Le potager de mon grand-père
Dans le documentaire "Le potager de mon grand-père", Martin Esposito capte des modes de cultures transmis de génération en génération. Sans être le documentaire du siècle, ce film, au-delà de l’hommage touchant qu’il exhale, a cela de magique qu’il réveille les consciences…
Explosant sur les écrans comme un bourgeon au printemps, Le potager de mon grand-père, son nouveau film, fera sans doute hoqueter de mépris les accros à l'actu, à l'adrénaline, au suspense, au béton et aux trépidations de la ville. Il ravira en revanche les amoureux de lenteur, de nature, d'authenticité. Et de nouvelles positives, puisque c'est une belle histoire qu'Esposito a cette fois décidé de raconter, sans mièvrerie. Celle de la résurrection d'un vieil homme à travers... son potager.
Lorsqu'il y a deux ans, "Papy", comme l'appelle Martin Esposito - qui se met lui-même en scène dans le film au côté de son aïeul - perd son épouse, ce vieillard de 83 ans perd aussi le goût de la vie, l'envie de continuer. Jusqu'à ce que Martin, qui sort lui-même de l'aventure de Super Trash, vienne le voir et lui demande de lui transmettre sa passion et son talent pour le potager. Mais aussi l'autorisation de filmer cette aventure. Un besoin quasi physique, pour le petit fils comme pour le grand père, de recommencer quelque chose, de se reconnecter à la vie. De pousser et de grandir. D'échanger et d'apprendre. Un printemps pour oublier l'hiver.
Résultat, un beau film tourné dans un vallon d'Antibes, qui tient sur rien ou presque. Quelques mots de tous les jours. Quelques gestes anodins: ceux d'un vieillard qui trie des graines et égrène ses souvenirs et dont on ne sait jamais vraiment, lorsqu'il pleure, si ce sont les oignons qu'il épluche, la nostalgie ou le bonheur qui en sont la cause. Les gestes aussi d'un gaillard qui pioche, qui plante, qui bêche, qui bine, qui transpire, qui écoute. Et crie enfin victoire comme un gosse lorsque rougit sa première tomate.
Oui, en apparence rien, ou si peu, et en même temps l'essentiel: la simplicité encore possible de la vie dans un univers chaque jour plus complexe, la nature consolatrice et rédemptrice, l'émotion, la transmission, la solidarité, l'esprit de famille, qui sont au fond les véritables héros de ce film.
Pas forcément un retour à la terre, bien sûr, mais en tout cas l'envie de revenir à une certaine forme d'authenticité, de vérité qui passe aussi par un respect de la terre et un amour de la nature. Une manière pudique de rappeler que la vie au sens large est entre nos mains. Et que le respect de cette vie dépend de chacun d'entre nous, puisque le papy de d'Esposito n'a pas attendu que l'agroécologie ou la permaculture soient à la mode pour faire de la résistance face aux OGM et à l'industrialisation de l'agriculture.
"Le potager de mon grand-père" sera projeté mardi 21 mars à 20h à la Salle des Fêtes de Phalsbourg. Le film sera suivi d’un débat, avec la collaboration du Parc Naturel des Vosges du Nord