La face cachée du coton
Une enquête sur la face cachée de la mode à petit prix |
Dans « Tout compte fait », Julian Bugier a présenté ce samedi 10 février sur France 2, à 14 h, une enquête de Mathilde Cusin sur l’envers du décor, environnemental et humain, des prix cassés pratiqués par de grandes enseignes de prêt-à-porter. Les témoignages apportés amènent à réfléchir, et à changer notre mode de consommation.
« La face cachée de nos T-shirts » C’est ainsi que Julian Bugier lance l’enquête réalisée par Mathilde Cusin, diffusée sur France 2, ce samedi 10 février à 14 h. « Savez-vous que nous, français, nous achetons chaque année 700 000 tonnes de vêtements : 30 kg par personne », poursuit-il. Et les marques à bas coûts ont particulièrement influencé notre mode de consommation. Ainsi, en 15 ans, notre consommation de vêtements a augmenté de 60 %. « Alors que nous les jetons deux fois plus vite. » La « fast fashion » (mode rapide) a dicté de nouvelles règles.
3,99 € le jean !
Comment résister devant un jean à 3,99 € ? Peut-être en montrant l’envers du décor. Quelle que soit l’enseigne dans laquelle nous entrons aujourd’hui en France pour acheter un vêtement, difficile d’échapper au coton. Cette matière est la moins chère du marché. Le souci, il est principalement produit à l’autre bout de la planète. Un tiers de la production mondiale vient de l’Inde. Et en grande partie de la région du Pendjab. La capitale de cette région ? Ludhiana : « La quatrième ville la plus polluée au monde selon l’OMS. »
Les pesticides utilisés ? Ils sont interdits dans l’Union européenne. Et les conséquences sont dramatiques. Difficile de ne pas être révolté, et même complètement anéanti par le témoignage de ce père de famille indien qui, conscient des risques qu’il fait encourir à sa famille, et surtout à ses enfants, ne voit pas comment il peut faire autrement. Ses champs de coton lui rapportent 60 € par mois, deux fois moins que le salaire moyen en Inde. Mais c’est tout ce qu’il a. L’enquête multiplie les témoignages, tous aussi poignants les uns que les autres.
La solution ? La fibre de bois
Et s’il n’y avait que les pesticides utilisés… À cette pollution de l’air s’ajoute celle de l’eau. Les colorants utilisés dans ces usines qui déversent les rejets tels quels dans la nature. Tout ça pour, qu’au final, ce coton termine, transformé, dans les pays occidentaux.
Heureusement, l’enquête rappelle qu’une filière alternative émerge. Son nom ? Le Tencel. De la fibre de bois issue de forêts autrichiennes, gérées de manière responsable. Le problème ? Son coût : 16 € le kilo contre 5 € pour le coton. Mais la marque rennaise Ekyog a su en faire un argument de vente. Parce que, la plus grande difficulté aujourd’hui, c’est de faire passer le prix « élevé » auprès des consommateurs. Soigner la qualité des finitions, baisser la marge que s’attribue la marque… sont autant de solutions. Des solutions qui marchent puisque la marque ne cesse de progresser. Et ça, c’est une bonne nouvelle.
Une enquête qui ouvre les yeux et met le consommateur occidental devant ses responsabilités.
Alexandra Bourcier/Ouest-France (10 février 2018)