La hulotte en rééducation

Publié le par Jean-Louis Schmitt

 

 

La chouette qui attaquait des habitants de Saint-Dié est arrivée lundi au centre LPO de Rosenwiller. Elle y subira pendant plusieurs mois un protocole spécial. 

La chouette qui attaquait des habitants de Saint-Dié est depuis lundi au centre de la Ligue pour la protection des oiseaux de Rosenwiller. Photo : LPO Alsace

Quarantaine stricte en volière avec brise-vue, un seul soigneur habilité à l’approcher pour le nourrissage en respectant un luxe de précautions… La petite chouette hulotte qui ciblait depuis quelque temps des habitants de Saint-Dié-des-Vosges (Lire ici) s’est vue appliquer depuis ce lundi un régime particulier.

Le rapace, capturé « en bonne santé », a été transféré au centre de soins de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), à Rosenwiller. « Nous l’avons soumis à un protocole de désimprégnation », décrit Suzel Hurstel, responsable de la structure. En clair, il s’agit de réinculquer à l’oiseau ses instincts naturels.

Cette rééducation fonctionnera-t-elle ? Pas du tout sûr, tempère Suzel Hurstel. « Le protocole a déjà fait la preuve de son efficacité avec d’excellents résultats sur des oiseaux jeunes et non émancipés. Mais l’examen du plumage de la chouette a montré qu’elle avait déjà plus d’un an – ayant donc dépassé le stade de la maturité sexuelle. Et qu’après avoir vécu en captivité au contact de l’homme, elle avait connu un long moment de liberté suite à son relâcher ».

« Très compliqué »

Modifier son comportement s’annonce donc « très compliqué », poursuit-elle. « On ne sait pas si ça peut réussir, ni à quelle échéance. Des contacts ont été pris avec plusieurs spécialistes. Nous allons en tout cas faire le maximum ».

Si succès il y a, le rapace pourra être rendu à la nature. Dans le cas contraire, l’alternative sera de lui trouver un centre à même de l’accueillir (l’espèce étant protégée). L’autre scénario, auquel ne veut pas se résoudre l’équipe de la LPO, étant l’euthanasie. « Quelle que soit l’issue, aucune décision ne sera prise sans accord préalable des autorités [Dreal et préfecture] ayant permis la capture », précise Suzel Hurstel.

Pour l’heure, un long travail de rééducation commence…

DNADNA/Olivier Terrenère (23/11/2017)

Photo : LPO Alsace

Elle prend l’homme pour un congénère

La chouette a vraisemblablement été recueillie jeune et nourrie un moment avant d’être relâchée. D’où le fait qu’elle prenne l’homme pour un congénère et affiche un comportement anormalement agressif. Non seulement vis-à-vis des gens alors que son instinct naturel serait de les fuir. C’est motivé par la recherche de nourriture, la réaction à des éléments lui déplaisant, etc. Mais aussi vis-à-vis des rapaces de sa propre famille. L’occasion pour la LPO de rappeler qu’il ne faut surtout pas s’occuper chez soi d’oiseaux trouvés dans la nature ni vouloir les nourrir. Mais qu’en cas de découverte d’un volatile présentant des signes manifestes de blessure, il faut appeler l’un des centres de la ligue.

 

A conserver précieusement, la liste des centres de soins pour la faune sauvage (cliquez ci-dessous)

Liste des centres de soins pour animaux sauvages en France

 

 

Publié dans Environnement, Oiseaux

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D
Bon courage , ma petite chouette, pour le travail de rééducation qui t' attend. Par la faute de nous humains! Même si je ne suis pas responsable, je suis triste de porter une partie de cette dernière!
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D
je suis impressionné par le nombre d'articles intéressants sur ce blog ; en ce qui concerne l'imprégnation, l'information est très utile
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J
Lire également ici : "L'envers du décor" [ http://natureiciailleurs.over-blog.com/2016/03/l-envers-du-decor.html ] et "Nourrir... à en mourir !" [ http://natureiciailleurs.over-blog.com/2017/05/nourrir-a-en-mourir.html ] !
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M
Stef, que je connais pas, a de l'humour ! J'espère que la "désimprégnation" réussira, pauvre chouette qui ne sait plus où elle en est :) C'est pas drôle mais c'est vrai que les centres de soins ne sont pas toujours proches...heureusement ils font appel à des membres de la LPO qui peuvent se rendre sur les lieux.
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J
A retenir : même en pensant bien faire, on peut mal faire ! De nombreux jeunes rapaces (espèces intégralement protégées je le rappelle...) sont, chaque printemps, "récupérés" par des personnes qui les croient abandonnés ! Certes, cela arrive -mais jamais sans raison : un parent peut effectivement avoir un accident ce qui peut avoir des conséquences dramatiques pour la progéniture...-, toutefois, la plupart du temps, les jeunes ne sont pas en danger réel : il suffit de les "brancher" afin qu'ils soient à l'abri d'éventuels prédateurs et les parents les retrouvent sans difficultés et continuent à s'en occuper... <br /> Elever soi-même de jeunes rapaces est non seulement interdit mais peut s'avérer fatal pour les individus en question puisque tout le monde n'a pas forcément les connaissances nécessaires pour mener à bien une telle entreprise ! <br /> Si d'aventure, les jeunes survivent, l'histoire de la chouette ci-dessous le démontre clairement, cela n'est pas toujours sans conséquences ! Aussi, mieux vaut laisser cette tâche aux personnes habilitées et, si on ne sait pas à qui s’adresser, demander conseil à un vétérinaire ou à la SPA près de chez soi !
S
Pour une fois qu'une serre serve à ce qu'une chouette ne se serve plus de ses serres, c'est chouette !
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J
Waouhhh ! Excellent ... Comme d'hab !