La Zad de Bure évacuée
La gendarmerie nationale a évacué jeudi le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse), avec une opération d’envergure.
La gendarmerie nationale a évacué jeudi le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse), avec une opération d’envergure pour déloger par surprise les opposants antinucléaires. Dès l’aube, cinq cents gendarmes ont été mobilisés pour l’évacuation de ce site de 221 hectares à proximité de Bure. Au début de l’intervention, une quinzaine d’opposants étaient présents. L’opération s’est terminée dans l’après-midi.
« Le bois est libéré, il n’y a plus d’occupants », a indiqué la préfecture de la Meuse peu avant 17 h. Des opérations de déblaiement se poursuivent. À la mi-journée, deux bulldozers avaient commencé à nettoyer les barricades et bivouacs des opposants à l’entrée du bois. Parallèlement, à Bure, où la mairie a été la cible de jets de pierres, une perquisition a eu lieu à la « Maison de résistance », où près d’une trentaine d’opposants au projet Cigéo s’étaient regroupés. Cette perquisition s’est terminée dans l’après-midi.
« Il y a sept gardes à vue en cours », une à la suite de l’évacuation du bois Lejuc et six pour « outrages et/ou violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique » dans le cadre de la perquisition à la « Maison de résistance », a indiqué Olivier Glady, procureur de la République à Bar-le-Duc. Le bois Lejuc a été retenu par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour l’installation des cheminées d’aération du projet Cigéo, visant à enfouir à 500 m sous terre les déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français.
Pas de lieux de non-droit
Saisi en référé par l’Andra, qui veut réaliser des forages exploratoires dans cette forêt, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc avait pris en avril une décision d’expulsion. « Nous sommes là pour montrer qu’on ne veut pas qu’on empoisonne la Terre mère. On est dans un vieux chêne qui a vécu bien plus longtemps que nous », avait déclaré par téléphone jeudi matin un opposant perché dans un arbre.
A la « Maison de résistance » à Bure, les forces de l’ordre « se sont introduites par la force, sans explication, en disant qu’(elles) allaient faire usage de la force contre nous », a raconté, très énervée, une opposante, se faisant appeler Camille, après avoir été expulsée du bâtiment. Le réseau « Sortir du nucléaire » et d’autres associations d’opposants ont appelé « à des rassemblements devant toutes les préfectures ce soir à 18 h ». Des rassemblements sont prévus devant des dizaines de préfectures ou des bâtiments officiels.
Le secrétaire d’État à la Transition écologique, Sébastien Lecornu, a assuré jeudi à Bar-le-Duc que « l’État reviendra(it) pour maintenir l’ordre et faire respecter la loi autant de fois qu’il sera nécessaire ».
Paris-Normandie (22.02.2018)