La Chasse tue…
C’est une litote évidemment mais, plus que jamais, l’actualité récente le prouve : la chasse tue des millions d’animaux chaque année –ce qui est déjà terrifiant et inacceptable en soi- mais aussi, et c’est là le sujet majeur de cette chronique, des humains dont le seul tort était de se trouver là où il ne fallait pas au mauvais moment…

Brocard… Photo : JLS
Concours de circonstances, malchance, fatalité…
Ce sont là les substantifs auxquels on a régulièrement recours pour expliquer les drames en question ! Ainsi, cette dame qui se trouvait dans son jardin aveyronnais, derrière une haie opaque, et qui a été abattue d’une balle tirée par un chasseur qui participait à une battue, serait-elle principalement morte par la faute à… "pas de chance" ?
C’est tout de même un peu court comme justification et, de toute manière, l’argument est aussi grotesque qu’il est inadmissible !
Qu’il y ait dans les rangs des chasseurs d’authentiques irresponsables ne fait aucun doute ! C’est un secret de Polichinelle connu par tous y compris des instances dirigeantes cynégétiques qui, après chaque bavure, souhaiteraient principalement que les médias –régionaux et nationaux- n’évoquent guère ces faits divers, histoire surtout de ne pas donner du grain à moudre aux anti-chasses ! Les responsables des tirs meurtriers sont, quant à eux, rarement inquiétés et, la plupart du temps, peuvent même continuer leur funeste activité ! Bref, on assiste à une certaine omerta coupable et à une attitude pour le moins complaisante de la part du plus grand nombre…
Comme me le faisait remarquer une lectrice : lorsque survient un accident mortel de la route, on prend des mesures ! Le conducteur passe généralement au tribunal et, souvent, est même condamné, son permis de conduire retiré... D’autre part et ce n’est pas anecdotique, on cherche à améliorer l’état de la route, du carrefour ou de la zone "accidentogène", on installe des ronds-points, des ralentisseurs… Bref, on met tout en œuvre afin que "plus jamais cela ne se reproduise" !
Que se passe-t-il après un accident de chasse ?
Pas grand-chose en réalité ! Parfois, le village pleure… C’est le cas de Taussac pour l’affaire de la dame décrite ci-dessus ! Sauf que, et c’est particulièrement choquant, en l’occurrence on ne pleure pas la victime mais, le "pauvre chasseur" à qui il est arrivé cette épouvantable tuile et qui, désormais, devra vivre avec "ça" sur la conscience ! Pas un mot pour la trépassée de 69 ans qui, après tout, n’avait pas à se trouver là ! C’est tout juste si personne n’a avancé l’idée d’organiser une "marche blanche" pour laver l’honneur du tireur imprudent…
Bref, contre toute logique, les règles de sécurité, ne changeront probablement pas de sitôt –les chasseurs les trouvent amplement suffisantes et déjà bien trop contraignantes- quant à une hypothétique interdiction de chasser près des habitations, les mordus de la gâchette ne veulent tout simplement pas en entendre parler ! "Aujourd’hui, il n’existe pas de règle homogène sur l’ensemble du territoire. La puissance des armes à feu est telle, qu’interdire le tir en direction des habitations à moins de 150 mètres est insuffisant pour assurer la sécurité des personnes " déclare l’ASPAS en réclamant une fois de plus une interdiction formelle de tirs en direction des habitations, jardins, lieux publics etc. et ce quelle que soit la distance ! Ce serait du bons sens pour une activité aussi dangereuse que l’est la chasse, seulement voilà : les chasseurs et leurs nombreux alliés politiques s’opposent farouchement à la moindre réforme de leur activité favorite : les promeneurs et autres usagers de la nature n’ont donc qu’à faire attention à ne pas se prendre une balle perdue !
Le loup, un danger pour l’homme
Loup noir. Photo : JLS
Un lecteur m’a récemment interpellé sur le danger que représente le loup pour nous autres humains ! Nier cette évidence serait quelque peu inconscient : un animal sauvage est, par définition, imprévisible et, par conséquent, au même titre qu’avec tout autre animal –même domestique- un accident n’est jamais à exclure totalement ! Cela dit, il convient de rétablir certaines données volontiers véhiculées et abondamment exagérées par les "anti-loups" ! Alors, oui, le loup attaque parfois l’homme. Toutefois, cela est très rare et se produit dans des circonstances tout à fait particulières :
-loups enragés,
-loups qui se défendent lorsqu’ils sont eux-mêmes attaqués,
-loups aux comportements de prédation particuliers (quelques cas d’attaques d’enfants au cours du 20ème siècle ont ainsi été rapportés, tous survenus en Espagne, région de Galice)
-et loups ayant perdus la peur de l’homme…
"Des cas récents (années 1990) ont en particulier été rapportés dans des parcs nord-américains. Aucun cas mortel n’a été recensé. En définitive, des attaques sur l’homme existent mais leur fréquence est faible et de plus essentiellement liée à une contamination rabique. Si l’on compare la fréquence des attaques de loup sur l’homme, avec celles engendrées par d’autres carnivores (dingo, grizzli, tigre, couguar…), le loup apparaît comme une des espèces les moins dangereuses au regard d’une part de ses capacités physiques et d’autre part de l’évolution de son aire de répartition et de ses effectifs. Ainsi, au cours des 50 dernières années, 9 morts ont été recensés en Europe (dont 5, à l’est, liés à des loups enragés) pour une population lupine estimée entre 10 000 et 20 000 individus; 8 morts recensés en Russie (4 liés à la rage) pour 40 000 loups ; zéro mort en Amérique du nord pour une population de 60 000 loups. " (1).
Les attaques de loups –réelles ou supposées- contre l’homme sont donc extrêmement rares et souvent fantasmées ! Les détracteurs du canidé se saisissent volontiers de toutes les affaires susceptibles de noircir le tableau histoire afin d’obtenir toujours davantage d’autorisations de tirs de loups !
Si une attaque n’est jamais à exclure, il n’en demeure pas moins que le comportement "normal" du loup lui fait farouchement craindre l’homme et éviter les zones où il risque de le rencontrer ! Selon le spécialiste Jean-François Darmstaedter (2) "Le loup n’est pas dangereux pour l’homme car il ne figure pas dans la carte de chasse du canidé […] le loup sent venir l’homme et va s’éloigner automatiquement".
Personnellement, la présence du loup ne me fait nullement peur. En revanche, et on en revient à la première partie de la présente chronique, certaines rencontres me sont des plus désagréables et, là, oui… je peux vous assurer que je me sens profondément en insécurité !
- Source : La Buvette des Alpages
- Secrétaire général de l’association environnementale FERUS
Article publié dans le n° de décembre 2017 de la revue "Vivre en Harmonie"