Les arbres ont une incroyable vie secrète que nous ignorons
À Bali, certains arbres sont habillés d’un tissu parce qu’ils sont considérés comme des entités à part entière. Ils seraient habités par des forces vitales et les offrandes déposées à leurs pieds les aideraient à s’apaiser. Dans son livre La Vie secrète des arbres, le forestier allemand, Peter Wohlleben, prête aux arbres des caractéristiques humaines. Mais qu’est-ce qui se trame exactement sous leur feuillage ?
Ils sont immobiles mais pas pour autant inactifs. Ils ressentent la solitude, la douleur, entretiennent des liens d’amitié, ils sont prévoyants et ont développé d’incroyables capacités de communication invisibles qui leur permettent d’échanger des informations entre eux… Les arbres sont plus humains que ce que nous pensons.
À la tête d’une forêt sur la commune de Hümmel, dans la région de l’Eifel en Allemagne, Peter Wohlleben s’en occupe aujourd’hui avec amour. Pourtant, il n’a pas toujours été un fervent gardien de la nature.
Plus jeune, il est responsable d’une forêt de 3 000 hectares et voit les arbres uniquement comme de la marchandise. Il abat des espèces centenaires et répand des insecticides. Il écrit :
« Quand j’ai commencé ma carrière, j’en savais à peu près autant sur la vie secrète des arbres qu’un boucher sur la vie affective des animaux. Je me suis rendu compte que je détruisais davantage la nature que je ne contribuais à la préserver. »
Dans son livre, on y apprend que c’est grâce à leurs racines que les arbres captent non seulement l’eau du sol mais s’échangent des nutriments et communiquent. Mais quel genre de message peuvent-ils bien s’envoyer ?
Des messages d’alerte par exemple. Face à un prédateur qui mange ses feuilles, l’arbre en modifie leur composition chimique pour repousser l’animal tout en émettant un gaz qui, transmis par le vent, alerte aussitôt ses congénères. L’arbre est intelligent.
Et quand le gaz n’est pas efficace, les êtres de bois utilisent leur réseau sous-terrain, leurs racines et les hyphes de champignons (filaments blancs), pour avertir d’une agression extérieure. L’arbre est solidaire.
Cette entraide vaut aussi quand un arbre de la même espèce est malade. Son voisin le plus proche lui envoie alors des nutriments par les racines pour l’aider à retrouver de l’énergie. L’arbre est généreux.
Mais souvent, par ignorance, l’homme ne respecte pas l’incroyable être vivant qu’il constitue et n’hésite pas à l’abattre pour son bois ou à anéantir son environnement. À travers son livre, Peter Wohlleben appelle à la prise de conscience et écrit : « Quand on sait qu’un arbre est sensible à la douleur et a une mémoire, que des parents-arbres vivent avec leurs enfants, on ne peut plus les abattre sans réfléchir, ni ravager leur environnement en lançant des bulldozers à l’assaut des bois ! ».
Mélissa Becquet (4 avril 2017)
Vidéo : Le langage des arbres (2 :24)
La vie secrète des arbres
Que savons-nous des arbres ? Les citadins regardent les arbres comme des " robots biologiques " conçus pour produire de l'oxygène et de bois. Forestier, Peter Wohlleben a ravi ses lecteurs avec des informations attestées par les biologistes depuis des années, notamment le fait que les arbres sont des êtres sociaux. Ils peuvent compter, apprendre et à mémoriser, se comporter en infirmiers pour les voisins malades. Ils avertissent d'un danger en envoyant des signaux à travers un réseau de champignon appelé ironiquement « Bois Wide Web ».
Pour des raisons inconnues, ils gardent les anciennes souches de compagnons abattus vivants depuis des siècles en les nourrissant avec une solution de sucre par leurs racines. Une merveille de pédagogie pour tous les publics « Le langage scientifique supprime l'émotion, et les gens ne comprennent plus rien. J’utilise un langage humain.
Quand j’écris que “ les arbres allaitent leurs enfants, tout le monde sait tout de suite ce que je veux dire ” », explique l’auteur. La critique allemande a salué unanimement ce tour de force littéraire et la manière dont l'ouvrage éveille chez les lecteurs une curiosité enfantine pour les rouages secrets de la nature. Après avoir étudié les arbres à l’université, Peter Wohlleben a commencé à travailler pour l’administration forestière d’Etat.
En tant que jeune forestier, il était responsable d’un bois de 3,000 hectares à une heure de Cologne. Il a abattu des arbres centenaires et pulvérisé des hectares avec des insecticides. Mais il ne se sentait pas bien. Wohlleben a commencé à étudier des approches alternatives à l’exploitation forestière intensive, Après une décennie de lutte, il a introduit des chevaux, éliminé les insecticides et a commencé à expérimenter une autre manière d’exploiter la forêt en laissant pousser les bois de manière sauvage. En deux ans, la forêt est devenue rentable, notamment grâce à l’élimination des machines et des produits chimiques coûteux…