Ce président qui bichonne les chasseurs…

Publié le par Jean-Louis Schmitt

On le savait peu sensible à la condition animale mais, côté chasse, Emmanuel Macron fait vraiment très fort ! Un permis de chasse dont le prix va être divisé par deux, un soutien sans faille aux « veneurs », ces aficionados de la chasse à courre, pratique cruelle et barbare pourtant décriée à juste titre, des dérogations accordées aux massacreurs d’oies, les loups qu’on va pouvoir continuer à flinguer… sont autant de signes en direction d’une frange de la population qui, si elle n’est pas significative en terme de nombre (1,2 million d’individus), n’en est pas moins très influente y compris donc jusque dans la sphère élyséenne !

Cerfs. Photo : Jean-Louis Schmitt

Cerfs. Photo : Jean-Louis Schmitt

Conseillé (certes très mal…) par le lobbyiste Thierry Coste qui « roule » pour le milieu cynégétique depuis des lustres, le président Macron fait peu de cas des diverses considérations écologistes qu’on lui oppose : son unique souci semble être de satisfaire ses « amis » porteurs de fusil et ce qu’importe le sort des animaux concernés: tout cela n’est évidemment que pure démagogie mais, droit dans ses bottes, le chef de l’État n’en a visiblement cure !

Arguments contre arguments

Contrairement à ce qu’on veut régulièrement nous faire croire, les chasseurs (et leurs nombreux amis du monde politique) ne défendent nullement la biodiversité ni les biotopes : leur seul et unique objectif est la défense de ce loisir mortifère auquel d’aucuns s’accrochent envers et contre toute logique ! En effet, si le premier des français n’était pas totalement réfractaire à un examen objectif des réalités de la chasse, il comprendrait très vite le non-sens de cette activité qu’on érige constamment en « tradition populaire » quasi intouchable qui ne cesse de creuser le déséquilibre déjà considérable de notre fragile environnement ! Qu’importe que la nature soit vidée de ses animaux sauvages dûment massacrés par les chasseurs : ceux-ci en relâchent d’autres à grands frais, élevés dans le seul but de leur servir de cibles vivantes ! Car, ne l’oublions pas : la chasse c’est aussi un (sordide) business…

Autre contradiction manifeste : l’acharnement de nos « protecteurs de la nature » autoproclamés à se débarrasser des prédateurs naturels ! Pour un chasseur tout ce qui n’est pas espèce chassable est, de fait, considéré comme « nuisible » ou susceptible de le devenir : il convient donc de l’exterminer sous peine de le voir décimer le « gibier », espèce ayant quant à elle droit à toutes les attentions ! C’est ainsi que l’ensemble des carnivores sauvages, petits ou grands et en dépit des nombreux services qu’ils rendent par exemple à l’agriculture (1) sont impitoyablement traqués et exterminés…

Que dire par ailleurs de la détermination des équipages adeptes du sinistre « déterrage » qui pourchassent les familles de blaireaux (mais aussi de renards) jusqu’au fin fond de leur repaire d’où ils les extraient pour les massacrer, juste « comme ça », par pur sadisme et avec un plaisir évident ? Quelle justification cohérente peut-on trouver à de telles monstruosités ?

Photo : JLS

Photo : JLS

Les chasseurs sont d’authentiques amoureux de la nature

Ces arguments, régulièrement avancés ne tiennent évidemment pas la route ! Fallacieux, ce sont autant de prétextes pour assouvir un besoin semble-t-il irrépressible de tuer toujours et encore le plus d’animaux possible et cela, encore une fois, par pure distraction ce qui devrait bien sûr ne pas être toléré voire même tout bonnement, être sévèrement réprimé ! Car, et c’est une autre réalité incontestable de la chasse : on ne tue pas pour se nourrir ni pour une autre quelconque nécessité si ce n’est celle d’éprouver cette « jouissance incomparable » d’ôter la vie à un animal convoité ! Pour des « amoureux de la nature » on peut à l’évidence mieux faire en guise de manifestation de gage d’affection…

Les chasseurs se considèrent comme les légitimes gestionnaires du patrimoine naturel

Ainsi, à la chasse, on ne tue pas : on « prélève » et on « gère » ! Par la magie de la sémantique, on donne ainsi une importance qu’elle n’a pas le moins du monde à une activité génératrice en fait de souffrance et de mort… Protéger la nature est tout bonnement incompatible avec une telle mascarade qui ne fait que s’ajouter aux autres diverses causes de raréfaction et de destruction de la biodiversité : celles-ci, nombreuses (2), n’en sont qu’accentuées par la pratique de la chasse !

Pour ce qu’il en est de la prétendue « gestion », on peut là encore émettre de légitimes réserves ! En effet, on prélève –en principe- ce qui est en « surplus » ou en surnombre afin de conserver un semblant d’équilibre… Or, la gestion telle que pratiquée dans notre pays, consiste principalement à multiplier artificiellement les populations afin de disposer d’un « capital » important de bêtes à tirer ! Pour ce faire, on introduit, comme vu plus haut, des espèces destinées au tir (3) ou on en nourrit massivement d’autres -comme les sangliers- et ce tout au long de l’année ! Peut-on dès lors parler d’une gestion raisonnable ?

Photo : Luc Haettel

Photo : Luc Haettel

Ce sont là quelques exemples : il y en a beaucoup d’autres qui plaident de même pour une interdiction totale de cette activité de loisir qui devrait se limiter aux seuls ball-traps ! Contestée et critiquée pour ces nombreux abus qui constituent autant de catastrophes pour l’environnement, la chasse n’a véritablement aucune justification sensée si ce n’est celle de satisfaire les demandes toujours croissantes en matière de tableaux de chasse des pratiquants et des divers actionnaires… Tout cela Emmanuel Macron le sait pertinemment et, pour autant, n’y prête pas la moindre attention ce qui est éminemment grave de la part d’un chef d’État : les français sont majoritairement opposés à la chasse et même Nicolas Hulot avait un temps évoqué une « pratique d’un autre âge »… Qu’à cela ne tienne, coutumier du genre, le président qui soutient selon ses propres termes « toutes les chasses traditionnelles et tous les modes de chasse », préfère brader le bien commun que constitue notre environnement et sa biodiversité : un genre de « privatisation » de la nature au seul profit de ses « amis » chasseurs dont, probablement, il espère des retombées électorales ! C’est pathétique…

JLS

 

  1. Le cas du renard est à ce titre révélateur : bien qu’il soit notoire qu’il consomme annuellement un nombre important de rongeurs –tout comme le chat forestier d’ailleurs- qui peuvent commettre de gros dégâts dans les cultures céréalières, on préfère se débarrasser de Goupil qui pourrait à l’occasion prélever un faisan ou une perdrix…
  2. Les menaces sur l’environnement sont multiples : pollution diverses, agriculture intensive, urbanisation galopante et toujours croissante, réseaux routiers, fragmentation des habitats etc.
  3. 14 millions de faisans, 5 millions de perdrix grises et rouges, 1 million de canards colverts, 120 000 lièvres, 10 000 lapins de garenne… sont élevés annuellement par quelques 8 000 élevages et fournisseurs de « gibiers » en France ! (Chiffres officiels du Syndicat National des Producteurs de Chasse (SNPGC).
Photo : JLS

Photo : JLS

Article publié dans le n° de mai 2018 de la revue "Vivre en Harmonie"

 

 

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C
Tout est dit dans cet article...
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C
je partage entièrement cet avis
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G
Vaste débat qui ne sera jamais résolu malheureusement comme la tauromachie en Espagne.
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J
Mais si, mais si : il nous faudra peut-être encore plusieurs vies mais, on va finir par y arriver ! Lorsque j'ai commencé à m'intéresser au sujet (fin 70, début 80) il y avait 2,6 millions de chasseurs : actuellement, ils ne sont "plus" qu'un million ! On est donc sur la bonne voie !<br /> Bon, cela dit, je reconnais que ça fait un million de trop et que ce million-là fait des sacrés dégâts ! A nous de dénoncer sans relâche cette aberration ! <br /> Même constat et remarque au sujet de la tauromachie : on ne lâche rien !!!
Z
Scandaleux et révoltant ! Cette bande malfaisants d'un bout à l'autre de la chaîne est à vomir! je les HAIS!
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J
Vous êtes révoltée ? Il y a de quoi !<br /> Faites connaître mes publications autour de vous et, ensemble, sensibilisons...<br /> Merci pour le partage !
Z
Et je partage
C
RÉVOLTANT ! Bin apres midi
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J
Bon AM également et merci d'être fidèle à "Nature d'Ici et d'Ailleurs" !
C
Comme tu le dis en final, c'est pathétique! Et si triste! Au Canada, ce n'est pas supposé exister des endroits où les animaux sont élevés pour la chasse, mais il y a encore de la chasse pour supposément faire l'équilibre. Je crois que c'est plus pour flatter l'égo en rapportant un "trophée". Pauvres animaux : ils ne demandent qu'à avoir la paix!
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J
Merci à toi Cléo de toujours suivre mes pages de l'autre côté de l'Atlantique : ça me fait sacrément plaisir ! Bonne journée encore à toi !
C
Je suis révoltée aussi...
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J
Nous sommes donc quelques-uns à l'être ! Espérons que nous soyons de plus en plus nombreux et, qu'un jour, enfin...
K
Lamentable d'élever du gibier pour le tuer ensuite !!!<br /> C'est pitoyable...<br /> Bon dimanche Jean-Louis
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J
Il faut bien compenser ! Mais,voyons Kimcat : on ne tue pas à la chasse, on "prélève" et on "régule" ! Nuance...
J
Effectivement, tand qu’ Il n’y aura pas de poursuites contres tous ces mafieux en col blanc qui sont le pire que l’on puisse avoir en termes d’environnement, la dégradation se poursuivra jusqu’à ce qu’une catastrophe progressive anéantisse une bonne partie de la population mondiale et c’est justement ce que cherchent ces gens là. Multiplication de la mortalité liée à la pollution, des cancers en progression du fait de l’ingestion et respiration de molécules cancérigènes, action des modificateurs endocriniens, viroses potentiellement graves en rapport avec l’élevage intensif, démembrement de la médecine…Lorsque l’on parle de complot, on nous explique que des « abrutis «  ne croient pas que l’homme a marché sur la lune, encore des fumigènes !<br /> Quant à MR HULOT, ok pour qu’il reste mais il a une langue, il peut parler pour ne justement pas avaliser ce qu’on lui demande d’avaliser, voyez le scandale du glyphosate, quel silence et absence de réponse concernant son maintien, mais notre ministre de l’envi est très médiatique…est-il courageux?
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J
On est bien d'accord JPL : nous ne sommes que d'insignifiants pions dont les "maîtres du Monde" s'amusent abondamment et, au passage, se moquent éperdument !
L
Un article qui me touche particulièrement car pour moi la chasse telle qu'on l'a connait aujourd'hui est exactement ce que vous décrivez. <br /> Je trouve honteux d'élever du gibier, de le libérer pour le tuer plus facilement...<br /> Les chasseurs sont là pour tuer et faire voir leur pouvoir. Lamentable !<br /> Ce n'est pas cela agir pour la biodiversité. <br /> Le président des riches se moque complètement de nous tous.<br /> Je partage
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J
Merci de partager Erika. Très bonne journée.
D
Un million de chasseurs ? Il faudrait que le lobby contraire se montre aussi puissant ! Et que Hulot soit un peu plus présent !
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J
La "force" du milieu cynégétique c'est qu'il soit fédéré et bénéficie du soutien quasi inconditionnel de la classe politique au pouvoir ! Le "lobby contraire" n'existe pas alors même que nous sommes nettement supérieur en nombre à condamner cet archaïsme qu'est la chasse... Un jour, j'espère pas trop lointain, l'opinion publique condamnera ces pratiques rétrogrades !
G
Depuis bien longtemps, la classe politique française nous offre le spectacle pitoyable de décideurs soumis devant les chasseurs, les agro-pollueurs, les aménageurs, les spéculateurs. Avec l’actuel président, la soumission confine à l’agenouillement et à la capitulation de la raison et du cœur. <br /> Lors de l’élection présidentielle de l’an passé, j’avais mis en garde mes amis lecteurs à l’encontre du doctrinaire du libéralisme thatchérien et je m’étais étonné de voir deux ou trois excellents essayistes de l’écologie se fourvoyer en apportant leur soutien au candidat des affaires, de la finance, des banques et des oligarques. Les faits dépassent en caricature ce que j’avais annoncé. <br /> Entouré des pires arriérés de la chasse et de tous les milliardaires du pays, le président a déclaré la guerre tant à la biodiversité qu’aux droits sociaux obtenus depuis un siècle par les luttes des gens de mieux. Certes, il joue à l’écologiste en s’agitant sur la scène internationale sur le thème du climat, simple fumigène et occasion de discours, paravent du crime que commet homo economicus contre le vivant : la destruction de la nature. Car le défi est celui d’une conciliation entre le développement humain purement qualitatif et le respect de la faune, de la flore et des milieux naturels. <br /> Le président des riches et des veneurs flatte les tueurs agréés comme il drague occasionnellement les bigots, histoire de rassembler le camp libéral et conservateur. <br /> La chasse à courre sera défendue. L’Elysée promet à ses amis des tirs d’oies en février, en violation du droit et des arrêts de la cour de justice de l’Union Européenne et du Conseil d’État. Il offre des cadeaux fiscaux au monde de la chasse, comme il le fit aux oligarques à hauteur de neuf milliards. Je mesure le malaise de Nicolas HULOT qui n’obtient rien de plus que son prix d’entrée au gouvernement : l’abandon de l’aéroport de NOTRE DAME DES LANDES, prix que j’avais indiqué dès sa nomination.<br /> Que peut faire Nicolas HULOT ? Rester au gouvernement pour tenter de contenir les délires anti-nature des thatchériens au risque de les cautionner ? Partir en laissant la place à un petit soldat de la macronie qui fera la politique de son maître ? Le ministre agira selon sa force de caractère et sa capacité de résister aux régressions qui, ici comme dans tous les domaines, sont la marque de la politique conçue pour une infime minorité. Parce qu’il convient de persévérer lorsque les faits nous donnent raison, je ne peux que réitérer mes appels à s’engager dans un esprit de résistance au pouvoir de l’argent et des ennemis de la terre. Résistance légale, bien évidemment, mais en convergence avec toutes les luttes, car seule cette convergence affaiblira le pouvoir de la « start up nation ». <br /> Amis de la nature, des animaux, des humains, unissez-vous dans les mouvements de grèves, les manifestations ! A l’encontre des oligarques et des veneurs, le mot d’ordre doit être « Pour tout ce qui est contre. Contre tout ce qui est pour ». La stratégie des « rénovateurs » est de détruire pan par pan tous les statuts sociaux, tous les droits acquis, toutes les protections, tous les freins à l’exploitation du vivant humain et non-humain. Chez eux, la compassion n’existe pas. Ce monde est fait pour eux car ils sont maîtres des lois, façonnent l’opinion et s’appuient sur une tare de l’animal humain : la cupidité. Il ne se passe guère de jour sans qu’émerge les dessous malpropres du Système : scandale sur les moteurs truqués pour en dissimuler les pollutions, aliments frelatés, déversements clandestins de déchets toxiques dans la nature. Et combien de scandales jamais révélés ? Ainsi, des industriels de la confiserie<br /> ajoutent à leurs produits un colorant blanc, le dioxyne de titane (E171) potentiellement dangereux. Ce colorant n’apporte rien de plus aux friandises offertes aux enfants et aux grands enfants que nous sommes tous. Il ajoute de la brillance, de l’éclat aux produits. Les industriels veulent vendre et faire de l’argent, du profit en appâtant le chaland au détriment de sa santé. Demain peut-être, après moult rapports, le législateur interdira l’usage de ce colorant. Mais quelle sanction frappera les criminels qui pour s’enrichir attentèrent à la vie d’autrui ? Aucune. Si les prisons regorgent de petits délinquants minables et souvent malades mentaux, les vrais criminels des affaires, ceux qui violent la vie, empoisonnent, détruisent des sites naturels, licencient leurs salariés pour accroître leur profitabilité et leurs dividendes échappent aux peines que justifieraient leurs turpitudes. Les « premiers de cordée » auraient leur place en prison pour répondre de leurs crimes contre le vivant. Non, vous ne verrez pas aux assises les patrons de l’amiante, de l’agroalimentaire, des aménagements contre nature car ils sont les maîtres du Système et financent leurs commis pour qu’en politique, ils servent leurs intérêts mafieux. <br /> Que faudrait-il faire ? Partant du constat que la cupidité est intrinsèque à l’humain, les lois devraient être dissuasives et frapper lourdement ceux qui sacrifient le bien public, la santé et la nature, à leurs tares. Il faut terroriser les pollueurs et les empoisonneurs pour les empêcher de nuire. Avant la loi de la finance, des banques, des veneurs, des exploiteurs, il y a la vie et elle vaut bien une révolution. Orientons la recherche, les choix de la politique publique vers le service de la vie, vers une société plus douce, plus bienveillante, une société tournant le dos à la concurrence, à la compétition, à la lutte de tous contre tous. Ce n’est pas à l’avènement de cette société que travaille l’ami des veneurs et des « premiers de cordée ». Son avènement en politique n’a pas été financé par ses amis pour édifier un monde de solidarité, d’empathie, de respect de l’arbre, l’animal et l’homme. L’individu n’est pas en cause mais un système pour lequel les humains, y compris les présidents, ne sont que des agents interchangeables. Pour le Système, demain, un autre acteur en représentation, avec un autre style, un autre remarquable talent, s’agitera sur la scène médiatique, distrayant le bon peuple, pour que les affaires continuent…
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J
Belle plume et excellent plaidoyer de notre ami Gérard !