Le Milan, oiseau totem de Xaintrie
Samedi matin, la première aire de nourrissage de Milan Royal a été inaugurée à Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle en Xaintrie. Cette structure, portée par la SEPOL, a pour objectif de favoriser la protection et la reproduction d’une espèce rare de rapace. Elle s’accompagne d’une œuvre artistique originale qui célèbre la biodiversité.

A Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle, on marque les grands événements avec des œuvres artistiques. La petite commune de quarante habitants en compte une de plus à l’occasion de la première implantation d’une aire de nourrissage du Milan Royal. Il s’agit d’un «arbre à milans», un oiseau-totem imaginé par Bertrand Cholet, artiste haut-viennois qui a voulu célébrer la préservation de la nature. Cette création d’inspiration amérindienne haute de plus de 2,50 mètres et très colorée, est réalisée sur un pin maritime, en pleine forêt le long d’un sentier de randonnée conduisant à l’aire de nourrissage. Elle s’accompagne d’un attrape-rêve et de tabourets «tronc d’arbre». Lors de l’inauguration du site, samedi matin, en présence des élus et autorités, les enfants du village ont effectué une ode à la préservation de la biodiversité, au pied du monument.
Nourrir pendant l’hiver
C’est à cinquante mètres de là, un peu plus bas sur un site dégagé, en face des Tours de Merle, que ce trouve l’aire de nourrissage. Cette structure a été aménagée sur une parcelle appartenant à un propriétaire privé et à EDF. Elle est portée non pas par la commune, pourtant très concernée par l’environnement, mais par la SEPOL : Société pour l’Etude et la Protection des Oiseaux en Limousin. La vocation de cette aire est de nourrir les rapaces pendant la morte saison grâce à l’apport de déchets de boucherie par les agriculteurs locaux. «L’objectif est de soutenir la population qui passe l’hiver ici et de favoriser le taux de fécondité au printemps suivant», indique Bernard Faurie, vice-président de la SEPOL.
Les oiseaux y trouvent une alimentation saine, dénuée de tout traitement chimique. Car le Milan royal est menacé de disparition aujourd’hui. Selon la SEPOL, dix couples sont recensés en Xaintrie, vingt-cinq en Corrèze et quarante en Limousin. L’agriculture intensive et les traitements phytosanitaires, «l’empoisonnement accidentel contre le campagnol, la fermeture de décharges à ciel ouvert ont entraîné son déclin», souligne Bernard Faurie.
L’installation d’une aire de nourrissage permet donc de préserver ce rapace nécrophage. «Le Milan royal est un patrimoine à part entière au même titre qu’un bâtiment architectural», relève Jean-Michel Teulière, le maire de Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle. Sur la placette se trouve également un observatoire ornithologique, une cabane en bois pouvant accueillir dix personnes et comportant des vitres sans tain.
Ce projet, qui au départ avait été pensé pour la commune de Sérandon, a bénéficié du soutien du GEH Dordogne, de l’Etat, du Conservatoire d’Espaces Naturels du Limousin, ou encore de la FDSEA. La participation des agriculteurs aux côtés des associations de protection de la nature a été soulignée.
L’Echo.Info/Karène Bellina (03.07.2017)
Le roi des rapaces d’Europe
Le Milan royal est l’un des plus beaux rapaces d’Europe. Comme l’aigle ibérique, il est endémique, la totalité de sa population est située en Europe uniquement. Si les jeunes milans sont migrateurs, ils deviennent sédentaires en vieillissant. Le régime alimentaire de cet oiseau de proie dépend des conditions locales. Il se nourrit de campagnols, d’oiseaux, d’invertébrés, de lombrics et d’insectes. Il est également charognard. Contrairement au Milan noir avec qui on le confond souvent, le Milan royal est une espèce en danger.
Quand L’art s’installe au village
Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle dispose de six œuvres d’art sur son territoire. Sculptures, peintures, installations sont visibles dans l’espace public, au cœur du bourg comme aux alentours et renforcent l’attractivité de la petite commune. Toutes ont été réalisées par des artistes contemporains dans le but de commémorer des événements marquants. La peinture de la Croix de Laval, la création sur porcelaine au cimetière paysager, l’arbre occitan à proximité de l’église, la plaque de rue peinte, la sculpture en bronze de Marc Petit en face de la mairie et l’oiseau totem constituent une agréable déambulation gratuite qui ne manquera pas d’attirer les touristes et les visiteurs locaux. D’autres pièces s’ajouteront-elles à cette collection ?