Abeille et guêpe
Deux hyménoptères bien proches et bien différents : on pardonnera bien sûr à l’abeille sa douloureuse piqûre en raison des services qu’elle nous rend par l’incroyable labeur qu’elle consacre à la découverte, à la récolte et au transport du pollen et du nectar vers l’usine en perpétuelle activité qu’est la ruche. Songe-t-on que le miel a été des siècles durant, pour nos ancêtres, le seul sucre qui leur fût accessible jusqu’à l’importation du sucre de canne et la découverte de la betterave saccharifère ?
La seconde espèce, malgré son élégance et son vêtement vivement coloré de noir et de jaune, jouit d’une opinion nettement moins favorable : il est vrai que les guêpes ne semblent jamais occupées à un travail permanent, utile à une communauté. La guêpe de nos jardins volette de-ci de-là, rapide et légère, toujours en quête de quelques morceaux à dépecer de ses robustes mandibules. Très éclectique, elle apprécie tour à tour la viande, le fruit mûr ou les confitures, ce qui ne l’empêche pas, d’ailleurs, de vivre en colonie, de construire un nid, souvent souterrain, toujours tapissé d’un riche papier buvard savamment fabriqué et longuement mâchonné.
Avouons que la piqûre de guêpe peut se révéler dangereuse, par exemple dans le cas où l’on mange un fruit qu’elle est en train de creuser. Ajoutons que celle de la guêpe géante portant le nom de frelon doit être redoutée. Cela dit, reconnaissons que les méthodes habituelles de destruction des guêpes sont sauvages : noyer un nid souterrain dans l’eau bouillante quand il existe d’autres moyens, paraît difficilement acceptable. On utilise souvent pour se protéger des guêpes par exemple, si l’on prend un repas en plein air, des pièges variés, quand on ne se contente pas de couper en deux ces insectes alors qu’il semble facile de détourner leur attention en plaçant sur le sol, à quelque distance, des substances capables de les attirer : confiture, viande…
Quoi qu’il en soit, souhaitons que ceux qui aiment prendre leur repas au jardin sachent y regarder à deux fois avant de décider du choix de la méthode qui leur assurera la tranquillité souhaitée. Je ne désire nullement me faire piquer mais j’imagine mal un jardin d’été privé de cet admirable insecte rayé au vol léger.
Théodore Monod
Guêpe commune (Vespula vulgaris) et Guêpe poliste (Polistes dominula). Photos : JLS (Cliquez pour agrandir)
Ce petit texte est extrait de « Paix à la petite souris » de Théodore Monod
Paru aux Editions Desclée de Brouwer (septembre 2001)

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