Les Jardins du Wiedenthal
Pour faire écho au sujet d’hier (A Munster aussi, on va à l'Essentiel), voici un autre portrait : cette fois d’un jeune et dynamique travailleur de la terre ! Une terre qui, certes, le nourrit mais dont l’ambition est également (et surtout) de nourrir sainement ses contemporains qui, déjà, sont nombreux à lui faire confiance…
Thiébaud des Jardins du Wiedenthal et Nadège, une jeune stagiaire. Photo : JLS (Cliquer pour agrandir)
Une irrésistible bouille d’Harry Potter, un large sourire jovial et un désir évident de partager sa passion avec ceux qui s’intéressent à lui… voilà une brève présentation de Thiébaud, jeune maraîcher bio (une petite trentaine d’année) installé depuis tout juste un an sur la terre de ses aïeux dans le vallon de Wiedenthal près de Munster !
La petite entreprise de production de légumes ne vise nullement de grands desseins d’expansion : elle souhaite, au contraire, demeurer « à échelle humaine », permettre de quoi faire vivre décemment son concepteur dont l’ambition est certes mesurée mais surtout parfaitement légitime et réaliste… pour peu qu’on n’ait pas les deux pieds dans le même sabot évidemment car, comme chacun le sait, la terre est basse et les saisons pas toutes des plus agréables lorsqu’on passe toutes ses journées dehors ! Mais Thiébaud ne rechigne de toute évidence pas devant le labeur qu’il effectue le jour de notre rencontre en compagnie de Nadège, stagiaire qui cherche sa voie, toute aussi enjouée et affable que lui !
Un parcours pour le moins atypique
Thiébaud ne s’est pas toujours vu « paysan » ! En fait, le jeune homme est Docteur en science de la Terre de l’Université de Strasbourg où il a notamment mené de recherches sur « l’altération de la roche dans le bassin versant du Ringelbach » (à proximité du col du Wettstein. Une fois sa thèse en poche, le garçon se cherche encore et désire se donner davantage de temps ! C’est ainsi qu’en 2014, il décide de partir, seul, sur son vélo pour un périple qui le mènera jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle ! De rencontre en rencontre, son désir de vivre en marge de cette société consumériste se renforce… Il poursuit son voyage en solitaire jusqu’au Portugal où, par le biais du wwoofing il fait de nouvelles expérimentations enthousiasmantes qui, de toute évidence, le guide vers la voie actuelle !
De retour chez lui, au terme de plus de huit mois de voyage et de magnifiques rencontres décisives, il sait ce qu’il veut faire : le travail de la terre l’attire irrésistiblement ! Il entame alors une formation dans un lycée agricole proche et obtient, au terme d’une année, un « Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole » ce qui lui permet de prétendre à la dotation jeunes agriculteurs (DJA) et de commencer à s’installer comme maraîcher !
De fait, l’investissement sera réduit au strict minimum : une serre, un petit dôme géodésique pour la pépinière (auto construit avec sa famille et ses amis), du matériel, une camionnette… Il dispose en outre d’un terrain d’une quarantaine d’ares appartenant à la famille !
Le travail du sol est uniquement manuel
Thiébaud se veut le moins intrusif possible : pour produire, il faut certes travailler la terre mais, il faut également essayer de perturber le moins possible ce sol nourricier ! Son bagage de chercheur et sa nouvelle fonction de paysan se complètent en l’occurrence admirablement selon lui : les deux observent et analysent sans cesse leur environnement et c’est évidemment passionnant… Les interactions entre les diverses espèces (faune-flore) sont également prises en compte et, plutôt que de traiter ses plantes, le jeune maraîcher compte sur les auxiliaires pour limiter les ravageurs : « Les coccinelles, par exemple, mangent les pucerons. Les capucines attirent les pucerons, qui attirent les coccinelles. J’ai appris cela auprès de maraîchers de manière empirique… » explique-t-il !
Autre technique spontanément adopté par Thiébaud : le non-travail du sol ! Cette pratique récente et encore relativement peu habituelle, favorise la biodiversité microbienne du sol et en améliore la fertilité. Ainsi, « les forêts, les terrains en friche, les prairies naturellement fleuries… sont parmi les terrains végétalisés les plus fertiles et les plus riches : or, nul bêchage n’y a précédé la croissance des différents végétaux et nul amendement artificiel ne vient y doper les plantes et les arbustes ! Le secret de ces espaces prolifiques résiderait justement dans la qualité de leur sol non travaillé. » (Source : ooreka).
Membre par ailleurs de l’association « Maraîchage Sol Vivant » qui rassemble des « paysans-chercheurs » comme lui, ces pionniers de l’agroécologie se rencontrent et partagent leurs expériences qui révolutionnent véritablement le métier, proposant d’autre part de transmettre leur savoir à ceux qui le souhaitent par le biais de formations spécifiques ayant lieu un peu partout en France…
Si le pari de Thiébaud est loin d’être gagné, il est cependant pour le moins optimiste : sur le marché de Munster où il est présent le mardi et le samedi matin, ses légumes se vendent bien et, en dépit du froid qui le crispe derrière son étal, notre courageux entrepreneur ne se départit pas de son sourire radieux qui, à lui seul, est un véritable cadeau pour ses clients !

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