En Albanie, le calvaire des ours dits « de restaurant » détenus en cage

Publié le par Jean-Louis Schmitt

En Albanie, il existe des restaurants qui utilisent des ours bruns pour attirer les clients et touristes. Détenus dans des conditions souvent déplorables, enchaînés dans des cages, ces animaux sauvages mènent une rude vie. Deux d’entre eux, un ours brun mâle et une femelle âgés tous les deux de 12 ans, se préparent à un avenir meilleur.

Captifs depuis leur plus jeune âge

Ces animaux vivent dans la ville de Shkoder, en Albanie. Ils sont retenus captifs dans un mini-zoo privé, à l’arrière d’un restaurant. Leurs journées, ils les passent dans une cage métallique de 60 m². « Cet espace est loin d’être suffisant pour des grands animaux, dénonce l’ONG Four Paws qui a révélé l’affaire. Leur amplitude de mouvement est très limitée, il n’y a pas d’enrichissement ni d’activité et à cause du manque d’abris ou cachettes disponibles, ils sont exposés au vent et aux intempéries tous les jours. » Des conditions que ces ours bruns endurent depuis de nombreuses années puisqu’ils seraient arrivés alors qu’ils n’étaient encore que des oursons. « Selon les dires du propriétaire, les ours étaient des animaux sauvages, leurs mères ayant probablement été victime de braconniers. On ignore la manière exacte par laquelle ils sont arrivés dans ce mini-zoo. Le propriétaire a déclaré qu’il les avait recueillis parce qu’ils n’auraient pas pu survivre par leurs propres moyens », rapporte Four Paws.

A la recherche d’un nouveau foyer

Heureusement, le propriétaire a décidé de fermer son mini-zoo et de se séparer des ours bruns. Une décision qu’il a prise sous le poids des critiques croissantes de la part des touristes et clients, choqués de voir des ours ainsi détenus. L’ONG Four Paws a appris cette nouvelle et décidé de les prendre sous son aile. « Ces ours ont besoin d’un nouveau foyer rapidement », souligne Carsten Hertwig, spécialiste « ours » au sein de Four Paws. Deux solutions sont possibles : soit les envoyer dans l’un des sanctuaires européens de l’ONG, soit dans l’un de ses partenaires. Dans tous les cas, le transfert de ces deux ours nécessite une certaine logistique.

Le calvaire de certains ours en Europe

Le cas de ces deux ours bruns n’est malheureusement pas isolé en Europe. Surtout dans les Balkans où la tradition des « ours de foire » a été longtemps profondément ancrée dans les coutumes locales. « Beaucoup d’ours passent leur vie dans un environnement atroce, dans des cages minuscules à proximité de restaurants ou d’hôtels où ils sont présentés comme des attractions touristiques, déplore Four Paws. Les conditions de vie contraignantes et inappropriées qu’ils subissent sont très stressantes, autant physiquement que mentalement. Bon nombre d’entre eux sont en mauvaise santé. » En 2016, l’ONG estimait qu’ils étaient entre 50 et 80 ours bruns ainsi détenus, uniquement en Albanie où la pratique d’exposer ces animaux pour attirer des clients était répandue jusqu’à récemment. Certains ours étaient même promenés sur les plages, un anneau dans le museau, pour distraire les touristes et poser avec eux au prix d’un euro la photo, racontait en 2016 le journal suisse 24 heures.

Des actions de terrain

L’Albanie étant un pays particulièrement exposé à ces pratiques, Four Paws a lancé une campagne à l’échelle nationale baptisée « Save the saddest bears » ou « Sauvez les ours les plus tristes » en français. Un premier pas dans le bon sens a été fait en mars 2016 avec la signature par le ministère albanais de l’environnement d’un protocole d’accordavec l’ONG. Avec ce document, le gouvernement s’est engagé à trouver des solutions durables et respectueuses pour les ours qui vivent dans des conditions aussi catastrophiques. Pour cela, il doit travailler en collaboration avec Four Paws et d’autres organismes de défense des animaux. Depuis ce texte, 26 ours ont été sauvés et transférés dans des sanctuaires de faune sauvage. Six d’entre eux sont accueillis dans des sanctuaires Four Paws au Kosovo, en Allemagne et en Bulgarie.

L’ONG espère prochainement développer des projets similaires en Bulgarie et au Kosovo où des ours continuent d’être détenus dans de telles conditions.

Jennifer Matas/Espèces menacées.fr (16.01.2019)

 

 

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Publié dans Animaux

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W
Très triste et honteux de voir ce genre de pratique :(
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Z
Il n'y a vraiment que les hommes pour emprisonner, et humilier d'autres êtres vivants pour distraire leurs semblables . Cela me révulse au plus haut point .Merci à cette ONG.
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C
Le tourisme "conscient" peut permettre de faire évoluer certaines pratiques cruelles et littéralement faire évoluer pratiques et traditions..
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D
60 M2 c'est trop peu, aucun animal sauvage ne devrait êtres ainsi emprisonné<br /> Cependant ça me fait penser que trop d'humains ont des conditions de détention encore moins bonnes, par exemple un certain Carlos au Japon...
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J
Bien vu mais, je pense néanmoins que ces malheureux ours sont tout de même moins bien lotis que le dénommé Carlos qui, de toute manière, finira par être blanchit et, je n'en doute pas, largement indemnisé... Sans doute pas par les japonais mais par ses ''amis'' de chez nous qui, au besoin, organiseront une cagnotte (c'est tendance actuellement) !
J
Je lisais justement ce matin un article sur le culte celte de l'ours. L'ours a une symbolique forte dans cette civilisation où il est de loin l'animal et le totem le plus important et le plus représenté dans ce culte. La légende d'Excalibur, qui permet de comprendre le passage entre un monde polythéiste et un monde monothéiste a d'ailleurs pour héros principal le roi Arthur (qui dérive justement de arz en breton, traduction de ours). On peut voir dans la conversion de ce dernier à la chrétienté , la reconnaissance d'une nouvelle religion, plus grande et puissante que la précédente, une religion qui a la force de soumettre l'ours représentant des anciennes croyances. Cette légende ne suffit pas à inverser les modes de pensées du peuple. L'Eglise se lance alors dans une croisade contre l'ours craignant que les cuites liés à cet animal ne lui fasse perdre le contrôle de la population. Elle organisa de nombreuses chasses à l'ours. Elle interdit les spectacles d'animaux, sauf ceux comportant des ours afin de le ridiculiser et de montrer la soumission de cet animal. Tout ceci n'est pas vérifié historiquement, toutefois ces ours semblent payer un prix élevé....
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J
Trop drôle ces cuites, il fallait lire les cultes. Je devais en tenir une bonne.....
J
Voilà une lecture qui tombe véritablement à pic et, connaissant ton insatiable attrait pour tout ce qui est légende, tu as dû te régaler ! Merci pour ces savantes précisions… Petite note d’humour pour finir : les fautes de frappe se révèlent parfois amusantes ! Ainsi cette ‘’perte de contrôle de la population’’ inhérente aux ‘’cuites’’ : logique, non ?
C
C'est triste! Heureusement que cet organisme existe! Bonne journée.
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