Une première liste rouge de la flore établie en France !

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Baromètre de santé de la biodiversité d’un pays, la liste rouge – qu’elle soit mondiale ou nationale – permet de mettre en lumière les espèces en voie d’extinction. Alors que nous vous parlons régulièrement de la liste dédiée à la faune, le comité français de l’UICN a publié le 24 janvier celle de la flore vasculaire de métropole. Une étude inédite que l’organisme définit lui-même comme une base scientifique. Alors quelles plantes sont les plus menacées en France ? A vous de le découvrir.

Un travail titanesque pour établir la liste rouge de la flore française

On appelle flore vasculaire « l’ensemble des plantes à fleurs, des fougères et des conifères » précise l’UICN. Leur point commun : elles possèdent toutes de la sève. Il s’agit donc de la plus grande partie des végétaux que vous voyez autour de vous ! En établir la liste rouge aura nécessité plus de trois ans de travail aux experts de l’UICN France, des Conservatoires botaniques nationaux, de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN). Un travail titanesque de recoupage de données et de comparaison de près de 30 millions de datas pour finalement déterminer la santé des 4 982 espèces de plantes vasculaires que compte la France métropolitaine (hors plantes invasives ou importées). Il existe déjà de nombreuses listes rouges de la flore des territoires d’Outre-mer, plus ou moins récentes. Il ne restait donc plus qu’à se pencher sur les plantes de métropole !

Les principales statistiques de la liste rouge des espèces menacées en France

Rappel : une espèce animale ou végétale est considérée comme menacées quand elle se situe dans l’une des trois catégories suivantes : vulnérable (VU), en danger (EN), en danger critique (CR).

Sur les presque 5 000 espèces de flore vasculaire que compte le territoire :

  • 2 sont éteintes à l’état sauvage : il s’agit de la cotonnière négligée, qui n’est pas évaluée au niveau mondial, et de la violette de Cry qui a malheureusement totalement disparu de notre planète,
  • 22 ont disparu au niveau régional mais subsistent encore ailleurs,
  • 51 sont en danger critique d’extinction,
  • 132 sont en danger d’extinction,
  • 238 sont considérées comme vulnérables,
  • 373 n’ont pas pu être classées faute de données suffisantes.

La saxifrage œil-de-bouc -Saxifraga hirculus.

Les 4 164 autres plantes ne sont pour le moment pas considérées comme menacées, soit 83 % de la flore française. En revanche, 8,4 % des espèces vasculaires sont, elles, en danger d’extinction sur notre territoire. Attention, il faut bien prendre en compte qu’une espèce en train de disparaître en France peut encore être courante à travers le monde. Il ne s’agit pas là d’une liste rouge mondiale mais bien nationale. Par exemple, la saxifrage œil-de-bouc, une fleur jaune qui vit dans les tourbières, est en danger critique d’extinction en France mais non menacée au niveau international.

La flore menacée endémique de France métropolitaine

En revanche, pas moins de 63 espèces de plantes endémiques de France métropolitaine sont menacées et là c’est bien plus grave. Si elles disparaissent, à moins d’avoir une culture ou des semences de secours, l’espèce s’éteindra définitivement. Parmi ces végétaux qu’on ne trouve qu’en France et qui pourraient disparaître dans les prochaines décennies : l’armérie de Belgentier, l’armoise insipide, l’orchis de la Brenne, l’ail de Corse ou encore la marguerite du Midi.

Des menaces qui rappellent celles de la faune

Les principales causes de disparition de ces plantes ne nous sont malheureusement pas étrangères. Dans son communiqué, l’UICN cite notamment :

  • la modification des habitats naturels,
  • l’urbanisation croissante,
  • l’artificialisation des terres,
  • l’intensification ou l’abandon de certaines pratiques agricoles.

En revanche, l’impact du changement climatique n’est pas encore estimé. Des études sont en cours pour en connaître les réelles répercutions. Pour la faune, elles sont déjà bien visibles et notamment en Australie où des températures exceptionnelles ont déjà causé de nombreux dégâts.

Pour autant, les experts se veulent rassurants et des mesures sont déjà en place pour protéger cette flore menacée. « Plusieurs espèces comme la saxifrage œil-de-bouc et le panicaut vivipare font l’objet de plans nationaux d’actions. Des sites naturels abritant des plantes menacées comme la renoncule à fleurs latérales, le séneçon des cours d’eau ou la benoîte à fruits divers bénéficient de mesures de gestion et de protection. Le développement de banques de semences et la mise en culture de plants contribuent à la conservation des espèces les plus menacées, comme la très rare saxifrage de Gizia », explique le communiqué de la liste rouge.

 

Cécile Arnoud/Espèces menacées.fr (25.01.2019)

 

Découvrir la liste rouge complète de la flore vasculaire de métropole

 

 

Si vous avez apprécié cette publication,

partagez-là avec vos amis et connaissances !

Si vous souhaitez être informé dès la parution d’un nouvel article,

Abonnez-vous !

C’est simple et, naturellement, gratuit !

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
une alarme de plus : il fut cultiver notre jardin comme Candide
Répondre
Z
Entre impuissance et rage , il nous reste à danser ... la carmagnole !
Répondre
O
La Carmagnole je ne sais pas, "Danse macabre" à coup sûr. Nos ancêtres y voyaient je crois une métaphore de justice, riches, pauvres, puissants logés à la même enseigne. Ils avaient une vision confuse de l'avenir. Nous avons maintenant une idée plus précise grâce aux progrès incroyables des sciences. Nous allons donc dans le mur l'esprit clair et léger, en connaissance de cause. Nous dansons mais pas ensemble. Nous dans nos minables F3, d'autres dans des lodges somptueux aux Seychelles. C'est plus chic, la classe ça se mérite. pensez dès aujourd'hui à placer vos économies minables sur un compte off-shore.
O
Cher Jean-Louis je sens comme une once de défaitisme dans tes propos matinaux. Nous nous accrochons à nos acquis comme la moule syndicaliste au rocher du patronat, c'est vrai. Nous nous fichons des désastres à venir et c'est probablement mieux comme ça. L'inertie du système est telle qu'un changement de cap semble illusoire. Le prêchi-prêcha écolo ne sert pas à grand chose, c'est à la limite du contreproductif. Puisque c'est irrémédiable soyons fun. Foin de tisanes, champagne pour tout le monde et du meilleur. Amusons nous en participant joyeusement au suicide collectif au lieu de répandre nos aigreurs. Une fois la fête terminée des extra-terrestres facétieux mettrons des bouquets de fleurs des champs, d'armoise insipide peut-être sur nos tombes.
Répondre
V
Oui, et il en manque... Et ce que je ne vois plus par exemple ce sont les coquelicots (entre autre)... J'adore cette fleur... Et d'ailleurs d'autres manquent c'est vrai, mais on le voit avec la disparition des papillons et de certains insectes.
Répondre
J
Ceci n’est qu’une confirmation –une de plus- de ce que nous observons autour de nous au quotidien ! Cela fait-il changer les comportements pour autant ? Pas du tout ! Au contraire, on s’accroche à nos ‘’acquis’’ et, une grande majorité de nos contemporains se fichent complètement de ce désastre écologique qui se joue sous leurs yeux ! ‘’Heureux les simples d’esprit…’’ sans doute car, toutes ces préoccupations ne les atteignent nullement ! Peut-être qu’après tout ce sont eux qui ont raison… puisque de toute manière on ne peut arrêter la marche du monde ! Et puis, qu’importe que certaines plantes disparaissent puisqu’on a mis leurs graines en sécurité ? Cela dit, voilà qui ne servira pas à grand-chose si on ne préserve pas les biotopes…
Répondre