Déchets nucléaires: Greenpeace met en garde contre une "saturation" mondiale

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Greenpeace a alerté mercredi contre un risque de "saturation" mondiale des déchets nucléaires, mettant également en cause des projets d'enfouissement profond des déchets hautement radioactifs.

L'une des piscines de refroidissement de l'usine de retraitement nucléaire de La Hague, en mars 2017. Photo Adeline Keil

Le rapport commandé par la branche française de l'ONG à plusieurs experts passe en revue les divers déchets produits par la "chaine" du combustible nucléaire, de l'extraction de l'uranium aux combustibles usés déchargés des réacteurs. Mais c'est surtout ces derniers, "les plus dangereux", sur lesquels Greenpeace veut attirer l'attention. Selon le rapport, il existe aujourd'hui "un stock mondial d'environ 250.000 tonnes de combustibles usés hautement radioactifs" répartis dans une quinzaine de pays.

Et la majorité "reste entreposée dans des piscines de refroidissement sur les sites des réacteurs", note le rapport. Piscines de stockage qui selon un précédent rapport de l'ONG sont "vulnérables" aux attaques extérieures. Le rapport pointe en particulier du doigt la France où l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a déjà souligné le risque de saturation des immenses piscines de La Hague où refroidissent les combustibles irradiés des centrales. "Il n'y a pas de risque de saturation des piscines de La Hague avant 2030", a assuré mercredi un porte-parole du groupe Orano (ex-Areva), assurant disposer encore de 200 emplacements (chacun représentant 5 tonnes de combustible usé), et en utiliser 20 supplémentaires par an.

Le rapport s'inquiète également du "danger potentiel" de l'"accumulation" dans les piscines des réacteurs américains, qui contiennent "trois à quatre fois plus de combustible nucléaire usé que ce qui était prévu par les concepts d'origine".

Archives : François Nascimbei/AFP

Alors que les piscines se remplissent, "aucun pays au monde ne dispose d'une solution pour les déchets de haute activité", écrit Pete Roche, un des auteurs, consultant spécialisé en énergie et militant anti-nucléaire. Et "un nucléaire sans solution pour ses déchets c'est comme un avion sans piste d'atterrissage", a commenté Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France.

Le rapport passe en particulier au crible la gestion des déchets nucléaires dans sept pays (Belgique, France, Japon, Suède, Finlande, Grande Bretagne et États-Unis). "L'industrie nucléaire, avec le soutien des gouvernements à différents niveaux, maintient le choix du stockage géologique du combustible usé (...). Pourtant, nulle part dans le monde, un stockage souterrain viable, sûr et durable à long terme n'a été mis en place", insiste le texte, estimant que même en Suède et en Finlande, où les initiatives sont les plus avancées, il reste de "grandes incertitudes".

Le projet français d'enfouissement Cigeo à Bure, dans l'Est du pays, est particulièrement dénoncé. "La vérité c'est que nous arrivons à une situation critique liée à la saturation des piscines de stockage. Pour autant, opter pour l'enfouissement profond serait une erreur grave car on ne pourrait pas revenir en arrière", a insisté Yannick Rousselet, qui plaide pour un entreposage à sec sécurisé en conteneurs en "subsurface".

Le rapport met également en avant l'"escalade" des coûts, notant qu'aucun pays ne dispose "d'estimation crédible de la totalité des coûts qui seront supportés pour gérer les déchets nucléaires pendant de nombreuses décennies, voire des siècles".

AFP (30/01/2019)

 

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Publié dans Nucléaire, Environnement

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J
La première et, somme toute, très petite centrale de Brennilis est toujours en cours de démantèlement, plus de trente après son arrêt ! Certes, étant optimiste, j'espère que l'on va apprendre beaucoup pour 2030 après la fin des opérations à un rythme de sénateur.
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J
Comme quoi, le démantèlement est un excellent pourvoyeur d’emplois aussi puisqu’il y en a pour des décennies ! Avec nos 58 réacteurs pour 19 centrales, il y aura donc du boulot pour un bon moment, youpi !
V
Homo economicus est aussi homo falsificatus Il (se) nous raconte des histoires concernant le bas coût de l'énergie nucléaire, mais ne prend en compte ni le démantèlements des centrales - pour lequel personne n'a d'expérience, ni la gestion des déchets qui pollueront des générations et des générations. Et quid d'un bug énergétique ? Comment arrêtera-t-on les centrales en l'absence de pétrole et d'électricité ?<br /> Comme nous sommes loin de la sagesse amérindienne qui se préoccupe des conséquences de ses actes sur 7 générations...
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D
un souci qu'il ne faut pas oublier
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Z
Déjà qu'en surface ça ne va pas fort, il y a aussi la "poussière" sous le tapis!!!
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J
Très juste !
J
Comme pour Stocamine, on entrepose et on réfléchit après ! Cette manière d’appréhender les situations à l’envers est d’autant plus matière à critique que le phénomène n’est pas nouveau ! La solution du site d’enfouissement de Bure n’est en l’occurrence nullement satisfaisante puisqu’elle ne règle que très partiellement le problème de ces déchets très dangereux et cela pour très, très longtemps ! Des déchets que l’on ne fait qu’ôter de la vue mais dont le pouvoir de nuisance reste entier…
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