Être végane, un nouvel « acte politique »

Publié le par Jean-Louis Schmitt

Ultra-minoritaires en nombre dans la population française, les militants animalistes infusent plus largement leurs idées dans la société. L’écrivain Martin Page raconte son quotidien sans viande, lait ni œuf.

L’association «269 Life France» milite pour la cause animale. Photo AFP

L’association «269 Life France» milite pour la cause animale. Photo AFP

Ils sont moins de 1 % de la population française, mais leurs idées s’installent : les « véganes » ne mangent aucun produit d’origine animale – comme les végétaliens – mais ils refusent aussi de consommer quoi que ce soit d’animal (miel, cuir, laine…). Popularisé en France par, notamment, les actions de l’association L214, leur combat trouve un nouvel écho à travers des restaurants et des blogs de recettes de cuisine 100 % végétales (1). Et dans « Les Animaux ne sont pas comestibles », l’écrivain Martin Page (2) détaille son quotidien végane.

C’est un acte militant 

« Être végane est un acte politique, militant. Le véganisme c’est refuser de consommer des produits issus des animaux ou de leur exploitation et se battre pour leur libération », explique l’auteur.

Ce n’est pas facile

« Le jour où je suis devenu végane, je n’imaginais pas toutes les conséquences. J’aimais beaucoup la viande, le fromage, les œufs. J’ai dû revoir toutes les bases de mes recettes, réapprendre à cuisiner, acquérir de nouveaux réflexes comme, pour la béchamel, remplacer le beurre par de l’huile végétale et le lait par du lait végétal », raconte-t-il. Trouver des produits sans lien avec les animaux n’est pas toujours facile. Avec parfois des impossibilités qu’il faut accepter : « On ne peut pas éviter de se faire vacciner, même si les vaccins ont été testés sur des animaux. »

Cela ne se fait pas à la légère

« La transition alimentaire ne peut pas se faire à la légère. Refuser les protéines animales implique de réfléchir à son équilibre nutritionnel. C’est une démarche complexe. Il faut notamment penser à prendre de la vitamine B12 une fois par semaine, sous la forme d’un comprimé sous la langue pour pallier les carences. Et penser à l’équilibre de ce que l’on cuisine dans son assiette », précise Martin Page.

C’est appartenir à une communauté

Les véganes forment un « mouvement » qui regroupe des associations (L214 ; 269 Life France…), des individus qui se nourrissent de penseurs comme Carol J. Adams et Peter Singer, et des people (Bill Clinton, Serena Williams, Ellen Page, James Cameron…). La communauté partage un vocabulaire (« carniste » pour désigner quelqu’un qui mange de la viande, « sentience » pour la capacité qu’ont les animaux à éprouver des choses subjectivement, ou « abolitionnisme » pour la lutte pour l’abolition de toutes les formes d’exploitation des animaux).

Mais la communauté n’est pas homogène et se divise aussi parfois : sur la critique (ou non) des « simples » végétariens, sur la possibilité de manger des huîtres qui ne sont pas des êtres « sentients » ou sur les manières de militer pour la cause animale...

(1) www.100-vegetal.com ; antigonexxi.com

(2) Édité chez Robert Laffont.

La consommation de viande diminue

Depuis 1998, la consommation de viande en France diminue. « Les végétariens et véganes restent minoritaires, même si leur nombre progresse chez les jeunes. En revanche, il y a de plus en plus de ‘’flexitariens‘’, qui mangent moins de viande et privilégient la qualité à la quantité. Les classes aisées, notamment, essaient de se différencier socialement en étant plus sensible à l’environnement. Et le marché des substituts de viande connaît un certain succès depuis dix ans avec notamment le tofu et les steaks végétaux », explique Jean-François Hocquette, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), spécialiste des productions animales.

Action de l'Association 269 Life France. DR
Action de l'Association 269 Life France. DR

Action de l'Association 269 Life France. DR

Publié dans Bidoche

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