L’oiseau papillon
Il est réellement étonnant dans ses manières de se déplacer et de vivre sur les falaises les plus verticales : le bien-nommé Tichodrome échelette est évidemment merveilleusement adapté à son milieu…
Tichodrome échelette ou tichodrome des murailles (Tichodroma muraria). Photo : ©Laurent Bellard (Cliquez pour agrandir)
Son milieu ce sont les falaises : il n’y vit pas seul puisque quelques choucas et des hirondelles de cheminée fréquentent les cavités ! Le faucon pèlerin et le grand corbeau ne sont pas bien loin non plus mais le Tichodrome ("celui qui court sur un mur" chez les grecs) a l’avantage de pouvoir se nourrir sur place (son long bec lui permet d’extraire toutes sortes d’insectes, d’araignées, de larves, de cloportes et autres invertébrés… des crevasses) et d’élever en ces lieux hostiles ses jeunes…
Relativement petit (il est de la taille d’un moineau ou d’une sitelle), le Tichodrome se rencontre principalement en altitude, dans les massifs montagneux des Alpes ou du Jura ! Avec de la chance (voir ici) il arrive néanmoins que certains observateurs le croisent a l’occasion jusqu’en plaine (lire ci-dessous).
Le tichodrome explore les falaises de bas en haut, d'une manière très agile. S'aidant de ses pattes, il donne l'impression de marcher sur la paroi, ou progresse par bonds, puis s'élève légèrement de quelques coups d'aile. Arrivé en haut de la falaise, il se laisse tomber comme une pierre jusqu'en bas, et recommence sa progression. Son vol est très léger, papillonnant, adroit, mais semble toujours désordonné. L'espèce pratique également le vol plané et utilise les courants thermiques pour visiter des parties plus élevées de la falaise. L'oiseau descend aussi au sol, notamment pour y faire sa toilette dans un ruisseau ou prendre un bain de poussière. Le tichodrome serait un gros dormeur, disparaissant tôt le soir dans une fissure pour y passer la nuit, et ne reprenant son activité qu'assez tard le matin, après les autres espèces…
Le Tichodrome échelette visite parfois les monuments en hiver
Si le Tichodrome échelette niche en haute montagne, à plus de 1 000 mètres d'altitude, certains oiseaux peuvent être vus en hiver (entre octobre et mars) sur les cathédrales, les églises, les forts, les ponts... parfois à des centaines de kilomètres des massifs montagneux. Il a ainsi déjà été observé par exemple sur la cathédrale de Chartres (Eure-et-Loir) en janvier 1997, sur le Panthéon à Paris durant l'hiver 2003-2004, sur la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers (Deux-Sèvres) de décembre 2008 à mars 2009, sur la cathédrale d'Angoulême (Charente) en mars 2009 ou sur l'église des Riceys dans l'Aube de janvier à mars 2009. Il explore alors les murailles et murs, et reste souvent au niveau de leur partie inférieure. Il est beaucoup moins farouche qu'en haute montagne.... Il disparaît parfois brusquement pour aller explorer d'autres parties du monument, avec un vol papillonnant typique. Il dort chaque nuit dans une cavité ou une fissure, souvent la même: ainsi, lorsqu'il a séjourné sur le Panthéon à Paris, il rejoignait chaque soir un emplacement précis, et des dizaines d'observateurs étaient alors positionnés avec des longues-vues et des jumelles pour assister au "Coucher du Roi". Un Tichodrome échelette a été découvert à la mi-décembre 2009 sur les remparts du fort du Mont Valérien, dans les Hauts-de-Seine, non loin de Paris: il explorait le long mur de l'enceinte (surtout la partie sud, où les observateurs ont une meilleure visibilité) et les alentours du mémorial (Croix de Lorraine). L'oiseau était souvent vu au pied des remparts…
Protection-menaces
Le Tichodrome échelette est assez commun mais il est parfois très difficile de l’observer à cause de son habitat souvent inaccessible. Cette espèce est protégée dans la majeure partie de l’Europe, mais elle est considérée comme « en danger critique d’extinction », « vulnérable » ou « presque menacée » en Pologne, au Liechtenstein et en Slovaquie. Elle est sur la liste rouge en Allemagne. Le Tichodrome échelette est menacé par le développement des loisirs humains et des activités liées à la montagne comme l’alpinisme, causant des dérangements sur les zones de reproduction.
Merci à Laurent Bellard pour les magnifiques photos d’illustration de la présente publication !
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