La martre, une redoutable chasseresse !
On la dit « cousine » de la fouine (voir ici) et, à les voir toutes les deux, le doute n’est pas permis, il y a bien là-dessous une histoire de famille…
Même pour un naturaliste, il n’est pas toujours aisé de différencier martre et fouine tant, à première vue, la ressemblance est frappante ! A y regarder d’un peu plus près, on note cependant quelques détails distinctifs : ainsi, si la bavette de la fouine est plutôt blanchâtre, celle de la martre tire davantage vers le jaunâtre et ne déborde pas sur les pattes avant ! La couleur de la truffe varie également (brun-noir en l’occurrence). Enfin, un des meilleurs critères de détermination reste l’empreinte : l’une (la martre) ayant des poils sur la plante des pattes, l’autre (la fouine), non ! Cela dit, lorsque l’on a la chance d’observer un mustélidé in situ, la scène est généralement si furtive que l’identification demeure souvent relativement aléatoire…
Reste les lieux de vie : si, comme nous l’avons vu précédemment, la fouine se rencontre volontiers près des habitations qu’elle aime à coloniser, la martre quant à elle, vit de préférence dans les boisements forestiers plutôt denses ne faisant que de rares incursions dans les lisières ou à proximité de l’habitat humain !
Le cauchemar de l’écureuil
En sa qualité d’hôte des bois, la martre y prélève très logiquement sa subsistance ! Ainsi, petits animaux à plumes et à poils constituent l’ordinaire de cette régulatrice hors pair avec toutefois une nette prédilection pour les campagnols… Si l’écureuil, grâce à sa vivacité, a relativement peu de prédateurs, la martre tout aussi agile que le « nain roux » et donc tout aussi à l’aise dans les folles courses-poursuites dans les arbres, le met volontiers à son menu : c’est un « chasseur terrible qui inspire une vraie terreur à ses proies » (1) ! Du reste, lorsqu’elle en a l’occasion, la martre s’attaquera sans le moindre complexe à quasiment aussi grand qu’elle : un lapin, en période d’élevage des jeunes, peut ainsi constituer une prise pour le moins intéressante…
De tels « faits d’armes » rendent évidemment la brave bestiole tout aussi impopulaire que sa cousine la fouine : bien qu’elle reste généralement loin des poulaillers, on lui pardonne hélas difficilement de s’en prendre à ce que l’homme qui, on le sait n’est pas très partageur, considère comme « son » gibier exclusif ! Martres ou fouines n’ont donc pas vraiment bonne presse en dépit de leurs considérations sur la « propriété » qui, on s’en doute, diffère vaguement de la nôtre…
De fait, pendant longtemps, l’une et l’autre espèce ont été impitoyablement chassées et systématiquement détruites : il n’est pas bien loin le temps où les préoccupations quant au maintien d’une relative biodiversité, étaient totalement ignorées. Actuellement encore, alors que les mécanismes d’interdépendances des espèces sont pourtant largement connus, d’aucuns s’obstinent à traiter tout ce qui n’est pas conforme à leur propre idée de la nature de « nuisibles » et agissent en conséquence ! La chasse et le piégeage (2) ont donc grandement contribué au déclin de ces populations à tel point que, certains pays européens ont même initié des programmes de confortation de celles-ci voire, localement, ont tenté d’en réintroduire… Ajoutons à ces périls, la fragmentation permanente des bois et des forêts, la déforestation, la sylviculture, les pertes dues aux collisions avec les voitures sans oublier celles imputables aux prédateurs naturels de la martre (le hibou grand-duc ou l’aigle royal dans les Alpes, parfois le renard…) et on comprendra que la survie de la belle est tout sauf une douce sinécure !
A noter -pour finir sur une note quelque peu plus optimiste- cette opération dénommée « Une martre, une maison », initiée par la Coordination Mammalogique du Nord, le Conseil département du Nord, l’ONF et la Fondation Nature & Découvertes : l’idée étant d’offrir un gîte à ces mustélidés cousines des fouines qui ont de plus en plus de mal à trouver des arbres creux pour nicher et se réfugier ! Plusieurs « nichoirs » destinés aux martres ont donc été installés dans l’Avesnois (3) où les arbres susceptibles d’offrir un gîte à ces animaux manquent cruellement… Si ce type d’opération est relativement répandu au Royaume Uni, l’exemple de sauvegarde en question n’en constitue pas moins une première inédite en France ! Une idée à creuser et, pourquoi pas, à développer…
JLS
- In « Mammifère d’Europe » d’André Uhrweiller (ouvrage auto édité).
- Notamment pour récupérer les fourrures très prisées mais aussi pour les poils destinés à faire des pinceaux de haute qualité pour les aquarellistes…
- Parc naturel régional situé dans la région Nord-Pas-de-Calais
Vidéo : Martres des pins nées dans les gîtes installés au Pays de Galles (0 :30)
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