Le potager du paresseux : jardiner sans efforts avec du foin.

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Je vous l’ai déjà présenté (voir ici et ) : revoilà Didier Helmstetter ! Cette fois ce n’est pas dans son jardin que vous pourrez le rencontrer mais lors d’une conférence, autre activité de notre jardinier finalement pas si paresseux que cela !

Didier Helmstetter en son potager... Photo : JLS (Cliquer pour agrandir)

Didier Helmstetter en son potager... Photo : JLS (Cliquer pour agrandir)

L’utilisation de foin, en lieu et place d’autres matières (paille, compost, écorces, feuilles mortes…), est la clef du dispositif. Il joue 4 rôles essentiels, ce qui permet au jardinier de paresser. D’abord, comme toute couverture opaque (si l’épaisseur est suffisante), il bloque les adventices annuels, qui ne germent plus. Pas besoin de biner ou de piocher. Ensuite, il entretient une intense vie biologique dans le sol, avec notamment les vers de terres (particulièrement ceux du groupe des «vers anéciques », qui creusent des galeries verticales). Ils seront nombreux et très actifs car bien nourris. En réalité, c’est toute une armada d’organismes qui se mettent à l’œuvre pour « travailler » et construire le sol. Cette activité aboutit à la sécrétion de glus. Elle enclenche un processus d’ « aggradation » du sol (c’est le contraire de la « dégradation »). Ainsi naturellement, sans aucun travail, cela conduit, en quelques mois, à un sol «qui se présente comme du couscous ». Inutile de bêcher ou de passer la grelinette. « Et surtout, ne pas utiliser de motoculteur, qui massacre les vers en les déchiquetant ! »

Par ailleurs, la couverture assure une protection du sol et de ses organismes contre les agressions : les « grumeaux » (agrégats) qui se forment ne sont pas dégradés par le choc des gouttes de pluie ; même sous des orages violents, et malgré la pente, il n’y a aucune trace d’érosion, pas de particules fines emportées ; la fertilité reste. Protégé du vent et du soleil, le sol est maintenu humide ce qui favorise l’activité des organismes et la croissance des végétaux. Pas besoin de sarcler pour que le sol reste meuble et aéré. Enfin, la décomposition du foin fournit au sol, et par là aux plantes, tous les éléments nutritifs indispensables à leur croissance. Et pas seulement les quelques éléments « majeurs » (les fameux N-P-K) qu’on apporte avec les engrais. Ces éléments ont été prélevés dans la prairie, lors de la croissance de l’herbe, qui a absorbé tout ce dont une plante a besoin. Le foin est donc aussi un « engrais organique très complet », à libération lente puisqu’il doit d’abord être décomposé, ce qui se fait naturellement selon le rythme de la croissance des plantes (les organismes du sol qui s’en chargent suivent aussi le rythme des saisons). Inutile de fertiliser ! Même le fumier, « qui n’est que ce qui reste du foin quand il a traversé le tube digestif des animaux, qui y ont prélevé leurs nutriments, mélangé à de la paille, plus pauvre encore », est sans intérêt !

Voilà, en très résumé, les « ressorts naturels » sur lesquels s’appuie cette façon de faire… Et cela explique pourquoi les résultats sont si spectaculaires.

Il est à noter que la paille (sauf à utiliser de la paille « bio ») renferme des résidus des divers traitements subis par la céréale, dont des fongicides souvent pulvérisés quelques semaines seulement avant la récolte, des raccourcisseurs, des herbicides, alors que le foin issu de prairies naturelles n’a, en règle générale, pas été traité. « Raison de plus pour privilégier le foin à la place de la paille ! »

Dernière surprise : « Il est aussi à noter que cette façon de faire marche bien mieux et plus vite en installant son potager dans une prairie ou un gazon ou même une friche ». Dans un jardin « classique », le sol aura été matraqué et en partie empoisonné, la population de vers anéciques sera faible voire inexistante en cas d’usage intensif du motoculteur, d’engrais minéraux et de certains pesticides même « bio » (le cuivre, couramment utilisé en « bio », est un poison pour le sol, les vers, les champignons, les mycorhizes ; il s’y fixe). Dans le cas d’un tel sol, il faudra persévérer parfois une demi-douzaine d’années avant que les mécanismes naturels ne reprennent le dessus ! Dans une prairie, il suffira de 6 mois ou 1 an pour que tout soit « top » !

Source : Econologie.com

Le jeudi 28 février à la GAP de Lorentzen

Rencontre avec le célèbre alsacien Didier Helmstetter pour découvrir des pratiques de jardinage hors du commun et accessibles à tous.

Prix libre, R.D.V à 20h à la Grange Aux Paysages de Lorentzen.

 

 

 

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H
Bonjour,<br /> J'ai appliqué pour la seconde année le principe de la "phénoculture" mais je dois dire que je rencontre un ennemi du potager qui me créer de sérieux problème...<br /> Les limaces, belles et bien rouges et les petites, les plus difficiles, les noires...<br /> Je suis preneur de toutes les solutions pour éliminer ce nuisible sachant qu'à ce jour aucun produit ni aucune méthode n'a été utile. Il en vient toujours... et le foin est un bel abris pour ces bestioles.<br /> Puis-je espérer une réponse et une solution à mon souci?<br /> Merci à vous..<br /> Hubert
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H
La question des limaces est complexe. Impossible de la traiter sérieusement ici :<br /> a) il est normal que les limaces s'installent avant les auxiliaires qui vont vous aider à les contrôler ; les premières années sont donc parfois "horribles" ! Pas de lions sans gazelle ! Les gazelles viennent toujours d'abord !!!<br /> b) Mais encore faut-il installer tout un système où tous les auxiliaires trouvent une place (une "niche") : hérissons (bof !), orvets et crapauds (oui !), carabes et staphylins (oui, oui !)... si ce n'est canards ou poules...<br /> c) Et puis ne pas contrarier leur circulation par des espaces "propres", des clôtures, des bordures...<br /> d) L'été, il faut essayer de garder des limaces, sinon les auxiliaires meurent ou s'en vont ! Les "restes" de légumes (choux, laitues) feront l'affaire, pour les nourrir sans dégâts...<br /> e) Et parfois, la nature "dérape" quand même : alors il existe des solutions pour les attirer (et les ramasser), pour l;es repousser (menthe SECHE - à essayer, je ne l'ai pas encore fait car je n'ai pas de "gros" problème), pour "traiter" (le Ferramol) ou faire du biocontrôle (nématodes Ph - Phasmarabditis hermaphrodita)...<br /> Did67
D
Pour un abonnement à vos publications. Merci !
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J
Bonsoir Martine, <br /> De quelles publications parlez-vous : celles de mon blog ou celles du potager du paresseux de Didier Helmstetter ?
P
Je suis ouvert à toutes les expériences, enfin presque. Je souhaiterais savoir sur quel type de sol Mr. Hemstetter a mené ses travaux. Merci.
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H
Entre temps, je sais : le sol est argilo-limoneux.
D
Je n'ai pas encore fait d'analyse de sol. C'est prévu. C'est un sol en haut de pente, sur le piémont. Assez peu profond. Sur socle de marnes ("keuper" du trias). Du point de vue texture, il est assez équilibré, même s'il peut se fissurer en cas de sécheresse. Il est naturellement assez pue fertile : la prairie sur laquelle je suis partie était une "pauvre prairie naturelle bien maigre" ! Mais il y a des "phénoculteurs" sur toutes sortes de sol. PLus le sol ets purement argileux, et plus les organismes auront du mal à l'aggrader (améliorer sa structure). Donc plus cela mettra de temps.<br /> Did67
M
Pour en venir à la phénoculture, l'auteur a suivi tout un cheminement d'observations et de découvertes, tantôt en forêt, tantôt en prairie. Il rapporte dans son bouquin « Le potager du paresseux » toute sa compréhension de la nature et cela a débouché sur sa méthode de jardinage avec foin…
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J
Pour les ‘’locaux’’ qui ne pourront se rendre à Lorentzen, Didier reviendra dans la région à l’occasion d’une soirée organisée par l’ASVI (Association de Sauvegarde de la Vallée de l’Isch) : ce sera le 12 avril à Hirschland !
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D
Je reviendrai même à Lorentzen, pour l'association des arboriculteurs, le 5 avril à partir de 19 heures.<br /> Ils auront donc le choix !<br /> Did67
Z
Très intéressant !
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A
Le foin, testé et approuvé depuis qq années sur nos planches maraîchères... nous utilisons aussi les refus des animaux. Ce que les vaches n'ont pas mangé convient très bien aussi ????
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D
C'est du foin. Peut-être un peu moins à leur goût ? Je fais l'hypothèse que les vers, qui se farcissent du carton chez certain, de la paille chez d'autres, seront ravis !<br /> Did67
D
quand on pense que "foin de" exprime la répulsion ...
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