Pollution : les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus exposés

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Un rapport de l'Agence européenne de l'Environnement montre qu'il y a un lien entre les inégalités socio-économiques et l'exposition à la pollution.

Une vue de la ville industrielle de Pernik en Bulgarie, l'une des plus polluée d'Europe. Photos : AFP/Archives/Dimitar Dilkoff

Les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables -enfants, seniors- en Europe sont aussi les plus exposées à la pollution de l'air et sonore, s'alarme l'Agence européenne de l'Environnement dans un rapport publié lundi 4 février 2019"De manière générale, plus vous êtes pauvre en Europe, plus les risques sont élevés de vivre dans une zone avec une mauvaise qualité de l'air", a expliqué le directeur de l'AEE Hans Bruyninckx lors de la présentation du rapport à la presse à Bruxelles.

Une analyse des relations entre inégalités socio-économiques et environnementales

L'agence de l'UE, basée à Copenhague, publie pour la première fois en 25 ans d'existence une "analyse exploratoire" de la relation entre inégalités socio-économiques et inégalités environnementales, d'où elle tire comme conclusion le besoin de politiques coordonnées. "La santé des citoyens européens les plus vulnérables reste affectée de manière disproportionnée par les risques" liés à la pollution de l'air et à la pollution sonore, ou encore les températures extrêmes (froid ou chaud), met en garde l'AEE.

Ainsi les régions d'Europe de l'Est (dont la Pologne, la Hongrie, la Roumanie ou la Bulgarie) et du sud de l'Europe (Italie, Espagne, Portugal, Grèce), qui affichent des taux de chômage plus élevés et de scolarisation plus faibles que la moyenne, sont plus exposées aux particules fines (poussières, fumée, suie, pollen...) et à l'ozone. Dans ces mêmes zones d'Europe, la vulnérabilité de ces populations, qui a aussi une moyenne d'âge plus élevée, "peut réduire les capacités individuelles à répondre à la canicule, et donc avoir des résultats négatifs en matière de santé", ajoute l'agence.

Certaines initiatives sont efficaces pour lutter contre les risques environnementaux

Et si les zones urbaines de l'UE, plus riches, souffrent de la pollution au dioxyde d'azote (NOx, rejeté par les moteurs diesel), là encore "dans ces régions ce sont toujours les communautés les plus pauvres qui tendent à être exposées à des niveaux locaux plus élevés". Ces inégalités ne sont qu'"en partie" prises en compte dans les politiques environnementales actuelles de l'UE, estime l'AEE. "Les politiques de l'UE n'exigent pas explicitement d'actions spécifiques de la part des États membres pour réduire les inégalités dans l'exposition et la vulnérabilité", notent les auteurs du rapport.

L'agence salue tout de même certaines réponses jugées "efficaces" pour lutter contre ces différents types de risques environnementaux, comme la gestion du trafic routier (par exemple dans la ville belge de Gand qui a interdit la voiture dans son centre), ou l'encouragement à la marche (Malmö en Suède et Edimbourg au Royaume-Uni en font la promotion pour conduire les enfants à l'école) et du vélo. Ou encore les logements de bonne qualité (notamment en matière d'isolation y compris pour lutter contre la chaleur).

Sciences & Avenir (05.02.2019)

 

 

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Publié dans Environnement

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G
Nous vivons une époque formidable: on pollue ici, et grâce aux différents vents, on "déguste" ailleurs. Quelle plaie. Merci Jean-Louis pour ce panorama explicatif multiple. Effrayant !
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J
Le seul intérêt de ces études est de "mesurer" les conséquences évidentes qualitativement.
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K
Hélas !<br /> Bonne soirée Jean-Louis
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P
Encore un article passionnant, merci J.Louis. Ce rapport nous montre qu'il vaut mieux être riche que pauvre .On s'en doutait, mais il est bon de le rappeler. Sauf cas particuliers le riche vit plus longtemps, en meilleur santé dans de jolies maisons. Le pauvre vit près du périphérique, fume, abuse de mauvais alcools et mange des cochonneries en regardant la télévision. Le riche joue du violoncelle, lit Proust, déguste des sushis, passe ses vacances aux Seychelles et place son argent dans des paradis fiscaux. Le pauvre ne rien de tout ça .Le pauvre devrait être un peu plus compréhensif avec les riches. Le riche a besoin des pauvres pour le rester, le pauvre a besoin du riche pour rêver. Un bel exemple d'économie circulaire. Je m'aperçois avec stupeur que j'ai oublié de parler des particules fines. Mais pour une fois que les gens modestes ont droit à des choses un peu raffinées et gratuites, on ne va pas les plaindre.
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J
Pierre balance des particules très fines.......
D
bon sujet de réflexion
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Z
Ce rapport est destiné à ceux qui vivent depuis des générations dans une tour d'ivoire et à qui on a raconté que ce qu'ils voyaient , quand ils levaient les yeux de leurs comptes boursiers , était une mauvaise série B ! D'ailleurs, afin de ne pas les choquer , on a mis un carré blanc pour ne pas parler des SDF au ras du bitume, des migrants climatiques ou autres pauvres bougres. Saluons donc avec respect "les mesures efficaces" et encore une fois évitons de railler ou douter que l'on réfléchit chez les têtes pensantes!!!
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J
S l'article évoque ici l'UE, que penser des pays vraiment pauvres du monde?
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J
Quand je pense qu’il faut de (coûteux) rapports pour arriver à des conclusions pareilles qui sont d’une évidence élémentaire… En attendant, cela occupe certains technocrates ce qui, après tout, n’est déjà pas si mal !
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