Au secours des Ânes
"Nous savons tous qu’en France, les isards, les ours, les ortolans… tendent à disparaître. Mais, un autre animal glisse vers l’oubli : l’âne ! "(Paul Guth)
Souvent malmenés, méprisés, considérés comme le "cheval du pauvre", nombre de malheureux baudets se sont littéralement tués à la tâche : abondamment exploités pour les travaux agricoles, le transport de victuailles ou de marchandises, les ânes, largement détrônés par la mécanisation, sont désormais devenus inutiles et ne subsistent, hormis quelques exceptions, quasiment plus qu’à l’état d’animaux de compagnie !
"Nul ne sait mieux que l'âne où le bât blesse."
Bien avant que le chemin de fer et l’automobile n’apparaissent, l’âne, par sa petite taille et son caractère flegmatique, était un des moyens de transport les plus usités : il servait aussi bien pour charrier les bidons de lait, à tirer les grumes en forêt, à porter les caisses de munitions et le ravitaillement pendant les guerres, il travaillait dans les mines… l’âne, corvéable à merci, était véritablement incontournable ! Ce qui n’a pas empêché le brave animal d’être constamment l’objet de railleries, de moqueries et de passer abondamment pour un sot… qu’il n’est évidemment pas, loin s’en faut ! Qui ne se souvient de ces horribles et déshonorants bonnets d’âne desquels de piètres pédagogues affublaient "l’ignorant" ou l’élève distrait ? Un châtiment bien peu enviable pour les punis et tout aussi dégradant pour les grisons qui se seraient bien passés d’un tel avilissement…
"Dans les temps anciens, il y avait des ânes que la rencontre d'un génie faisait parler. De nos jours, il y a des hommes que la rencontre d'un génie fait braire." Victor Hugo.
Dans le Puy-de-Dôme, une association se bat depuis plus de 50 ans pour défendre et protéger les ânes.
"L’A.D.A.D.A. (Association nationale Des Amis Des Ânes) est la plus ancienne association nationale de défense et de protection de l’âne. Créée en 1968 par le peintre corrézien Raymond Boissy, à proximité d’Ambert (63), elle avait à l’époque pour principal objectif de réhabiliter l’âne, alors de plus en plus rare dans les campagnes françaises. « Mais depuis, sa situation a bien changé, explique Marinette Panabière, la présidente de l’association. Il est devenu à la mode avec tous les risques que cela entraîne, dénonce-t-elle. On achète un ânon, petite peluche vivante, et, quand il grandit, on n’en veut plus ! ». Pour accueillir ces animaux en détresse, l’association s’est dotée d’un refuge en 2003, qui abrite désormais 325 ânes, bardots et mulets de tous âges" (1).
" Nous sauvons des ânes dont on ne veut plus, dont le maître est décédé, ou promis à la boucherie " Marinette Panabière, présidente de l’ADADA
Le scénario est hélas toujours un peu le même et c’est ainsi que des animaux hier encore choyés, adulés, parfois même vénérés par leurs propriétaires, se retrouvent petit à petit remisés, abandonnés quand ils ne sont pas de surcroît maltraités… mais, l’abandon n’est-il pas une maltraitance en soi ?
Toujours est-il qu’ils sont nombreux à se retrouver dans des situations critiques suite au désengagement de "maîtres" déloyaux : si certains ont la "délicatesse" de les confier directement à un refuge, d’autres ont nettement moins de scrupules : au final, l’A.D.A.D.A. ou d’autres structures du même genre, récupèrent parfois des animaux dans un état physique ou psychologique catastrophique ! C’est alors que le savoir-faire mais, surtout, toute l’affection des soigneurs et des bénévoles font de véritables miracles : avec beaucoup de patience, parfois avec l’aide et les conseils avisés de comportementalistes, des cas a priori désespérés ont pu être sauvés ! Ça ne fonctionne bien sûr pas toujours mais, têtus comme leurs protégés, les bénévoles n’abandonnent jamais la partie pour sauver un pensionnaire de plus…
Quelques chiffres…
Comme bien d’autres structures similaires, l’A.D.A.D.A. doit faire face à de nombreuses difficultés pour poursuivre ses objectifs ! C’est que, nourrir et soigner quotidiennement l’ensemble de ses protégés ne s’improvise pas et nécessite, au contraire, une gestion rigoureuse : il faut des moyens financiers –environ 5 000 € par mois pour les soins-, des infrastructures, des prés –le refuge dispose de 70 hectares qui nécessitent la mise en place et l’entretien de quelques 25 kilomètres de clôtures-, des réserves de fourrage -environ 350 tonnes de foin par an-… Comme on peut s’en douter, les aides et dons de tout genre sont, dans ces cas, toujours bienvenus et hautement appréciés autant par les bêtes que par les bonnes gens qui se font un devoir de les entretenir jusqu’à leur dernier souffle !
Parrainez un âne !
Lorsque les pensionnaires du refuge sont remis sur pieds, soignés, identifiés, vaccinés, éduqués (ou rééduqués selon le cas), castrés (pour les mâles), ils sont proposés à l’adoption ! Il y en a environ une vingtaine ainsi à trouver chaque année un foyer d’accueil qui s’engage (sous contrat) à s’en occuper et à leur donner toute l’affection qu’ils méritent ! Une belle aventure tant pour les adoptants que pour les heureux élus… Malheureusement, faute de candidats "accueillants", les possibilités de placement sont trop rares : beaucoup doivent donc rester au refuge ce qui, en soi, n’est pas une punition puisqu’ils y sont en sécurité et y disposent de tout ce dont ils ont besoin naturellement ! Aussi, afin d’aider la structure à poursuivre son œuvre dans les meilleures conditions, l’A.D.A.D.A. propose aux personnes qui, pour diverses raisons, mais principalement faute de place chez eux, ne peuvent accueillir un équidé, une formule de parrainage : peut-être serez-vous cette bonne fée qui se penchera bientôt sur Eva, Marine, César ou un autre ?
Toute la famille asine et leurs amis vous en remercient très chaleureusement !
JLS*
- Extrait d’une publication parue sur le site de la Fondation 30 Millions d’Amis
*Article paru dans le n° d’avril 2019 de la revue Vivre en Harmonie
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