Le Renard n’est pas un nuisible !
Nouvelle action en faveur du renard de la part de l’ASPAS qui demande au ministre de la Transition écologique De Rugy de retirer cette espèce de la sinistre liste des animaux "susceptibles d’occasionner des dégâts" (la nouvelle terminologie pour désigner les « nuisibles »). Les associations Anymal et One Voice se joignent à cette requête… Et vous ?
Peu d’animaux sauvages ont été autant pourchassés et détruits, par tir, piégeage, déterrage, enfumage, et même gazage et empoisonnement, que le Renard roux en France. Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)
Voici la lettre ouverte adressée à F. De Rugy
Monsieur le Ministre,
« Vous allez prochainement établir la nouvelle liste des espèces animales jugées « susceptibles d’occasionner des dégâts », en France, nouvelle terminologie adoptée en 2016 pour désigner ceux que l’on qualifiait jusqu’à récemment de « nuisibles ». Si la sémantique a évolué, le traitement réservé à ces espèces reste cependant le même.
Cette étiquette, imposée à des êtres sensibles, permet en toute légalité aux chasseurs et aux piégeurs de s’acharner sur leurs populations sans répit, à longueur d’année, avec le recours de pratiques parfois barbares et d’une grande cruauté ; des pratiques qui sont paradoxalement punies par la loi quand elles sont appliquées aux animaux d’élevage ou de compagnie.
Accusé de tous les maux, le Renard roux figure encore aujourd’hui sur cette triste liste d’êtres indésirables, alors que de très nombreuses études scientifiques démontrent l’utilité de ce canidé proche du chat et du chien dans la chaîne alimentaire et l’équilibre des milieux naturels.
Redoutable prédateur, le renard joue également un rôle écologique apprécié des agriculteurs, en chassant les micromammifères ravageurs de récoltes. Dans un modèle agricole qui veut se passer de pollution chimique, le renard a un rôle de tout premier ordre à jouer.
Opportuniste, le renard joue notamment un rôle sanitaire, en s’attaquant prioritairement aux proies faibles et malades, ainsi qu’aux charognes. Et surtout, selon une étude récente, sa présence aurait tendance à naturellement freiner la propagation de la maladie de Lyme.
Omnivore, le renard se nourrit à la bonne saison de fruits et de baies sauvages, et participe ainsi, par ses laissées, à la dissémination des graines et au repeuplement des arbres fruitiers et autres arbustes dans nos campagnes.
Peu d’animaux sauvages ont été autant pourchassés et détruits, par tir, piégeage, déterrage, enfumage, et même gazage et empoisonnement, que le Renard roux en France. Actuellement, des chiffres annuels stupéfiants sont encore évoqués (jusqu’à un million de renards tués !) et l’on peine à comprendre comment l’espèce parvient à survivre à l’ampleur de ces massacres, dont la raison et la finalité heurtent le bon sens.
Les études le montrent, cette « gestion » cynégétique, coûteuse, ne sert strictement à rien ; en effet, le territoire libéré par un renard sera immédiatement occupé par un autre renard. Quant à leur prolifération supposée, nullement démontrée, elle relève du pur fantasme : les populations de renards se régulent d’elles-mêmes, comme il a été démontré dans certains pays où sa chasse est interdite (par exemple le Luxembourg), ou strictement encadrée.
Les 12 et 13 mai 2017, à Paris, le colloque « Renard » organisé par l’ASPAS qui a rassemblé scientifiques, chercheurs, agriculteurs ou encore agents de l’État, a permis de mettre en lumière de nombreuses données sur le renard. Compilées dans des actes rendus publics sur aspas-nature.org, toutes aboutissent au même constat : le renard n’est pas un nuisible !
Face au changement climatique et à l’effondrement catastrophique de la biodiversité, deux réalités intimement liées, l’urgence de la transition écologique passe aussi et surtout par un meilleur respect, une meilleure compréhension de la nature qui nous entoure. En 2019, il n’est plus acceptable d’autoriser le massacre continu des renards, et en premier lieu l’horrible pratique de la vènerie sous terre, dès lors que l’utilité écologique et sanitaire de l’animal est reconnue par la communauté scientifique. Et quand bien même l’utilité des renards ne serait pas démontrée, rien ne justifierait qu’on les massacre à ce point. Avant d’être utiles ou nuisibles, ils sont, tout simplement, et ils obéissent à leur nature intrinsèque, que cela nous plaise ou non. Si nous ne voulons pas courir à notre perte, le 21e siècle se doit d’être celui de la protection, et non plus de la destruction : face au cataclysme écologique annoncé, la sagesse voudrait que nous travaillions avec la nature, et non plus contre elle. »
ASPAS (13.03.2019)

Si vous avez apprécié cette publication,
partagez-là avec vos amis et connaissances !
Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,
Abonnez-vous !
C’est simple et, naturellement, gratuit !