La désobéissance fertile : vivre en symbiose avec la Nature

Publié le par Jean-Louis Schmitt

La révolution aurait-elle lieu dans les bois ? Vivre au plus près de la Nature tout en participant à la régénération du vivant, sans attendre que la législation évolue en faveur de notre environnement : voici venu le temps de la désobéissance fertile.

https://lareleveetlapeste.fr/wp-content/uploads/2019/04/image-couv-site-82828.jpgCrédit Photo : Jonathan et Caroline

Peuple de la forêt, hors-la-loi ?

Après la désobéissance civile, place à la désobéissance fertile ? Partout en France, des personnes expérimentent d’autres modes de vie, au plus près possible de la Nature, avec pour « objectif absolu de régénérer la Vie, sans se préoccuper des lois existantes ». Où la désobéissance civile dénonce une injustice perpétrée par une institution pour la changer, la désobéissance fertile veut permettre l’expérimentation et la création de nouvelles sociétés respectueuses du vivant, sans que ses habitants soient inquiétés par les forces de l’ordre.

« Aujourd’hui, c’est toujours l’économie qui prend le pas sur la Nature pour promouvoir de nouvelles lois. En étant obligés de chiffrer les bénéfices de la Nature pour la protéger, on perpétue un système basé sur l’accumulation de richesses et de profits, comment alors espérer un vrai changement ? Face à l’urgence climatique, il y a une réelle nécessité d’apprendre à vivre autrement, de sortir de l’anthropocène pour aller vers un « Naturocène ».Ces quatre dernières années, je me suis beaucoup investi dans les lois et j’ai vu la lenteur avec laquelle les choses évoluent. La loi peut faire jurisprudence sur une situation donnée, mais il faut que nous puissions avant tout expérimenter par nous-mêmes.»  Jonathan Attias, pionnier dans la désobéissance fertile

Jonathan et Caroline ont choisi d’habiter dans une forêt en Corrèze avec leurs deux enfants de façon autonome dans une communauté d’une dizaine de personnes. La maison leur a coûté moins de 1 000 euros alors qu’elle est bioclimatique. Ils ont construit eux-mêmes leur cabane de 40 m2 avec des matériaux trouvés sur place : du bois, de la terre et du foin. Ce choix de vie radical n’est pas un long fleuve tranquille, ils ont énormément réduit leurs besoins pour vivre en accord avec leurs valeurs : récupération de baies vitrées en déchèterie, un poêle à bois pour la maison, une machine à laver avec pédalier, un chauffe-eau solaire, et bientôt la transformation d’huile de friture en carburant. Ils refusent également toute aide sociale comme le RSA.

https://lareleveetlapeste.fr/wp-content/uploads/2019/04/image-1.jpgCrédit Photo : Jonathan et Caroline

Créer une solidarité

Ce droit à l’expérimentation se veut populaire et accessible à tous. En effet, de nombreux éco-lieux restent assez élitistes avec un prix d’achat pouvant aller de 300 000 à 1 million d’euros, loin d’être à la portée de toutes les bourses, même quand des personnes se constituent en groupe pour les acheter. Jonathan veut ainsi créer une plateforme internet pour que les propriétaires de terrains sensibles au concept puissent le mettre à disposition des gens qui veulent créer ce genre de projet. Les propriétaires pourraient en échange bénéficier de biens produits sur les lieux : nourriture, vannerie, menuiserie…

Ses créateurs proposent de voir la désobéissance fertile comme une posture philosophique que chacun ou chacune peut s’approprier. Pas besoin d’adopter soi-même ce mode de vie pour y participer : un médecin peut décider de soigner gratuitement les habitants, un magasin mettre à disposition ses invendus, un urbain décider d’investir dans un terrain, des soutiens intellectuels ou pragmatiques, etc.

« Nous avons choisi d’habiter un lieu d’une profonde poésie qui n’est pas animé par une haine du système, mais habité par du beau et du vivre-ensemble. La désobéissance fertile s’oppose à la destruction du vivant pour régénérer notre environnement. En assumant ce choix de vie, nous souhaitons que celles et ceux qui veulent vivre au plus près de la Nature ne soient plus traités comme des marginaux. » Jonathan Attias, pionnier dans la désobéissance fertile

https://lareleveetlapeste.fr/wp-content/uploads/2019/04/imge-4.jpgCrédit Photo : Jonathan et Caroline

Vivre en régénérant la forêt et le vivant

Jonathan et Caroline n’ont pas choisi de s’installer en forêt par hasard. Les forêts françaises sont en danger : elles souffrent de malforestation et deviennent peu à peu d’immenses monocultures sans vie, bradées pour les secteurs privés. La désobéissance fertile souhaite encourager le rachat et la protection des forêts pour empêcher leur annihilation, et leur laisser le temps de se régénérer.

https://lareleveetlapeste.fr/wp-content/uploads/2019/04/image-2.jpg  https://lareleveetlapeste.fr/wp-content/uploads/2019/04/image-3.jpgCrédit Photos : Jonathan et Caroline

Dans cette lignée, l’association Faîte et Racines s’est ainsi constituée en Corrèze pour acquérir une forêt mixte de 8 ha, comprenant principalement des châtaigniers et pins sylvestres, mais aussi du hêtre, du chêne, du bouleau, de l’épicéa, du charme et du merisier. L’association veut empêcher la coupe rase de cette forêt pour favoriser des usages vivriers ou professionnels en accord avec son rythme de vie, et sans détruire toutes les espèces qui y vivent.

Dès juin et juillet, Jonathan, Caroline et leurs pairs vont ouvrir leur lieu de vie pour former gratuitement ceux qui le souhaitent à la construction de cabanes à partir de matériaux naturels, et de la vie en pleine nature. Leur but : inspirer la création d’autres lieux de désobéissance fertile.

 

Laurie Debove/La Relève et la Peste (29 avril 2019)

 

 

 

 

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A
Bonjour, comment prendre contact avec Jonathan et Caroline, svp ?<br /> Cordialement.
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L
Domi, permettre ce genre de vie posera des problèmes et demandera une bonne appréhension des problématiques du "vivre ensemblee" <br /> En attendant, Goudronn beton pollution... se multiplient eux surtout, sans vraiment poser de problème éthiques à la majorité.<br /> Alors soyons moins frileux si possible sinon gare au coup de chaud ensuite... ????
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Z
Je trouve cela extrêmement intéressant et positif.
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M
Très belle initiative : Vive la désobéissance fertile !
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C
Les idées foisonnent et les valeurs, tant humaines qu’écologiques de ces "désobéissants" sont hautement respectables ! De plus, ils ne nuisent à quiconque et font leur possible pour limiter au maximum leur impact écologique et environnemental : ce ne sont pas des donneurs de leçons mais, véritablement, des pionniers ! D’accord ou pas d’accord avec leur choix de vie, ils n’en méritent pas moins toute notre aimable considération. <br /> Merci pour cette intéressante publication !
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J
Mon impression est mitigée. J'oscille entre les avis de Domi et Jean-Louis.
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J
Je trouve ces expérimentations, que d’aucuns voient d’un œil très critique en raison de leur marginalité, au contraire très réjouissantes ! Certains osent se lancer dans d’autres modes de vie sans rien devoir à personne –refus du RSA- et sont, de surcroît, formidablement imaginatifs et créatifs… La dénomination même (la désobéissance fertile) est, à elle seule, tout un poème !
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D
Un cas isolé peut sembler sympa, s'il se multipliait on assisterait à un déplorable mitage, utopie pas morte !
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