Un système qui broie des hommes et des animaux
Le journalisme « en immersion » est peut-être le meilleur moyen de s’approcher de la vérité. La réalité palpable, celle à laquelle sont confrontés les hommes. Geoffrey Le Guilcher est un ancien des Inrockuptibles, il collabore à Médiapart, au Canard Enchaîné , à Les Jours … Il a fait le choix de s’immerger « totalement » dans le monde de l’abattoir, chez lui, en Bretagne. Quarante jours à la chaîne d’abattage, dans la machine qui « broie les hommes et les animaux ».
Cet ancien élève du CUEJ à Strasbourg (2009-2011) se définit à l’origine comme un « viandard », un gars qui ne crache pas sur une entrecôte. Mais durant son « contrat » dans cet immense abattoir, il a vu la souffrance animale, oui, mais il a aussi vu celle des hommes. Il a réduit sa consommation de protéines animales, devenant « flexitarien ». « Quand on t’oblige à tuer un porc toutes les 20 secondes, ou une vache toutes les minutes, quand l’animal résiste, il ajoute un problème supplémentaire et il devient l’ennemi de l’ouvrier, à cause de ces cadences… », explique-t-il.
Ces cadences et le « tabou » de la mort, fût-elle animale, éloignent les hommes – ceux qui œuvrent à la « tuerie » – de leurs semblables. Ils sont devenus des « parias » et, pour tenir, ils se serrent les coudes, se retrouvent entre eux, consomment parfois (souvent) des stupéfiants. Geoffrey a partagé avec eux tous ces moments et c’est cela qu’il raconte, dans son livre coup de poing. Il n’oppose pas les souffrances, et il en parle aujourd’hui, à la librairie Kléber.
Steak Machine par Geoffrey Le Guilcher, éditions Goutte d’Or. 12 €, 168 pages
Lire également ici !