La surpêche videra les océans d'ici 2050 selon WWF
Selon le WWF, d'ici 2050 la surpêche aura en grande partie décimé les réserves de poissons. Pour y remédier, l'ONG propose un guide pour repenser sa consommation.
Du 20 au 26 février 2017 se tenait la semaine internationale de la pêche responsable. L'occasion de revenir sur une situation loin d'être rose. Car selon le World Wide Fund, les poissons pourraient bien se faire très discrets dans nos océans à partir de 2050. "Tout l'enjeu est de montrer notre impact sur la sécurité alimentaire des océans et des pays en voie de développement" explique Selim Azzi, chargé de projet pêche durable au WWF.
Pour environ 800 millions de personnes, le poisson constitue leur premier apport en protéine
L'organisation non gouvernementale a mis en lumière des travaux scientifiques de l’Université de Kiel qui établissent un rapport déterminant l’état des océans d’ici 2050. Chaque année, pas moins de 82 millions de tonnes sont pêchées, soit 4 fois plus qu'en 1950. Aujourd’hui, 93% des stocks en méditerranée sont surexploités et 31% à l’échelle de la planète. La pêche illégale, comme le non-respect des quotas, représenterait 30% de la totalité, soit 26 millions de tonnes. Rien qu’en France, la consommation de poisson culmine à 35 kg par an et par habitant, dont 24 kg importés. Alors que la moyenne nationale était de 9 kg en 1950. Dans les pays européens, elle grimpe à 20 kg. Avec une population mondiale toujours croissante, "au vue de la consommation actuelle, ça ne laisse que très peu de marge d’ici 2050." précise Selim Azzi.
Les premiers à en pâtir seraient les régions pauvres du globe. Par exemple, les pays méditerranéens de l’UE importent 85% de leur consommation. Alors même que certains d'entre eux, comme la France, disposent de ressources halieutiques. L'ONG rappelle que pour environ 800 millions de personnes, le poisson constitue leur premier apport en protéine, sans possibilité de ressources alternatives. " Les pays développés, auront toujours du poisson dans leurs assiettes. Mais certains pays africains par exemple éprouveront des difficultés à se nourrir, car nous pêchons de plus en plus dans ces zones où ils ne disposent pas des technologies pour exploiter leurs richesses." explique Selim Azzi.
Qui connaît le poisson lapin ?
Le WWF avance donc quelques idées pour lutter contre cette échéance. Il s'agit d'abord de limiter sa consommation en revenant à environ 12 kg par an et par tête. Puis de mieux consommer en privilégiant certains produits. Comme ceux étiquetés des labels Certified sustainable seafood (MSC), Farmed Responsibly ASC ou bio. Il s'agit aussi de s’abstenir de manger de jeunes poissons pour leur laisser le temps de procréer, ou de privilégier les proies plutôt que les prédateurs qui se multiplient plus lentement. Les périodes de reproductions justement, doivent être respectées. Alors que ces moments sont privilégiés des pêcheurs en raison de prises plus importantes. La crevette carmote par exemple, star des apéritifs, ne devrait pas être capturée entre juin et octobre, alors qu'elle porte ses œufs, rappelle l'ONG.
Un autre point consiste à limiter sa consommation de certains poissons "On travaille avec de grandes enseignes pour les amener à faire des efforts en vendant d'autres spécimens. Par exemple, plutôt que de manger du thon albacore, préférer le thon listao", propose Selim Azzi. Car si ce dernier demeure le plus pêché au monde, ses stocks se portent plutôt bien. Un raisonnement valable pour nombre d'espèces. Qui connait le poisson lapin ? Pourtant présent en abondance en mer méditerranée, il ne remplit que rarement nos estomacs. Ou encore le mulet, qui peut se substituer au bar, largement victime de la surpêche."Le but de cette démarche consiste à laisser le temps aux stocks de se reconstituer. Pour cela, il faut rééduquer les consommateurs sur la réalité des espèces" poursuit Selim Azzi.
De façon à s'y retrouver, le WWF propose sur son site un guide de consommation détaillé des produits de la mer. De nombreux poissons y sont désignés d'un ou plusieurs macarons qui renseignent leur situation actuelle. 1 bleu pour les produits certifiés MSC, ASC ou Bio, un vert pour les espèces à privilégier, un jaune pour celles à consommer avec modération et un rouge pour d'autres à éviter. Tout cela en fonction des différentes zones géographiques où elles évoluent.
Selim Azzi rappelle que ne plus se nourrir de poissons menacés ne constitue en rien une contrainte. Cela permet au contraire de diversifier sa consommation et de découvrir de nouvelles saveurs. Même s'il le concède, il faut d'abord passer par une case apprentissage assez fastidieuse : "Ce code couleur nous l'avons mis en place pour simplifier au maximum. Mais on est conscient que ce n’est pas facile de réapprendre à consommer, mais aussi à cuisiner, pour être certain de ce qu'on achète, en se renseignant auprès de son poissonnier par exemple..." Pour motiver les troupes, la WWF partage même quelques idées de recettes...
Sciences et Avenir (5 mars 2017)
Encore quelques chiffres alarmants qui devraient couper l'envie de manger du poisson... (voir le diaporama ci-dessous);