L’arbre, l’animal, l’homme et la nature

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Homo sapiens, dégradé en homo economicus, ne mérite guère son nom de « sage », ni même de « savant ». Depuis deux cent mille ans, il compromet partout où il passe la vie dans sa fragile et merveilleuse diversité…

Chevrette. Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)

Chevrette. Photo : JLS (Cliquez pour agrandir)

Même ses cousins, les Néandertaliens furent ses victimes quand ils ne furent pas ses partenaires sexuels, puisque notre ADN comporte des gènes de cette espèce. Avec l’essor des techniques et l’explosion démographique contemporains, la nocivité d’homo economicus n’est plus à démontrer, puisque nul ne peut nier la mort de la biodiversité, l’épuisement des ressources, l’altération du climat par modification de la composition chimique de l’atmosphère, fléaux dont sa cupidité, sa cruauté sont les œuvres.

Or, n’en déplaise à son orgueil mégalomaniaque, l’humain est une espèce comme une autre. Biologiquement, l’homme connaît le sort de tous les êtres vivants et anatomiquement, physiologiquement, génétiquement, il est un animal, ce qui n’est pas être rien.

Différent ?

Bien sûr, mais pas plus différent que la vache ne l’est de la chouette effraie. Il y a un propre de l’homme, évidemment, au même titre que le rat à un propre au regard du dauphin. Le propre de l’homme tient à sa manière d’appréhender le monde, avec une immense capacité d’abstraction. Il n’est pas plus « riche en monde » que le chien qui appréhende, notamment par l’odorat, des informations qui stupéfieraient l’humain s’il pouvait en prendre connaissance. L’animal non-humain n’est pas plus pauvre en monde que l’homme, mais celui-ci maîtrise mieux que tous les autres la faculté d’abstraction conceptuelle ce qui lui permet de maîtriser, très imparfaitement encore, son destin individuel et collectif.

Réjouissons-nous de cette maîtrise et souhaitons qu’elle s’accroisse jusqu’à cet horizon où l’homme aura vaincu la souffrance et l’angoisse. Mais cette maîtrise confère à l’humain des devoirs envers le vivant. L’homme doit apprendre le respect de la vie et l’amour de la nature dont il est une composante, sa culture n’étant que sa propre nature. Or, nos contemporains perdurent à se conduire en prédateurs déprédateurs, en exterminateurs, soit par stupidité, soit plus souvent par cupidité.

Notre société pourrit par l’argent.

Pour faire de l’argent, des humains nocifs, sans frein, sans limite, coulent du bitume, du béton, artificialisent, rentabilisent, exploitent au détriment de l’arbre, l’animal et les autres hommes. Pour la survie de notre espèce et du vivant, notre temps a davantage besoin de nature que de routes, d’aéroports, de lotissements ou de surproductions frénétiques. Une étude entomologique allemande révèle qu’en 25 ans, la population d’insectes volants s’est effondrée de 80% en ce pays et au niveau mondial, 40% des insectes ont disparu. Corrélativement, oiseaux, reptiles, amphibiens s’effacent de la planète des homo economicus, pollueurs, tueurs, exploiteurs, spéculateurs donc « nuisibles ».

L’Histoire jugera ces affairistes, ces élus, ces dirigeants qui participent à la mort du vivant par intérêts sordides et par mépris de la vie. Comment concilier le vrai progrès, la maîtrise, le combat contre la souffrance, la maladie, la mort et, dans le même mouvement, sauver la nature et cesser d’être infernal pour les autres êtres vivants ? Tout simplement en acceptant de partager la terre avec les insectes, les oiseaux, les loups, les ours, les lynx et tout ce qui possède le droit imprescriptible de vivre à nos côtés.

Que pouvez-vous faire pour sauver la vie ?

Administrer votre jardin en réserve naturelle avec quelques arbustes utiles, quelques herbes folles, des nichoirs et des points d’eau pour la petite faune. Bannir les pesticides et autres poisons qui tuent tout au seul profit de firmes criminelles qui font de l’argent en aseptisant l’espace naturel.

En votant !

Oui, en votant pour des élus à l’esprit désenclavé, assez éclairés pour avoir compris que sauver la nature est un défi primordial, assez honnêtes pour ne pas succomber aux corruptions des marchands d’asphalte et de grands travaux nocifs. Naguère, la grande querelle des hommes était de changer le monde. Aujourd’hui, la grande querelle est de le sauver.

 

Gérard Charollois

 

 

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" Hubert Reeves Actuellement, l’Homme mène une guerre contre la Nature. S’il gagne, il est perdu…" Hubert Reeves

 

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C
L'Humain est un cancer pour la planète et pour lui-même; il s'autodétruira bientôt. Mais à l'échelle du cosmos, la planète s'en remettra et de nouvelles espèces animales apparaîtront; l'une d'entre-elles aura peut-être les capacités de nous remplacer. Espérons qu'elle soit plus intelligente...
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A
Nous avons créé des machines, des gadgets, des monstres, des engins pour aller voir ce qui se passe ailleurs ! Nous essayons même, maintenant que nous avons quasiment détruit la planète, de conquérir l’espace peut-être dans le but de s’y installer un jour ? Cette nouvelle aventure s’appelle d’ailleurs fort opportunément ‘’la conquête de l’espace’’… Nous sommes, reconnaissons-le, géniaux… et terrifiants à la fois ! Quand nous mettrons autant d’énergie à reconstruire, à réparer, à aimer que nous en mettons à détruire, à tuer et à haïr, la partie sera gagnée ! Autant dire que ce n’est pas demain la veille !
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O
Comme J.Louis je nourris une haine féroce à l'égard des tronçonneuses, ou plutôt à certains utilisateurs. On a pas besoin d'aller en Amazonie. J'ai vu disparaître ici en quelques années des dizaines de chênes "têtards" multi-centenaires remarquables, aussi beaux que celui de Rimsdorf (avis aux connaisseurs). Des arbres qui ne demandaient rien à personne, qui se contentaient d'être beaux au bord de la rivière ou du chemin, dont le seul tort était d'appartenir à des cons insensibles. Abattus en deux temps trois mouvements pour du bois de chauffage, on ne peut même pas en faire un planche convenable. Et je ne parle pas des arbres d'alignement au bord des routes, tronçonnés presque systématiquement à cause du délire sécuritaire de nos élus de terrain, alors qu'ils sont tout de même d'excellents régulateurs de la démographie et des flux routiers, mieux que les 80km heure. Lamentable.
J
Parmi les nombreuses inventions humaines, il y les armes qui donnent à notre espèce une supériorité indéniable ! Un pouvoir de nuisance inouïe aussi… Dans le même ordre d’idée, il y a aussi la voiture et, plus généralement tout ce qui pollue ! Enfin, il y a cet engin diabolique que, personnellement j’exècre et qui fait également des dégâts incroyable : la tronçonneuse ! Couper un arbre centenaire ne prend plus guère que quelques minutes et on semble prendre un malin plaisir à en abattre quotidiennement des millions… sans pour autant se donner le mal d’en replanter au moins autant ! C’est la politique du profit immédiat sans se poser les bonnes questions sur les conséquences de nos actes effectivement très nuisibles !
A
La justesse du propos est, une fois de plus, imparable... N'ayant pas peur de le dire encore et encore : nous sommes une calamité pour la planète !
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Z
Des élus suffisamment éclairés pour être capables de ne pas être les jouets des lobbys et de s'opposer à ce qu'on leur dit de faire , je me demande si, là, on n'est pas en face d'une espèce en grand danger d'extinction , voire même disparue! <br /> Pour le reste Homo économicus me désespère!
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O
A la sortie du Paradis nous étions censés croître, nous multiplier et dominer la nature. Les voeux de notre Créateur sont maintenant comblés au delà des espérances. Objectif atteint à 150%. Notre cousin Néanderthal un plouc fruste et infréquentable, n'aurait certainement pas fait mieux.. Nous avons inventé l'automobile, le mixer, l'oreiller à mémoire de forme, les centrales nucléaires, le tango, les spaghettis à la Bolognaise, la liste est longue. Et surtout mille manières hilarantes pour nous entretuer et occir tout ce qui bouge. C'est formidable, une réussite totale. Des civilisations comme ça il n'y en aura pas deux. Aucune honte à avoir. Nous pouvons maintenant regarder notre absence d'avenir en face avec une légitime fierté. De la belle ouvrage.
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S
Entièrement vrai.<br /> J'adhère complètement.
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D
Moi Gérard je dirai bien changer le monde pour le sauver, et sauver l'homme par la même occasion, mais sauver l'homme, c'est pas forcément bon pour le monde, car cette espèce possède le plus fort potentiel de nuisance
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