Au Salon de l'agriculture, les manifestants "vegans" coupent l'appétit des visiteurs

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Une quarantaine de manifestants se sont rassemblés devant le salon pour protester contre la souffrance animale et inciter les gens à arrêter de consommer de la viande.

Des têtes d'animaux récupérées dans des abattoirs par des manifestants "vegans" sont exposées sur des tables, devant le Salon de l'agriculture, le 26 février 2015, porte de Versailles, à Paris. (CLEMENT PARROT / FRANCETV INFO)

La sono crache avec brutalité des cris d'animaux sur le point d'être abattus ou en train d'être égorgés. Sur des tables maculées de sang, les manifestants installent les têtes tranchées de vaches, de porcs ou de moutons récupérées à la sortie des abattoirs. Puis le silence. Une quarantaine de manifestants vegans issus de plusieurs associations sont venus, jeudi 26 février, tenter de perturber le Salon de l'agriculture, qui se tient à la porte de Versailles, à Paris. Les vegans refusent de consommer le moindre produit issu de l'exploitation animale, que ce soit dans l'alimentation, l'habillement, les cosmétiques... Une jeune femme explique au micro le but de leur action : "Les animaux sont comme nous des êtres sensibles, qui ressentent des émotions. (...) A chaque fois que nous mangeons de la viande, nous enlevons une vie."

"Manger de la viande tue"

"On manifeste pour dénoncer les mensonges du Salon de l'agriculture, qui donne une image de l'agriculture avec des animaux libres, alors que la réalité, c'est 75% des animaux dans des élevages industriels, avec des conditions de vie abominables", ajoute Marie-Pierre, qui est chargée de distribuer des tracts de sensibilisation aux passants. "Le plus grave, c'est qu'on emmène les enfants, qui n'ont même pas conscience du devenir des animaux qu'ils caressent", ajoute la jeune militante. "C'est vraiment hypocrite, le Salon de l'agriculture. On vient caresser les animaux pour les manger juste après, et on passe sous silence les conditions d'élevage et d'abattage", s'indigne Axel, manifestant d'une vingtaine d'années qui tient une pancarte "Manger de la viande tue"

"Peut-on vraiment se dispenser totalement de viande ?"

Les réactions des passants, majoritairement venus pour visiter le Salon de l'agriculture, sont mitigées. "Ce sont de doux rêveurs utopistes, on ne peut pas se passer des animaux pour l'alimentation humaine", confie l'un d'eux. "Vous véhiculez de fausses idées sur l'élevage. Votre végétalisme, c'est du totalitarisme de la pensée", s'énerve un autre, qui explique avoir travaillé dans l'agriculture. Il reproche aux vegans de ne montrer que les excès, que "les brebis galeuses" du secteur.

"Parfois, on se fait traiter de tous les noms, mais il y a aussi des conversations très constructives", relativise Karine, tracts à la main. Justement, un vegan entame une longue discussion courtoise avec Michel, la cinquantaine. Ce dernier expose une opinion tempérée : "Autant il me paraît aberrant de faire souffrir les animaux sans précaution, autant se pose le problème de l'alimentation humaine. Peut-on vraiment se dispenser totalement de viande ? Je n'en suis pas sûr. Par ailleurs, allez expliquer à un éleveur africain qu'il ne peut pas manger ses chèvres."

Mais pour Sébastien Arsac, de l'association L214"vu notre consommation de viande en France, il est impossible de ne pas faire souffrir les animaux. Je rappelle que chaque année, plus d'un milliard d'animaux sont tués". Le militant raconte son passé de travailleur dans les abattoirs Charal, où il assistait à l'abattage à la chaîne de 50 à 60 bêtes en une heure. Il rappelle que la France vient de reconnaître les animaux doués de sensibilité et considère que "le meilleur moyen de respecter cette sensibilité, c'est de ne pas manger les animaux".

France Info (26.02.2018)

 

 

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A
Bravo !! Salon de l’agriculture salon de la torture .
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G
je leur dis bravo
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D
je préfère qui s'exprime sagement sans tomber dans l'activisme et dans l’extrémisme, mais bon, c'est la liberté d'expression
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N
Dégoutée par ce monde de pouvoir, d'argent et de tueurs - à la guerre ou pour massacrer les animaux !
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M
Bien sûr qu'on peut se passer de viande... C'était exceptionnel d'en manger avant même dans les campagnes et leur philosophie de vie est défendable. Ce qui me gêne c'est qu'ils pensent trop avoir tout inventé...ils oublient que dans les années 70, nous avons été nombreux à découvrir un autre mode d'alimentation. Les végétariens et végétaliens ont toujours existé ! Ils oublient aussi que le soja aux olives, les steack de céréales et saucisses végétales et compagnie sont des produits industriels comme les autres avec marketing à la clé. Est-il besoin d'utiliser le vocabulaire carné pour faire vendre !! Mais moi ce qui me dérange surtout c'est d'acheter aujourd'hui des produits en rayon que j'achète depuis 40 ans et de trouver sur l'étiquette le mot "vegan". Est-il besoin de dire que le tahiné est vegan !! Franchement...nous voilà encore dans l'exagération...La modération serait une bonne chose si la qualité primait définitivement sur la qualité, si nos agriculteurs et éleveurs étaient incités à produire moins et mieux, pour être payer à leur juste valeur et les conseils alimentaires enfin indépendant de tout lobbying. Non ? je rêve peut-être...
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J
L’utopie c’est simplement ce qui n’a pas encore été essayé ! Cette petite phrase de Théodore Monod illustre parfaitement le mouvement ‘’vegan’’. Peut-être est-il aujourd’hui utopique d’appeler de ses vœux un monde sans toute cette violence qu’engendre les abattoirs, peut-être aussi que demain toutes ces monstruosités faites actuellement au monde animal seront sévèrement jugées ! <br /> Si l’élevage extensif entretient nos paysages, en revanche l’intensif qui tend à se généraliser, est une catastrophe tant pour les bêtes concernées que pour les humains -et leur santé- et, bien sûr, l’environnement ! Quelques chiffres toujours bon à rappeler dans les commentaires ici : http://natureiciailleurs.over-blog.com/2018/02/pays-bas-fin-de-cavale-et-retraite-bien-meritee-pour-la-vache-hermien.html
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