Ce président qui bichonne les chasseurs…
On le savait peu sensible à la condition animale mais, côté chasse, Emmanuel Macron fait vraiment très fort ! Un permis de chasse dont le prix va être divisé par deux, un soutien sans faille aux « veneurs », ces aficionados de la chasse à courre, pratique cruelle et barbare pourtant décriée à juste titre, des dérogations accordées aux massacreurs d’oies, les loups qu’on va pouvoir continuer à flinguer… sont autant de signes en direction d’une frange de la population qui, si elle n’est pas significative en terme de nombre (1,2 million d’individus), n’en est pas moins très influente y compris donc jusque dans la sphère élyséenne !
Conseillé (certes très mal…) par le lobbyiste Thierry Coste qui « roule » pour le milieu cynégétique depuis des lustres, le président Macron fait peu de cas des diverses considérations écologistes qu’on lui oppose : son unique souci semble être de satisfaire ses « amis » porteurs de fusil et ce qu’importe le sort des animaux concernés: tout cela n’est évidemment que pure démagogie mais, droit dans ses bottes, le chef de l’État n’en a visiblement cure !
Arguments contre arguments
Contrairement à ce qu’on veut régulièrement nous faire croire, les chasseurs (et leurs nombreux amis du monde politique) ne défendent nullement la biodiversité ni les biotopes : leur seul et unique objectif est la défense de ce loisir mortifère auquel d’aucuns s’accrochent envers et contre toute logique ! En effet, si le premier des français n’était pas totalement réfractaire à un examen objectif des réalités de la chasse, il comprendrait très vite le non-sens de cette activité qu’on érige constamment en « tradition populaire » quasi intouchable qui ne cesse de creuser le déséquilibre déjà considérable de notre fragile environnement ! Qu’importe que la nature soit vidée de ses animaux sauvages dûment massacrés par les chasseurs : ceux-ci en relâchent d’autres à grands frais, élevés dans le seul but de leur servir de cibles vivantes ! Car, ne l’oublions pas : la chasse c’est aussi un (sordide) business…
Autre contradiction manifeste : l’acharnement de nos « protecteurs de la nature » autoproclamés à se débarrasser des prédateurs naturels ! Pour un chasseur tout ce qui n’est pas espèce chassable est, de fait, considéré comme « nuisible » ou susceptible de le devenir : il convient donc de l’exterminer sous peine de le voir décimer le « gibier », espèce ayant quant à elle droit à toutes les attentions ! C’est ainsi que l’ensemble des carnivores sauvages, petits ou grands et en dépit des nombreux services qu’ils rendent par exemple à l’agriculture (1) sont impitoyablement traqués et exterminés…
Que dire par ailleurs de la détermination des équipages adeptes du sinistre « déterrage » qui pourchassent les familles de blaireaux (mais aussi de renards) jusqu’au fin fond de leur repaire d’où ils les extraient pour les massacrer, juste « comme ça », par pur sadisme et avec un plaisir évident ? Quelle justification cohérente peut-on trouver à de telles monstruosités ?
Les chasseurs sont d’authentiques amoureux de la nature
Ces arguments, régulièrement avancés ne tiennent évidemment pas la route ! Fallacieux, ce sont autant de prétextes pour assouvir un besoin semble-t-il irrépressible de tuer toujours et encore le plus d’animaux possible et cela, encore une fois, par pure distraction ce qui devrait bien sûr ne pas être toléré voire même tout bonnement, être sévèrement réprimé ! Car, et c’est une autre réalité incontestable de la chasse : on ne tue pas pour se nourrir ni pour une autre quelconque nécessité si ce n’est celle d’éprouver cette « jouissance incomparable » d’ôter la vie à un animal convoité ! Pour des « amoureux de la nature » on peut à l’évidence mieux faire en guise de manifestation de gage d’affection…
Les chasseurs se considèrent comme les légitimes gestionnaires du patrimoine naturel
Ainsi, à la chasse, on ne tue pas : on « prélève » et on « gère » ! Par la magie de la sémantique, on donne ainsi une importance qu’elle n’a pas le moins du monde à une activité génératrice en fait de souffrance et de mort… Protéger la nature est tout bonnement incompatible avec une telle mascarade qui ne fait que s’ajouter aux autres diverses causes de raréfaction et de destruction de la biodiversité : celles-ci, nombreuses (2), n’en sont qu’accentuées par la pratique de la chasse !
Pour ce qu’il en est de la prétendue « gestion », on peut là encore émettre de légitimes réserves ! En effet, on prélève –en principe- ce qui est en « surplus » ou en surnombre afin de conserver un semblant d’équilibre… Or, la gestion telle que pratiquée dans notre pays, consiste principalement à multiplier artificiellement les populations afin de disposer d’un « capital » important de bêtes à tirer ! Pour ce faire, on introduit, comme vu plus haut, des espèces destinées au tir (3) ou on en nourrit massivement d’autres -comme les sangliers- et ce tout au long de l’année ! Peut-on dès lors parler d’une gestion raisonnable ?
Ce sont là quelques exemples : il y en a beaucoup d’autres qui plaident de même pour une interdiction totale de cette activité de loisir qui devrait se limiter aux seuls ball-traps ! Contestée et critiquée pour ces nombreux abus qui constituent autant de catastrophes pour l’environnement, la chasse n’a véritablement aucune justification sensée si ce n’est celle de satisfaire les demandes toujours croissantes en matière de tableaux de chasse des pratiquants et des divers actionnaires… Tout cela Emmanuel Macron le sait pertinemment et, pour autant, n’y prête pas la moindre attention ce qui est éminemment grave de la part d’un chef d’État : les français sont majoritairement opposés à la chasse et même Nicolas Hulot avait un temps évoqué une « pratique d’un autre âge »… Qu’à cela ne tienne, coutumier du genre, le président qui soutient selon ses propres termes « toutes les chasses traditionnelles et tous les modes de chasse », préfère brader le bien commun que constitue notre environnement et sa biodiversité : un genre de « privatisation » de la nature au seul profit de ses « amis » chasseurs dont, probablement, il espère des retombées électorales ! C’est pathétique…
JLS
- Le cas du renard est à ce titre révélateur : bien qu’il soit notoire qu’il consomme annuellement un nombre important de rongeurs –tout comme le chat forestier d’ailleurs- qui peuvent commettre de gros dégâts dans les cultures céréalières, on préfère se débarrasser de Goupil qui pourrait à l’occasion prélever un faisan ou une perdrix…
- Les menaces sur l’environnement sont multiples : pollution diverses, agriculture intensive, urbanisation galopante et toujours croissante, réseaux routiers, fragmentation des habitats etc.
- 14 millions de faisans, 5 millions de perdrix grises et rouges, 1 million de canards colverts, 120 000 lièvres, 10 000 lapins de garenne… sont élevés annuellement par quelques 8 000 élevages et fournisseurs de « gibiers » en France ! (Chiffres officiels du Syndicat National des Producteurs de Chasse (SNPGC).
Article publié dans le n° de mai 2018 de la revue "Vivre en Harmonie"
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