Nos amies les bêtes…

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Qu’ils soient domestiques, d’élevage ou en encore sauvages, nous avons tous une image globale –parfois très approximative- des animaux ! Selon l’enfance, le milieu social, le vécu de chacun d’entre nous… cette image est plus ou moins proche de la réalité et, parfois, totalement farfelue ! Il en est ainsi notamment pour ce qui concerne les animaux destinés à la consommation dont le plus grand nombre est élevé de manière intensive, donc hors de la vue du public ! De fait, lorsque l’on interroge un enfant sur l’origine du poulet qu’il mange, il n’est pas rare que celui-ci réponde sans la moindre hésitation : « du supermarché ! ».

Photo : JLS

Photo : JLS

N’ayant jamais vu de sa petite existence la moindre volaille évoluer librement dans un pré, la réponse est pour lui, d’une logique implacable ! Il en est de même pour tous les autres animaux dont la seule représentation qu’en ont le plus grand nombre ce sont des barquettes empilées dans les rayonnages des magasins… L’animal qui a tout donné ou plus exactement : à qui on a tout pris, se trouve même privé de son identité ! C’est évidemment plus confortable ainsi car il est fort probable que nombre de bambins se rebifferaient s’ils savaient que cette « chose » qui est dans leur assiette à côté de la purée ou des pâtes, était un agneau, un veau, une poule, un lapin… avec des poils (ou des plumes) et un cœur qui battait il n’y a pas très longtemps ! Sciemment, l’industrie –puisque c’est bien ce qu’est devenue la production de viande- a dénaturé les bêtes afin de ne point entacher la bonne conscience des consommateurs… que le stratagème, finalement, arrange considérablement !

La politique de l’autruche

Se mettre la tête dans le sable est naturellement, bien commode ! Ne pas savoir, ne pas même vouloir connaître la réalité sur la manière dont sont « fabriqués » les animaux qui vont être tués, découpés puis mangés est une façon comme une autre de se préserver et de ne pas culpabiliser devant son assiette ! C’est un choix que fait délibérément la majeure partie des consommateurs et c’est évidemment son droit le plus absolu !

Toutefois, on peut aimer manger (en l’occurrence des animaux) et, pour autant se soucier des modes d’élevage, des conditions de vie, de transport et d’abattage puisqu’au final c’est ce « produit » qu’on ingère ! D’un point de vue qualitatif, au même titre qu’on peut légitimement s’interroger sur l’origine de n’importe quel autre produit de consommation, la démarche est d’ailleurs vivement recommandée : après tout, ne s’agit-il pas de la santé de chacun de nous lorsqu’il est question de nourriture ? Cette préoccupation est donc légitime et nul ne devrait logiquement trouver à y redire. Seulement voilà…

Il se trouve qu’en matière d’élevage, il ne fait pas bon se montrer trop fureteur : l’industrie agro-alimentaire aurait-elle des choses à cacher ? La question mérite indubitablement d’être posée !

Or, il se trouve que, lorsque l’on se montre un tantinet curieux, on se heurte à une véritable omerta ! Tentez l’expérience et essayez de visiter un élevage intensif de poulets ou de porcs ! On vous signifiera une fin de non-recevoir sous prétexte d’indispensables et de draconiennes précautions sanitaires ! Le fait est que dans ces « méga-usines » que sont les porcheries ou les poulaillers industriels, la densité de population est telle –les animaux y sont en effet entassés par milliers voire par dizaines de milliers- qu’inévitablement la moindre bactérie ou le moindre microbe pourrait causer une catastrophe dans l’élevage ! Soit… Mais, est-ce vraiment la seule raison d’en interdire l’accès ? De toute évidence, non !

Qu’ils s’agissent de poules pondeuses, de poulets « de chair », de dindes, de lapins, de cochons… les méthodes d’élevages industriels hors-sol sont génératrices de très grande souffrance et, n’ayons pas peur des mots, de maltraitance au quotidien qu’il est plus circonspect de cacher ! Que les animaux souffrent de leur conditions de (sur)vie, est une évidence puisque la majorité de leurs besoins physiologiques et éthologiques ou tout simplement vitaux leur sont tout bonnement interdits ! Ainsi, les cochons sont-ils généralement élevés sur caillebottis sans aucune possibilité de fouiller le sol, ils manquent cruellement d’espace et, dès leur plus jeune âge, subissent de multiples agressions comme la castration à vif ou encore la coupe de la queue et le meulage des dents… sans anesthésie évidemment ! Lorsqu’ils sont blessés ou chétifs, nulle intervention d’un vétérinaire : ils sont tout bonnement mis à mort soit en les fracassant contre un mur (pour les porcelets), soit au moyen d’une masse pour les autres…

Pour les poulets, la situation est tout aussi cauchemardesque : ils sont environ 800 millions à être élevés chaque année dans notre pays et, leur vie ne vaut vraiment pas grand-chose à en juger les traitements infligés de la sortie de l’œuf jusqu’à l’abattage… quelques six semaines plus tard ! De nombreuses vidéos éloquentes sont disponibles sur tous ces sujets et, celui qui veut s’informer actuellement, ne manque vraiment pas d’outils pour ce faire !

Le choix des œufs ne se fait pas à la légère : afin de ne pas soutenir la production industrielle, il faut impérativement opter pour les labels « bio » ou, a minima, pour ceux issus d’élevages « plein air » ! Photo : JLS

Si les murs des abattoirs étaient transparents…

Il est évident que si les abattoirs avaient pignon sur rue, le nombre de végétariens augmenterait considérablement. Mais, le système est opaque et, hormis la diffusion d’images volées et mises en ligne par des lanceurs d’alerte comme les militants de L214, rares sont les témoignages qui filtrent et que d’ailleurs le plus grand nombre ne veut pas entendre ! Pourtant, les cris de ces bêtes qu’on assassine dans l’indifférence générale, résonnent furieusement pour qui ne se bouche pas les oreilles : ils crient leur terreur devant la mort vers laquelle on les pousse sans ménagement ! Ils hurlent de douleurs et d’angoisse comme le fait votre chat ou votre chien lorsqu’il souffre, votre enfant lorsqu’il a mal ou encore votre parent qui se meurt…

Hangar avicole. Photo : JLS

Oui à l’élevage et à la viande mais, pas au prix d’une telle souffrance !

Il y a un monde –un abîme- entre l’élevage traditionnel de nos aïeuls et celui, industriel, qui depuis quelques décennies, se développe jusqu’à devenir « la » norme ! Désormais, toutes les limites semblent être repoussées et, dans cet univers dantesque, c’est le gigantisme qui mène la danse : ainsi voit-on fleurir des fermes « des 1 000 vaches », « des 1 000 veaux », « des 1 200 taurillons », « de 2 200 têtes »… Pour les volailles, les chiffres sont encore plus édifiants puisque c’est des dizaines de milliers (100 000, 120 000, 150 000…) que comptent les bâtiments-usines qui, malgré les protestations, continuent néanmoins à pousser…

C’est à nous, consommateurs, de faire bouger les lignes : il ne s’agit pas de montrer du doigt ceux qui ne peuvent pas se passer de viande dans leur assiette mais de les responsabiliser et de les inciter à faire un choix plus respectueux de la nature et des animaux concernés ! L’élevage intensif est non seulement fait de souffrance et de cruauté sans limite pour les bêtes mais, de plus, pollue considérablement et s’avère mauvais pour la santé ! En somme : que chacun fasse comme il l’entend mais en parfaite connaissance de cause !

JLS

 

Article paru dans la revue 2018 de la SPA de Strasbourg

 

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M
Très bon article ! Ce sont les consommateurs qui peuvent faire changer les choses, encore faut-il le vouloir et avoir du courage et aussi de l'empathie...
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J
Ah que je suis content que te revoilà Martina !
C
je partage entièrement cet avis
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K
Merci pour cet article !!<br /> Toute cette souffrance animale me soulève le coeur... Que d'atrocités... C'est affreux...<br /> On ne respecte pas l'animal. On le fait vivre dans des conditions épouvantables. Un animal est fait de chair et de sang et il ressent de la douleur...<br /> Je ne mange pour ainsi dire plus de viande... Je n'en achète plus... Je fuis les rayons "boucherie"... voyant l'animal vivant derrière chaque morceau de viande...<br /> Bon WE Jean-Louis
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C
Un animal, ça ne se mange pas.
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C
je trouve que c'est affreux cette maltraitance sur les animaux predestines à l'abattoir et aussi les atrocités que font les abattoirs. c('est scandaleux. Personnellement j'ai possibilité d'avoir centaines viande directement de chez le paysan. Et j'en suis super contente. Au moins je sais ce que je mange. Bon weekend
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S
C'est épouvantable ce que l'on fait subir aux animaux.<br /> A ce sujet, il y a le dernier livre d'Allain Bougrain Dubourg :<br /> " Lettre des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes"
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J
Lire ici : http://natureiciailleurs.over-blog.com/2018/03/lettres-des-animaux-a-ceux-qui-les-prennent-pour-des-betes.html
D
Mon fils connaissant mes convictions et les partageant vient de m'offrir ce livre; je l'ai d'abord feuilleté et suis tombée sur la "prise de parole" des requins et c'est si cruel si indigne, si douloureux que j'avoue ne pas avoir encore eu le courage de lire les autres chapitres..mais je le ferai dans une période plus faste<br /> Merci Jean-Louis d'être quotidiennement, inlassablement sur le front de la défense et du respect des autres espèces animales que la nôtre, la nôtre qui se croit tous les droits et fait tant de mal
D
Les choses doivent évoluer progressivement : en manger moins, accepter de payer plus cher, améliorer considérablement les conditions d'abattage ; le problème c'est la concurrence internationale, d'où la nécessité de faire évoluer les mentalités<br /> J'ai un souvenir de vacances en Bretagne, il y a plus de 50 ans, la fermière qui nous hébergeait cueillait et hachait les orties pour les ajouter à la pâtée des canards qui vivaient en liberté dans la cour ; quand on tuait le cochon, on invitait les voisins, c'était une fête, l'abattage était cruel, mais le cochon avait vécu une vraie vie de cochon !
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J
Trés juste! Petit, je côtoyais les lapins que mon pére élevait. Avec ma soeur, nous refusions de les manger.
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