Pesticides : le plan ne convainc personne

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Trop timide pour les écologistes, trop contraignant pour les agriculteurs : le nouveau plan d’action contre les produits phytosanitaires peine à convaincre.

La France est l’un des pays européens dont l’agriculture utilise le plus de pesticides. Photo : Jean-Louis Schmitt

Le « en même temps » pris entre le marteau et l’enclume. Le plan de Nicolas Hulot pour réduire la dépendance de l’agriculture française aux produits phytosanitaires, présenté mercredi par le ministre de la Transition écologique, a été fraîchement accueilli tant par les professionnels du secteur que par les organisations environnementales.

« Comment compliquer encore la situation des agriculteurs ? », s’est insurgé la Coordination rurale, dénonçant « l’augmentation des contraintes pour les agriculteurs avec pour conséquence une nouvelle baisse de leur revenu déjà calamiteux ». La FNSEA, premier syndicat de la profession, a critiqué « des charges et encore des charges, des interdictions et encore des interdictions, tout cela sans réelle concertation, sans réelle consultation ! »

« Le compte n’y est pas »

« Où est passé le plan de sortie des pesticides réclamé par le président de la République », s’est en revanche demandé la Confédération paysanne ? « Le compte n’y est pas », a aussi estimé l’association écologiste Générations futures, évoquant des « intentions positives, mais dont les détails ne sont pas connus », et de nombreux points « très décevants ».

Avec une consommation estimée à plus de 60 000 tonnes par an, l’agriculture française reste une championne d’Europe des pesticides. Adopté il y a dix ans dans la foulée du Grenelle de l’environnement, le plan Ecophyto visait une réduction par deux du recours à ces produits d’ici à 2018. L’objectif a été reporté à 2025 dans le cadre du plan Ecophyto 2, mais le fonctionnement de ce dernier doit être renforcé, a estimé Nicolas Hulot qui en a fait l’un des grands axes présentés mercredi. Parallèlement, la recherche sera renforcée pour offrir aux agriculteurs un panel de méthodes alternatives, avec un soutien accru aux produits de biocontrôle, qui luttent contre les nuisibles en recourant à des organismes vivants comme les insectes ou des substances naturelles comme les phéromones.

Par ailleurs, la redevance pour pollutions diffuses sera modernisée et progressivement renforcée. Des dispositions législatives seront également prises pour « réduire les risques concernant les riverains des zones agricoles liés à l’utilisation de produits à proximité des lieux d’habitation », mais sans précision sur les contours.

Au niveau européen, « ce plan prévoit très clairement de s’opposer à toute prolongation ou toute nouvelle ré-autorisation de substances cancérogènes de catégorie 1 (les plus dangereuses, ndlr), de substances de catégorie 1 dites mutagènes, de substances toxiques pour la reproduction de catégorie 1, et de tous les perturbateurs endocriniens », a affirmé le ministre.

Le Journal de Saône et Loire (27/04/2018)

 

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D
Un compromis est à la fois bon et mauvais pour tout le monde ; je crois que le but à viser, en plus de la réduction des pesticides sur les zones cultivées, est l'augmentation des zones sans rien...
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J
J’ai du mal à croire que les plus gros utilisateurs de toute cette chimie agricole aient des revenus calamiteux …qu’ils s’empoisonnent, eux, avec ces produits est déjà un comportement limite, mais qu’ils empoisonnent leurs concitoyens + l’environnement relève de la culpabilité en toute connaissance de cause donc avec préméditation. Idem pour les agents de l’état qui cautionnent tout cela en trainant des pieds au maximum pour éviter de légiférer dans le bon sens et sans compter les chimistes qui produisent toutes ces molécules toxiques !
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J
Le compte n’y est pas : la FNSEA s’insurge… Pas de doute : le jour où ce syndicat prendra conscience que la nature, dont les exploitants agricoles tirent leur subsistance, doit être protégée et non perpétuellement agressée, notre société aura fait un bond gigantesque ! <br /> Mais, n’est-il pas trop tard ?
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