La FAO met en garde contre le risque de pénurie alimentaire faute de biodiversité

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Un rapport de la FAO rappelle l'importance de la biodiversité et alerte sur les conséquences dévastatrices que la disparition d'espèces pourrait avoir sur l'agriculture et l'alimentation.

La biodiversité qui est à la base de nos systèmes d'alimentation, à tous les niveaux, est en baisse à travers le monde. Photo : JLS

La FAO met en garde, dans un rapport alarmant publié vendredi 22 février 2019, sur le risque de pénurie alimentaire en raison de la diminution drastique de la biodiversité dans l'agriculture et l'alimentation. Ce rapport, le premier de ce genre jamais réalisé par l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), "présente des preuves toujours plus nombreuses que la biodiversité qui est à la base de nos systèmes d'alimentation, à tous les niveaux, est en baisse à travers le monde".

Le rapport de la FAO est basé sur des observations effectuées dans 91 pays

L'organisation rappelle l’importance des 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Éradication de la pauvreté et de la faim, amélioration de l’éducation et de la santé dans le monde, ou encore lutte contre la déforestation sont quelques-uns des domaines prioritaires identifiés par l’Organisation des Nations Unies. Elle a fixé comme priorité d'atteindre ces objectifs d’ici à 2030. Et la biodiversité a un impact important sur plusieurs de ces grandes problématiques.

Le rapport est basé sur des observations effectuées dans 91 pays. Les comptes rendus nationaux ont relevé le rôle clé de la diversification dans l’agriculture. La FAO annonce : "La biodiversité pour la nourriture et l’agriculture comprend non seulement les cultures et le bétail, les arbres plantés et récoltés et les espèces aquatiques pêchées ou élevées, mais aussi la myriade d'autres espèces de plantes, d'animaux et de micro-organismes qui soutiennent la production, que ce soit en créant et en maintenant des sols sains, en pollinisant des plantes, en purifiant l’eau, en assurant une protection contre les phénomènes météorologiques extrêmes, en permettant aux ruminants de digérer des matières végétales fibreuses ou en fournissant d’autres services indispensables."

La disparition d'espèces sauvages met en danger la production agricole

Des myriades d'organismes qui sont aussi à la base de la production agricole, comme certains insectes, voire micro-organismes, participent à cette biodiversité mais sont menacés. Tous les jours des espèces ou des plantes, qui ne pourront jamais être retrouvées, disparaissent, avertit ce rapport. Un grand nombre de ces espèces rendent des services importants aux cultures, que ce soit des pollinisateurs, des prédateurs d’insectes nuisibles ou des organismes qui modèlent la structure du sol. La FAO note que les connaissances scientifiques sur de nombreux animaux, par exemple les micro-organismes et les invertébrés, pourraient être approfondies afin de réellement comprendre leur rôle dans les écosystèmes.

L'organisation internationale souligne aussi que 75 % des récoltes dans le monde dépendent de la pollinisation au moment où les colonies d'abeilles se font par exemple de plus en plus rares. Géographiquement, c'est en Amérique latine et dans les Caraïbes que la biodiversité, très riche, est aussi la plus menacée, relève encore ce rapport. 

La biodiversité est essentielle pour lutter contre les maladies et les parasites

Les productions agricoles qui manquent de diversité dans les cultures sont beaucoup plus vulnérables à des chocs comme des maladies ou des parasites que celles reposant sur davantage de biodiversité, assure la FAO. Et de citer en exemple les conséquences dramatiques de la quasi-disparition de la pomme de terre en Irlande au milieu du 19e siècle, qui servait alors de nourriture de base aux paysans de l'île. Or le nombre de races d’animaux d’élevages en danger d’extinction est en augmentation. Et du côté des espèces aquatiques, un tiers des espèces de poissons d’eau douce sont menacés.

L’organisation est notamment inquiète des variations liées au changement climatique, comme la montée des températures, la modification des précipitations ou l’émergence de maladies. Elle annonce dans le rapport : "De nombreuses espèces, races d’animaux ou variétés de plantes ont des caractéristiques distinctives qui les aident à faire face à de tels défis, ce qui leur permettrait d’améliorer la résilience des systèmes de production face aux effets du changement climatique." Une meilleure gestion de la biodiversité permettrait de rendre les écosystèmes plus résistants au changement, d’améliorer les conditions de vie et de garantir la sécurité alimentaire.

La FAO invite les gouvernements à agir pour préserver la diversité

Les pratiques agricoles visant à favoriser la biodiversité ont certes progressé, mais il reste encore beaucoup à faire, selon la FAO, qui appelle les gouvernements à se saisir du problème. L'organisation des Nations unies rappelle l'importance de cette biodiversité des espèces et des cultures. L'humanité cultive environ 6.000 plantes pour se nourrir mais, en réalité, seules 200 d'entre elles contribuent à remplir son assiette et neuf seulement représentent 66 % de toutes les récoltes dans le monde.

Sciences et Avenir (23.02.2019)

 

 

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G
La biodiversité: nul besoin d'être gourou pour imaginer son importance et notre défaite si l'on n'y prend garde. Ca fait froid dans le dos.
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J
C’est comme pour tout ce qui pose problème, dans le sens d’un frein à une économie, comme tu le dis Jean-Louis, basée sur la croissance perpétuelle, on fait des études et encore des études pour prouver et encore re-prouver qu’il y a des problèmes écologiques, des problèmes de santé publique avec des substances dangereuses, des risques vitaux etc. Toutes ces études qui visent à confirmer ce qui l’a déjà été de multiples fois mais aussi à « noyer le poisson » pour se donner un alibi d’action devraient être dénoncées et attaquées comme une non action coupable vis à vis de la planète et de tout ce qui y vit.<br /> À titre d’exemple, il y a eu à l’échelle mondiale plus de 300 études visant à prouver l’effet néfaste de la pollution atmosphérique sur la santé qui toutes ont abouti à la même conclusion : c’est dangereux ! Et je ne vous parle pas des études ou pseudos études contradictoires, lancées uniquement pour faire gagner du temps aux différents pouvoirs en place. La plupart des organismes officiels soit disant créés pour nous préserver, ne sont en fait que des boulets bien humains pour botter en touche. Nous ne sortirons pas de ce système pourri sans action forte et donc ,de fait , décriée, malmenée, dénoncée, piratée par les autorités en place.
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P
A la naissance de la FAO nous étions 3 milliards environ, maintenant plus de sept. Des gens pleins de bonnes intentions sans doute. Mais l'organisme en question a souvent prôné la chimie, les méthodes agricoles productivistes, les OGM dans le but louable de nourrir tout le monde. Et bien c'est loupé. Même s'il n'y a plus de grandes famines, nous sommes nourris mais pas très bien, cela au détriment de l'espace, de la bio diversité et du bon fonctionnement des éco-systèmes.La FAO est pleine de contradictions, par ses choix elle a favorisé l'accroissement des populations ce qui est un non sens. On ne pleurera pas la disparition de la FAO, dont le financement est mis en question je crois.
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C
J'y ai déjà pensé et c'est alarmant. Personnellement, ca me fait un peu peur. Bonne journée
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D
eh oui hélas, quand on détruit les grands équilibres....
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Z
Les promesses électorales n'engagent que ceux qui y croient et surtout pas les lobbys divers et variés!
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J
Simple piqûre de rappel de ce qui est une évidence… et pourtant nullement prise en compte pour autant ! On pérore à l’envi de "croissance" alors qu’il faudrait en toute logique et urgemment cesser cette folle course vers le toujours plus de consommation ! On n’a jamais autant parlé de la "biodiversité" que l’on sait cruellement menacée et, dans le même temps, on continue à la détruire (voir le GCO en Alsace, le projet autoroutier près d’Arles… et il y a plein d’autres exemples)… ou est la cohérence ? Où sont les actes forts promis par notre président pour amorcer une vraie transition énergétique, pour booster l’agriculture biologique et sortir de la spirale infernale dans laquelle s’englue l’agriculture conventionnelle ?
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P
La cohérence ou l'absence de cohérence est dans le fait que l'on ne sait pas faire autrement, ou plutôt on sait, mais on a pas vraiment envie d'en assumer les conséquences, ce que nos politiciens retors de tout bords savent parfaitement alors ils en usent et abusent.<br /> Nous sommes des veaux, disait notre bon général, il n'avait pas tout à fait tort et les petits soubresauts, fluos ou autres ne m'inspirent pas confiance, quoi qu'on en dise.