Ce qui est reproché à Bruxelles dans le dossier de l’huile de palme

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Cet oléagineux, dont les plantations dévastent les forêts tropicales, reste très prisé des industriels. Et les eurodéputés y opposent des mesures difficilement applicables, pointe Martine Valo, journaliste au service Planète, dans sa chronique.

Des fruits de palmier à huile. Photo : Internet

La vie bruxelloise n’est pas une sitcom. Dans le registre de l’environnement, les acteurs qui gravitent autour des institutions européennes ont beau être récurrents – lobbys, fonctionnaires, représentants des Etats, experts en communication, associations – et les rebondissements nombreux, on ne sait pas toujours qui va l’emporter à la fin de l’épisode. Souvent, mais pas toujours.

Ainsi, mercredi 13 février, dans la soirée, des parlementaires européens et une délégation s’exprimant au nom des Etats-membres sont parvenus à s’entendre pour interdire la pêche électrique dans les eaux communautaires, comme elle l’est dans d’autres régions du monde. Certes, les navires néerlandais, amateurs de cette technique décriée qui consiste à envoyer des impulsions électriques au moyen d’un chalut garni d’électrodes pour déloger le moindre poisson plat, ont jusqu’au 1er juillet 2021 pour racler de la sorte les fonds de la mer du Nord.

Certes encore, La Haye a obtenu une dérogation pour six bateaux au nom d’une discutable « pêche scientifique ». Mais le lendemain, l’ONG Bloom, qui a mené cette longue bataille, pouvait légitimement se féliciter. Il s’agit bien d’une victoire claire : pas question que la Commission européenne permette un retour discret de ce mode de pêche industrielle en le glissant dans quelque acte délégué (en somme, un décret d’application).

L’ire des écologistes

L’épilogue n’est pas toujours aussi limpide. Induire une situation à l’opposé des conclusions qui ont émergé du débat politique sous couvert de quelque règlement technique, voilà précisément ce qui est reproché à l’administration européenne dans le dossier de l’huile de palme. Vendredi 8 février, celle-ci a décidé de soumettre à la consultation publique jusqu’au 8 mars un projet d’acte délégué qui suscite l’ire des écologistes se battant contre la déforestation. D’un côté, avec cette publication, Bruxelles admet que ce type de monoculture géante pose problème dans la préservation de la biodiversité ; de l’autre, elle présente un texte alambiqué qui comporte suffisamment de dérogations pour ne rien changer au statu quo.

Or l’UE est le deuxième plus gros importateur au monde d’huile de palme. Et nul ne l’ignore désormais : l’extension des plantations continue à dévorer les forêts tropicales, en particulier en Indonésie et en Malaisie, qui fournissent 85 % des marchés mondiaux. Des images d’orangs-outans faisant face à des bulldozers en train d’arracher des arbres dans un paysage dévasté ont ému les consommateurs occidentaux. Les firmes de l’alimentaire et des cosmétiques ont entendu le message et réduit leur utilisation. Du coup, l’huile de palme, on en mange moins… mais on en brûle de plus en plus dans nos moteurs. Et les importations sont désormais à plus de 50 % consacrées au secteur des agro carburants…

Martine Valo/Le Monde.fr. (16 février 2019)

 

 

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‘’Il n’y a pas l’homme d’un côté, la nature de l’autre. L’homme est nature.’’ Pierre Rabhi

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Z
Agro alimentaire, agro carburant , agro lobby , accro profit ! <br /> tiens je vais relire le comm de Pierre , son cynisme me va au mora!
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J
Déjà souvent évoqué sur ce blog (voir ici : http://natureiciailleurs.over-blog.com/search/hile%20de%20palme/ ), l’huile de palme ou, plus exactement les gigantesques plantations de palmiers à huile, sont catastrophiques pour l’environnement d’une part en raison des déboisements intensifs qu’elles génèrent, d’autre part pour les dégâts irréversibles qu’elles provoquent sur les populations (animales ou non) autochtones… Un geste simple à préconiser à tous les consommateurs lors de leurs achats : vérifier que les produits ne contiennent pas d’huile de palme ! Quant aux pseudos "biocarburants", ils sont naturellement à proscrire aussi… Enfin, pour ce qui est de l’Union Européenne : il y a des élections en mai prochain ! Ce sera l’occasion de donner votre suffrage aux listes du "Parti Animaliste" qui est le seul à vraiment prendre en compte les sujets concernant l’environnement et les animaux…
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Z
Je ferai la campagne du parti animaliste et je voterai pour eux , ça c'est sûr!
P
(bis) Et il y a ce côté Versailles sous les tropiques, Le Nôtre à Sumatra, ce bel ordonnancement impeccable, une élégance et une classe presque française. N'ayons pas honte de nos succès.
P
Cher J. Louis, l'huile de palmes ce n'est pas un vrai problème, il faut savoir ce que l'on veut. J'ai passé quelques jours il y a longtemps au Guatemala, à Tikal, je peux te dire que la forêt là-bas n'est pas du tout rangée, des plantes placées n'importe comment, des sales bêtes partout, bref l'anarchie. En Indonésie, dans les plantations c'est tout le contraire. J'aime la précision de ces alignements de palmiers à huile, ce côté géométrique, cette propreté, une belle démonstration de notre supériorité face à une nature hostile. Certes il y a quelques orangs-outangs et mendiants dans la forêt primaire. Desproges disait que les juifs montrait une certaine antipathie vis-à vis des nazis, la pareil, autochtones et orangs outangs ne font aucun effort à l'égard des multinationales agro-alimentaires qui pourtant ne rechignent pas à apporter de nombreux bienfaits, emploi, hygiène, amélioration du paysage et j'en oublie. Des ingrats. Alors qu'il suffirait d'un peu bonne volonté, ils se mettent un peu à la crème de jour, au Nutella, aux bio-carburants et le tour est joué. Les problèmes compliqués en apparence ont souvent des solutions simples. Il suffit de demander.