Canicule, suite et fin…
L’été fut chaud, très, très chaud ! Bêtes et gens étaient littéralement abattus par cette interminable canicule… Bêtes et gens ? N’oublions pas les végétaux que ce brulant épisode a également mis en grande souffrance ! Désespérée de ne pouvoir aider davantage les plantes de son jardin, Michèle s’est souvent installée dans son coin préféré, méditant, fantasmant aussi parfois ! De ces rêveries est né ce dialogue improbable entre quelques légumes : je vous invite à pénétrer dans son univers magique où les légumes aussi, font leur cinéma…

Les légumes font leur cinéma
Lors d’une rencontre fortuite,
Un ami, grand pote âgé,
Me fila une info gratuite
Au sujet du potager
N’entends-tu pas ces derniers temps
Dans les allées de ton jardin,
Des murmures inquiétants,
Des racontars, des potins.
Des rumeurs y circulent.
Des méchancetés s’y déballent,
Certaines vraiment ridicules,
Qui ne valent pas deux balles,
Et j’ai l’impression qu’avec cette canicule,
Fruits et légumes (1) sont sous pression.
Je crois comprendre ou je devine
Qu’une histoire d’eau les turlupine
Et qu’à la longue, bonté divine,
Ils travaillent tous du chapeau,
Melon ou bien de paille
Et qu’il faudra vaille que vaille
Pour endiguer leur désespoir
Danser un de ces soirs
Jusqu’à la nuit,
La valse des arrosoirs.
Pour éviter une révolution,
Guerre de la soif,
Lente agonie,
Seule la pluie serait la meilleure solution.
En attendant ce jour béni,
Et apaiser cette guérilla
Laissons-les faire leur cinéma.
♥
Suivant de mon ami les bons conseils,
Plus attentive, je prête l’oreille.
Un froissement répété m’interpelle…
C’est une feuille d’oseille
Visiblement très assoiffée
Qui me fait signe d’approcher.
Aussitôt les critiques, à défaut d’eau, pleuvent.
Silence on tourne : moteur !
♥ ♥
-C’est toujours pareil,
On ne prête qu’aux riches !
Même si ce n’est qu’une oreille,
Les autres on s’en fiche !
-Silence, je Dialogue avec mon Jardinier
Et détrompez-vous tous
Je n’ai pas un radis !
-Même pas l’ombre d’une radicelle
Qu’est-ce qu’on parie ?
-Non, juste au fond de mon escarcelle
Beaucoup d’acidité qui me rend très aigrie.
-37,2° le matin, avouez c’est de la folie !
Nous sommes tous Les Enfants du Marais, asséché.
Sur la paille, ratatinés, flétris,
Comme vous, exténuée, je compatis.
♥ ♥ ♥
Mesdemoiselles les carottes,
Quelle mouche vous a piquées ?
Pas besoin de bottes,
Pour danser sans la pluie.
Flic flac, pas de flaques,
Pour Les demoiselles de Rochefort,
C’est un sacré coup du sort,
Car, sans leurs Parapluies de Cherbourg,
Sont perdues à Demi.
Décidément cette année,
Pour elles, c’est râpé.
♥ ♥ ♥ ♥
-Petit chou de Milan,
Tu es tout ridé, voûté, défrisé.
On dirait que tu as mille ans !
Rouge, vert, blanc, cabus, turlututu,
Ne soit pas si empoté, si pointu.
-Tu es dur de la feuille ?
Réagis à toutes ces absurdités !
-Pardon Mesdemoiselles
Je suis de Bruxelles !
Je vous le dit tout net et sans ambages
Vos sarcasmes de bas étage
Ne me font pas grands dommages,
Mais me pousseraient davantage
A avoir la baraka… frites !
Bienvenue chez les Ch’tis
♥ ♥ ♥ ♥ ♥
Au passage, on salue Rose de France.
Elle en a gros sur la patate !
Purée, un petit malotru l’a traitée de vieille peau.
Même Parmentier s’en retourne au tombeau.
-T’as d’beaux yeux tu sais !
-Sacré flatteur, tu me la joues Quai des Brumes
Certes ma chair est encore ferme, une chance,
Et j’ai La Peau Douce et rose.
Je donnerai cher pour un bain de vapeur,
Pour qu’ensuite, enlever ma robe des champs
Soit un réel bonheur.
♥ ♥ ♥ ♥♥ ♥
-Alors, gros Cornichon,
Y’a du monde au balcon !
C’est pour demain La grande évasion ?
-Pas d’insultes, mon nom est Concombre.
En ce moment, je rase les plates-bandes.
Je ne veux plus faire partie de cette bande,
Je me casse, c’est pourquoi je Marche à l’ombre.
-Viens chez moi, j’habite chez une copine
Toute mignonette, elle vit gentiment sa Vie de Courgette
Et, comme ça, vous serez en famille
Euh… ! Cucurbitacées, est-ce classé X ou porno ?
-Erotique, tu retardes mon gros !
Vas revoir Emmanuelle !
-Et toi Zorba le Grec !
-Surement pas, pour finir en tzatziki
A force de danser le sirtaki
♥ ♥ ♥ ♥ ♥
-Elisablette ! Elisablette !
Qu’est-ce que t’as la côte !
-Arrêtes, t’es vraiment bête !
Ne m’as-tu pas vue sur la Côte,
Entourée de tout le gratin ?
Toutes ces huiles et gros légumes
Du soir au matin me font du plat.
Je ne suis pas très à l’aise,
Avec tout ce fric, assez !
De cette bouillie bordelaise.
Je préfère La soupe au chou
et La cuisine au beurre,
A L’Auberge espagnole,
Ou Le Festin de Babette,
A L’Auberge du Sixième Bonheur.
♥ ♥ ♥ ♥
-Gariguette ramène sa fraise
En faisant la grimace.
Une armada de limaces
Lui ayant grignoté le portrait.
Déconfiture pour la tartine,
Qui du coup n’aura pas,
De confiture qui dégouline
Dans la manche et sur les doigts.
Il faudra la remplacer,
Par Les Fraises Sauvages.
Beaucoup plus parfumées,
Mais difficile à ramasser.
Quel dommage !
♥ ♥♥
-Depuis que l’on parle de Cannes,
Evidemment pour te soutenir,
Cher haricot, tu prends les autres de haut.
Tu grimpes, tu t’accroches,
Sans te souvenir
Qu’à la moindre anicroche,
Sur tes grandes cannes
Tu flageolais.
Depuis que tu files droit,
On peut penser que c’est la fin pour toi,
Car tu rames, tu sèches,
Pour t’écosser ce sera bien !
♥ ♥
-Sublime bourrache,
Ton bleu délicat,
Attire tous les assoiffés ici-bas.
Ton nectar à coups de trompes s’arrache,
Toute la journée ils ne te lâchent pas.
Mais de ces Baisers volés,
Tu ne te lasses pas.
Et pour les romantiques,
N’oublions pas les aromatiques !
Angélique, Marquise des Anges
Odeur musquée, résine, épices,
Quel bon mélange.
Ta flaveur balsamique,
Est tout simplement archangélique !
♥ ♥ ♥
-Ma petite Reine des glaces,
Tu fonds sous mon palais.
Attention aux Seins de glace
Qui pour toujours te gèleraient,
T’effaceraient du générique
Et, comme le Titanic,
Te couleraient.
Et toi, l’es-tu heureuse ?
Ma grosse blonde paresseuse,
Parmi toutes ces laitues ?
Sans faire de salades,
Tu en seras La Petite Reine, veux-tu ?
♥ ♥ ♥ ♥ ♥
Monsieur Poireau dans la brouette,
Fût bien droit,
Feuilles très vertes,
Avec un peu de recul,
On dirait Hercule, quel athlète !
Serait-il perpétuel ou monstrueux de Carentan ?
Dans ces Effroyables jardins,
Une dernière fois, il mène l’enquête.
Qui a décimé sa rangée d’alliacées à coups de binette ?
Pierrot le fou ? Le Concombre masqué ?
Ou tout simplement Grelinette,
Reine de ce potager.
Ce ne sont que de Petits Meurtres entre amis
Trouver le coupable,
Ne sera pas de la tourte.
Il sent que cette fable,
Va le faire suer,
Et tôt ou tard,
Découpé en rondelles
Finira en fondue enchaînée,
Au fond d’une gamelle.
Peut-être en compagnie,
De Paille des vertus, l’oignon jaune, son ami.
Tout grognon, celui-ci
Veut nous faire pleurer.
Il en tient plus d’une couche,
Et doucement, sous cape, rissole.
Car, avant de revenir,
Pas de bol,
Il veut tout faire péter.
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥
Emergeant d’un tas de feuilles sèches,
Robe orange et rouille,
Ambiance Sonate d’Automne
Voici Citrouille,
Pas du tout pimbêche.
Avec elle, pas d’embrouilles.
Toute seule, elle se débrouille.
Quelle merveille !
Comme Alice en son Pays.
-Devenue bien trop grosse,
Serais-je encore une fois la cinquième roue du carrosse ?
Cueillez-moi vite chère Cendrillon
Avant le dernier coup de carillon !
Pour que je renaisse de mes cendres, rions ensemble !
♥ ♥ ♥ ♥ ♥
A cause des adventices qui s’installent,
Vivaces, coriaces, complices,
Tu n’es pas né Panais !
Ta bobine est un vrai navet.
Semé pour des prunes,
T’es tombé dans les pommes.
Cependant ta bonne poire,
Devrait ramener sa fraise
Pour que, cerise sur le plateau,
Nous ayons tous la pêche
Pour tourner Les Dents de la Mer.
Hélas, nous en sommes bien loin !
A vingt mille lieues dessous répliqua ma mère.
♥ ♥ ♥ ♥
Mais, la Reine du Festival,
C’est la Pomme d’Or.
Celle qui ouvre le bal,
Et remporte la palme d’or.
De Marmande, de Crimée ou des Andes,
De chaleur et de soleil elle est gourmande.
Sucrées, salées, ce sont de belles recettes,
Confitures ou Beignets de Tomates Vertes.
Rien qu’à prononcer son nom,
Solanum lycopersicum,
On en perd son latin !
Dans sa robe de satin,
Elle monte les marches,
Pour atteindre le podium
De sa démarche bien assurée,
Indemne d’oïdium
Pour elle, c’est La Bonne Année
Soudain de sa robe, la bretelle glisse
Et laisse jaillir un téton de Vénus, lisse.
Dans la salle, Cris et Chuchotements
Quelle horreur !
La belle pique un fard sous les projecteurs.
Stupeur et tremblements,
Lui font perdre ses moyens.
-Si je tombe maintenant,
Au meilleur de ma forme, mûre à point,
Ce sera La Mort en ce Jardin
Heureusement, jus, Ratatouille, sauce ou coulis,
Tout me va, rien ne m’enlaidit
Ce serait bien que Le Potager de mon Grand-Père
En remerciement, redevienne mon dernier lit !
♥ ♥ ♥
Bientôt en projection,
Tous ces légumes à la fortune du pot iront,
Avec sel et riz
De bonnes soupes nous mangerons.
C’est donc la faim,
Qui nous mène enfin à la fin
De cette histoire sans queue ni tête
Où des légumes, quelques instants,
En furent les vedettes !
♥ ♥
Michèle, Jardin "Les Joubarbes" 09/18
- Tous Bios… logique !
Quelques vedettes (malgré elles) de cette fable cinématographique... Photos : JLS (Cliquez pour agrandir)
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