact potentiel que ces "plasticroûtes" pourraient engendrer devra être examiné de plus près", souligne l'étude. "L'ingestion potentielle de ces "plasticroûtes" par des organismes vivant au gré des marées pourrait ouvrir la voie à l'arrivée des plastiques dans la chaîne alimentaire marine. Par conséquent, il faudrait examiner son intégration dans une catégorie de débris marins.

Pour l'instant, l'étude de ce nouveau phénomène reste conscrit à l'archipel portugais de Madère mais Ignacio Gestoso Garcia se dit convaincu que l'apparition de "plasticroûte" pourrait se généraliser sur les côtes à travers le globe. "Nous sommes assez convaincus que ce phénomène ne concerne pas seulement Madère et qu'il sera très probablement bientôt rapporté dans d'autres régions du monde", souligne le spécialiste. Chaque seconde, 10 tonnes de plastique sont produites à travers le monde…

 

Coralie Lemke/Sciences et Avenir (09.07.2019)

 

 

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Publié dans Environnement

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K
Pas d'inquiétude pour l'homme ? Ben voyons !!!<br /> Mais pour les autres êtres marins vivants, il y a de quoi s'inquiéter !!!
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J
Nature morte...
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C
très néfastes. pas d'inquiétude pour l,instant pour l'homme mais pour combien de temps. ? je pense que les mamifères marin seront aussi touchés. Attendons les résultats de l'étude !!!
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Z
Et non biodégradable ! Voilà l'empreinte que nous laisserons! ça fait rêver !
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D
la croûte terrestre devient plasticroûte
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J
Si, selon les chercheurs, il n’y a "pas d'inquiétude pour l'homme"... il est évident que tout cela aboutit néanmoins dans la chaîne alimentaire et, il est probable qu’un jour on finisse par découvrir que ce qui n’est pas bon pour les autres créatures ne l’est pas non plus pour nous ! Un juste retour des choses en quelque sorte…
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